Les images ont glacé tout le pays. On y voit les corps de plusieurs fermiers, sans vie, gisant sur le bas-côté d’une route. Les victimes ont été renversées dimanche 3 octobre lors d’une manifestation paysanne qui a viré à la tragédie dans le district de Lakhimpur Kheri, dans l’État de l’Uttar Pradesh.
Selon New Delhi Television, le drame serait survenu alors qu’un groupe de manifestants aurait “tenté de bloquer” le convoi d’un secrétaire d’État rattaché au ministère de l’Intérieur, Ajay Kumar Mishra, issu des rangs du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi. Les agriculteurs affirment que le fils de ce secrétaire d’État, Ashish Mishra, se trouvait au volant de “l’un des trois véhicules qui a foncé sur les manifestants”, mettant le feu aux poudres.
“À la suite de cet incident, des agriculteurs en colère ont incendié et vandalisé les véhicules des dirigeants du BJP”, écrit The Hindu, ce qui a entraîné la mort de quatre personnes dans le camp du ministre, portant le total des victimes à huit. Ajay Kumar Mishra affirme quant à lui que son fils “ne se trouvait pas à l’endroit où les agriculteurs ont été tués”. Une plainte pour meurtre a néanmoins été déposée contre lui.
Internet mobile suspendu
“Plusieurs leaders d’opposition ont été empêchés de se rendre à Lakhimpur Kheri”, écrit New Delhi Television, soulignant la “tournure politique” qu’a pris ce drame alors que les habitants de cet État se rendront aux urnes pour renouveler l’exécutif local début d’année prochaine.
Priyanka Gandhi Vadra, secrétaire générale du parti du Congrès a notamment tenté de se rendre sur place mais elle a “été arrêté au petit jour lundi alors qu’elle se trouvait sur la route de Lakhimpur Kheri”, rapporte New Delhi Television. “Si nous pouvons être arrêtés, alors pourquoi n’est-ce pas le cas du fils du ministre accusé de meurtre ?”, a fait valoir la dirigeante d’opposition dans une interview exclusive à la chaîne.
“L’Internet mobile a été suspendu à plusieurs endroits dans le district frappé par les violences” et les rassemblements de plus de quatre personnes y ont été interdits.
Contestation sans précédent
Pour tenter d’apaiser les tensions, le gouvernement de l’Uttar Pradesh a annoncé lundi qu’il fournirait une “assistance financière” de plus de 50 000 euros ainsi qu’un “emploi dans la fonction publique à la famille des quatre paysans tués “, écrit le quotidien The Indian Express. “Un juge à la retraite enquêtera sur les violences”, poursuit le journal.
Les paysans indiens manifestent sans relâche depuis plus d’un an contre la libéralisation de leur secteur. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, jamais Narendra Modi n’avait dû faire face à une contestation de telle ampleur.
Courrier International
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