D’un côté, 8,5 millions d’euros pour Noël Forgeard ; de l’autre, entre 2,82 et 10 euros de prime de participation pour les 25 000 salariés d’Airbus France... L’annonce du montant de la prime de participation a été vécue, par tous les salariés d’Airbus, comme une véritable provocation. Cette annonce a reçu la réponse qu’elle méritait : mercredi 25 avril, les salariés de l’équipe de nuit de l’établissement de Toulouse ont débrayé et un mouvement spontané de grève a démarré. Toute la chaîne d’assemblage final de l’A-340 s’est arrêtée. Malgré les tentatives du délégué syndical de Force ouvrière (FO, syndicat majoritaire) de faire reprendre le boulot, les salariés ont tenu bon et sont allés faire débrayer la peinture, les essais en vol et la chaîne d’assemblage de l’A-320, distante de plusieurs kilomètres. Entre 300 et 400 salariés se sont retrouvés sous les fenêtres des ressources humaines, où une délégation a été reçue. Les DRH ont dit qu’ils prenaient en considération leur demande et que des négociations salariales allaient être mises en place. Il n’en fallait pas plus pour que les responsables syndicaux disent que c’était positif et qu’il fallait retourner travailler.
Le lendemain, sur la chaîne A-340, un cadre de la direction a fait le tour des postes pour « discuter » et, surtout, pour expliquer que le message de la veille avait bien été reçu par la direction, mais que, désormais, il fallait attendre les négociations et travailler. Personne n’a travaillé et, finalement, il a été décidé d’arrêter le boulot pour de bon, malgré les efforts des délégués de FO. Finalement, ils ont pris le train en marche et ont accompagné les salariés devant l’antenne locale des ressources humaines. La délégation, reçue par des cadres bien mal à l’aise pour justifier le montant de la prime de participation, s’est vue dire que des contrats de travail comme celui de Forgeard n’étaient plus signés. Finalement, même conclusion que la veille de la part du responsable FO : laissez-nous négocier et retournez travailler... Dans le même temps, d’autres débrayages avaient lieu dans l’usine Saint-Éloi, située dans le centre de Toulouse, FO se gardant bien d’organiser réellement la lutte.
Sur Toulouse, personne ne se sent pour passer au-dessus de FO, principal obstacle à la mobilisation. Sur Saint-Nazaire et Nantes, c’est le lendemain, vendredi 29 avril, que les salariés ont décidé d’une grève reconductible avec, comme revendication, une prime exceptionnelle de 3 000 euros et 5 % d’augmentation. Vendredi 4 mai, les salariés, organisés en coordination, tenaient bon, malgré l’opposition des syndicats majoritaires. Pour le moment, la direction propose une prime exceptionnelle de 500 euros et une augmentation de 1,5 % au 1er juin. Inutile de dire que c’est loin du compte, mais les salariés de Saint-Nazaire et de Nantes montrent la voie.