À peine installé, déjà contesté. Une semaine après avoir pris le pouvoir, le Conseil militaire de transition (CMT) est dans la tourmente. Dès le coup de force ce ce dernier après la mort d’Idriss Déby, l’opposition dénonçait un “coup d’État” et appelait à manifester ce 27 avril. Malgré l’interdiction des rassemblements annoncée la veille par l’armée, les rues de la capitale ont résonné de “bruits de couvercles, de marmites et de sifflets” tandis que l’hymne national était entendu dans les cortèges, raconte Le Journal du Tchad.
Les autorités ont quant à elles usé de renforts pour contenir la foule en colère. Plusieurs manifestants ont été blessés et au moins deux personnes sont mortes, selon un premier bilan diffusé par le parquet en fin de journée. Le site burkinabé Le Faso.net rapportait dans l’après-midi :
“La police, appuyée par des militaires, essaie de disperser les manifestants à coups de gaz lacrymogène et de balles réelles.”
Rendre le pouvoir aux civils
Les protestataires accusent les quinze généraux du Conseil militaire de transition de perpétrer une “monarchie au Tchad”, poursuit le site burkinabé. Ce n’est autre que l’un des fils d’Idriss Déby, Mahamat Idriss Déby – déjà bien installé dans les coulisses du Palais rose, à la tête de la direction des renseignements – qui s’est imposé en homme fort du pays.
Les militaires avaient pourtant tenté de calmer la grogne avec la nomination, le lundi 26 avril, d’Albert Pahimi Padacké comme Premier ministre du gouvernement de transition. Si l’homme se présente comme étant dans l’opposition, les Tchadiens n’oublient pas qu’il a aussi été le dernier Premier ministre d’Idriss Déby entre 2016 et 2018, avant que la fonction ne soit supprimée. Une manœuvre qui n’a en réalité fait qu’attiser les tensions, estime le site d’information guinéen Le Djely :
“Les soldats au pouvoir et leurs mentors auront jugé qu’il [le nouveau Premier ministre] réunit le critère consensuel requis pour la circonstance. Mais une frange importante de l’opposition dénonce les trop grands rôles que les militaires s’attribuent déjà.”
La junte militaire a beau promettre d’organiser des élections libres et démocratiques d’ici dix-huit mois, elle reste perçue comme le prolongement du pouvoir d’Idriss Itno Déby, autocrate à la tête de l’État pendant trente ans.
Pauline Le Troquier
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