En Égypte, les débats autour des questions liées aux droits des femmes sont souvent enflammés.
Le 21 juin, la très influente institution religieuse sunnite Al-Azhar, dont les prescriptions font autorité en Égypte ainsi que dans l’ensemble du monde arabe, “s’est efforcée de corriger certains malentendus autour de la position de l’islam sur le viol conjugal”, écrit Raseef22.
Le sujet, poursuit le site panarabe, a récemment “agité l’opinion publique égyptienne”.
Dans une vidéo postée sur son compte Instagram le 18 juin (voir ci-dessous), la créatrice de mode égyptienne Nada Adel a accusé de viol conjugal son ex-mari, le chanteur et réalisateur Tameem Younes, qui a balayé ces accusations, selon le site Daraj.
Dans cette vidéo, rapporte le site égyptien Egyptian Streets, Nada Adel “a expliqué qu’elle entendait par là provoquer un débat sur le sujet, dans l’espoir qu’il catalyse des changements juridiques et, en particulier, à terme, la pénalisation du viol conjugal”.
La loi et la charia
Comme le rappelle Daraj, “la loi égyptienne ne définit pas explicitement le viol conjugal comme un crime”. “Aucune disposition du Code pénal ne définit le viol conjugal. Il n’est donc pas considéré comme un crime, puisqu’un principe constitutionnel précise que tout crime et toute sanction doivent être prévus par un texte légal”, renchérit le site Egypt Today, citant un extrait d’un rapport de l’ONU sur le sujet.
La polémique s’est enflammée après la réaction sur Twitter d’un expert en affaires islamiques, cheikh Abdullah Rushdy.
“Des individus occidentalisés continuent de promouvoir un prétendu crime de viol conjugal ! Il est interdit à la femme de se refuser à son époux… et la femme qui fait cela est maudite, et son mari a pour cela le droit de la corriger après l’avoir sermonnée et abandonnée. Elle peut réagir, qu’elle le fasse, mais si elle refuse elle doit rendre sa dot et subir le divorce.”
Egypt Today rappelle que Rushdy, qui a reçu une volée de bois vert sur les réseaux sociaux, avait déjà exprimé cette position lorsque cette question avait été soulevée par une série égyptienne diffusée pendant le ramadan, Le Jeu de Newton, qui montrait une scène de violence conjugale.
Interprétation
Cet avis, qu’ont exprimé d’autres prédicateurs religieux, est basé sur un hadîth coranique qui dit, en substance, que si une épouse se refuse à son mari, “les anges la maudiront”, explique Raseef22.
Al-Azhar a donc expliqué l’hadîth en question. Selon le site d’information égyptien Eg24News, si la loi islamique “interdit bien à l’épouse de se refuser à son époux sans motif valable”, rien ne dit dans cet hadîth qu’“il serait permis de s’en prendre physiquement ou psychologiquement à l’épouse”.
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