Réseau « Sortir du nucléaire »
Fédération de 776 associations
http://www.sortirdunucleaire.fr
Communiqué du vendredi 18 mai 2007
(+ dépêche AFP en fin de mail reprenant notre position)
Ecologie : M. Juppé a tout à prouver
En premier lieu : M. Juppé doit faire abroger,
AVANT la tenue du « Grenelle de l’environnement »,
le décret de création du réacteur nucléaire EPR
Le Réseau « Sortir du nucléaire » se déclare très sceptique concernant la nomination de M. Alain Juppé à la tête d’un grand ministère chargé, entre autre, de l’écologie.
Certes, M. Juppé prétend avoir pris conscience de l’importance des questions environnementales, mais il semble encore bien loin d’avoir compris qu’il est nécessaire de rompre enfin, et au plus vite, avec les politiques économiques et industrielles du siècle dernier.
Alors que le nucléaire (civil et militaire) et le réchauffement climatique menacent directement l’avenir de la planète, M Juppé soutient des projets que, pour protéger l’environnement, il convient au contraire de combattre comme par exemple :
– la construction du réacteur nucléaire EPR, prévu par EDF à Flamanville (Manche) (*)
– la construction, en cours près de Bordeaux, du Laser Mégajoule, installation prévue pour mettre au point une nouvelle génération de bombes atomiques (**)
– le projet de contournement autoroutier de Bordeaux : une autoroute qui démultiplierait le transport routier et transpercerait les vignobles du Médoc.
M. Juppé fait aussi l’apologie de la voiture électrique en oubliant que, si ses batteries sont rechargées avec de l’électricité d’origine nucléaire, un tel véhicule est responsable des tares de l’industrie atomique (risques, déchets radioactifs, prolifération, etc).
Par ailleurs, M. Juppé est aussi défaillant sur le plan démocratique, comme le montre l’adoption récente par le maire de Bordeaux d’une « Charte de l’écologie urbaine » produite de façon technocratique sans la moindre concertation de la population qui n’a découvert ce document qu’après son adoption.
En conclusion, le Réseau « Sortir du nucléaire » estime que M Juppé doit donner des preuves de sa prise de conscience sur les questions environnementales. La première décision à prendre, la plus à même d’avérer une telle évolution, est incontestablement l’abrogation du décret autorisant EDF à construire le réacteur nucléaire EPR.
Contact presse : 06.64.100.333
(*) Par exemple, dans son livre « Lettres d’un voyageur », M. Juppé dernier évoque « la nécessité de mettre en œuvre un nouveau programme électronucléaire » (cf http://www.al1jup.com/viewReac.php?id=288 )
(**) Par exemple ici : http://www.u-bordeaux1.fr/Colloque-Sciences/Actes1.pdf
(***) M. Juppé a souvent prétendu qu’il y avait « la nécessité d’un grand contournement autoroutier de Bordeaux » (Voir par exemple http://www.asmp.fr/travaux/communications/2002/juppe.htm )
Agence France Presse (AFP) du 18.05.07
Nomination d’Alain Juppé : « un ministère transversal » salué (réactions)
AFP
La nomination d’Alain Juppé, ministre d’Etat chargé de l’Ecologie, du développement et de l’aménagement durables, répond au « besoin de transversalité », estiment vendredi experts et ONG, à l’exception des militants antinucléaire qui se disent « sceptiques ».
« Son autorité et son poids politique permettront de concrétiser cette intégration », a indiqué à l’AFP Serge Lepeltier, ancien ministre de l’Environnement du gouvernement Raffarin (2004-2005), qui note également que pour « la première fois, l’écologie apparaît au premier niveau gouvernemental ».
« Son premier titre est l’Ecologie, ce qui n’était pas prévu au départ », a-t-il souligné. Pour Jean-Marc Jancovici, expert climat-énergie du comité de veille écologique de la fondation Nicolas Hulot, « même s’il n’a pas le titre de vice-Premier ministre chargé du développement durable, prôné par le Pacte écologique, c’est ce qui pouvait le plus s’en rapprocher ». « Alain Juppé a très bien compris en quoi il avait une fonction transversale au sein du gouvernement. Il faudra mettre en place un vrai mécanisme afin que son ministère puisse évaluer les projets (publics) avant adoption », a indiqué à l’AFP M. Jancovici, qui « espère » également la tenue d’un « séminaire gouvernemental permettant à chaque ministre de prendre la mesure des enjeux et du rôle qu’il aura à jouer ».
La fédération France Nature Environnement (FNE, 3.000 associations) se déclare « convaincue que le nouveau ministre peut renforcer les moyens et l’autorité de l’administration de l’Ecologie ». La FNE, dans un communiqué, précise qu’elle « entend travailler de manière constructive et vigilante avec le nouveau ministre ».
Le Réseau Sortir du nucléaire (RSN), à l’inverse, se déclare « sceptique » et juge que M. Juppé a « tout à prouver » : « il semble loin d’avoir compris qu’il est nécessaire de rompre enfin et au plus vite avec les politiques économiques et industrielles du siècle dernier », écrit-il dans un communiqué. RSN prévient qu’il refusera de participer au « Grenelle de l’environnement » prévu par le président Nicolas Sarkozy à l’automne avec les ONG « si le décret de création du réacteur nucléaire EPR (dans la Manche) n’est pas préalablement abrogé ».