Le bilan des années au pouvoir des talibans en Afghanistan est connu et désastreux. Malgré les déclarations récentes de leurs chefs, on ne peut que craindre le pire pour les populations civiles, c’est-à-dire des violations très graves et systématiques des droits humains, notamment des châtiments cruels, inhumains et dégradants liés à l’application de la charia, et une épuration brutale de tous ceux et de toutes celles soupçonnés de ne pas adhérer à leur idéologie.
Il y a donc urgence absolue. Au-delà du plan d’évacuation des ressortissants français, nous attendons du président Macron qu’il annonce que la France et l’Europe vont tenter de sauver le plus de vies possible parmi toutes les personnes aujourd’hui directement menacées : toutes celles qui seront immanquablement soupçonnées d’avoir « collaboré » avec l’Occident, comme les interprètes, mais aussi des défenseurs des droits humains, des journalistes, des universitaires, des femmes qui ont pris des responsabilités, des personnels du monde de la culture et des personnes LGBTI+. Il faut mettre en place un plan d’évacuation immédiat à la hauteur de la situation actuelle, dramatique et urgente pour ces personnes.
Nous saluons la décision de la France d’avoir cessé de renvoyer des ressortissants afghans dans leur pays depuis plusieurs semaines. Mais nous demandons aujourd’hui au président Macron et au gouvernement français de mettre en œuvre une politique d’accueil adaptée à la gravité de la situation, avec l’octroi de visas humanitaires, l’admission temporaire des demandeurs et demandeuses d’asile afghans et un réexamen des demandes précédemment rejetées. Les États doivent accélérer la réinstallation des Afghans en attente d’un asile sûr et durable. D’autres pays européens comme la Belgique, le Danemark ou l’Autriche continuaient à renvoyer des Afghans vers leur pays ces derniers jours, malgré l’aggravation rapide de la situation. La France doit peser de tout son poids pour qu’une position claire et commune à tous les États de l’Union européenne soit adoptée. Cette position doit inclure l’instauration d’un moratoire sur les renvois vers l’Afghanistan et vers des pays tiers comme la Turquie qui risqueraient de poursuivre ces renvois.
Plus que jamais, la politique d’accueil de la France et de l’Europe doit être digne de leurs engagements en matière de droits humains.
Amnesty International (France)