Dans la nuit du 14 au 15 octobre, les travailleurs des usines John Deere sont entrés en grève dans le Midwest américain, une première depuis trente-cinq ans pour le géant mondial du matériel agricole, souligne Quartz. Les syndicats de la marque aux tracteurs vert et jaune protestent contre un accord d’entreprise qui devait augmenter les salaires et les retraites des employés actuels tout en transformant le régime d’épargne-retraite des futures embauches.
L’année promet d’être “immensément rentable” pour la société, et les salariés estiment que les augmentations ne sont pas à la hauteur des bénéfices réalisés. John Deere s’attend à gagner environ 5 milliards d’euros, soit une hausse de 63 % par rapport au record atteint l’année précédente. La grève survient “au milieu d’une vague d’activisme des travailleurs dans les secteurs de la fabrication, de la santé et du divertissement aux États-Unis”, remarque le site d’information américain.
Augmentations inéquitables
L’accord rejeté par les travailleurs prévoyait des augmentations immédiates de 5 % ou 6 %, ainsi que des augmentations de 3 % pour 2023 et 2025, détaille Quartz. Des chiffres qui semblent “dérisoires” par rapport à la dernière augmentation salariale du PDG, John May. Ce dernier a touché près de 14 millions d’euros en 2020, soit une augmentation de 160 % par rapport à 2019.
“Ils ont oublié depuis longtemps qui fait vraiment le travail”, dénonce Diana Swartz, une ouvrière de montage chez John Deere, dont le salaire horaire devait augmenter d’à peine 6 centimes d’euros d’après les règles de l’accord rejeté. Or la pandémie a fait prendre conscience aux travailleurs qu’ils étaient “essentiels”, remarque le site d’information.
Symbole de cette prise de conscience, le hashtag ##Striketober s’est mis à circuler sur les réseaux sociaux ce mois d’octobre, relayé notamment par la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Il vante le vaste mouvement de grèves engagé à travers le pays, en particulier ceux du réseau de soins de santé Kaiser Permanente, du céréalier Kellogg’s ou de la Northwest Carpenters Union.
#Striketober coming in hot 🔥
After years of being underserved and taken for granted - & doubly so during the pandemic - workers are starting to authorize strikes across the country : from @IATSE production workers to @UAW John Deere & @BCTGM Kellogg workers,& many more.
Good.💪🏽 https://t.co/jkgfCfXSwt
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) October 14, 2021
“Nous vivons une période où les employés ont la possibilité de demander des augmentations de salaire, d’exiger davantage”, constate Paul Frymer, professeur à l’université de Princeton, spécialisé dans les questions de travail. Au sortir de la crise du Covid-19, les États-Unis ont enregistré un nombre record de 10,9 millions d’offres d’emploi en septembre et de grands employeurs tels qu’Amazon ont augmenté les salaires pour attirer des candidats.
Quartz
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