Ces dernières semaines, il “brillait par son absence”, rappelle le New York Times. L’ex-président kazakh Noursoultan Nazarbaïev s’est exprimé mardi 18 janvier dans une vidéo au sujet du mouvement de protestation qui agite le pays depuis le 5 janvier. Si les manifestations ont à l’origine éclaté en raison de la hausse du prix du gaz naturel liquéfié (GNL), la colère des manifestants visait aussi les instances dirigeantes du pays, qu’ils accusaient d’être toujours contrôlées officieusement par l’ancien chef de l’État.
M. Nazarbaïev est “largement considéré comme l’artisan d’un régime caractérisé par le népotisme et la corruption, n’ayant permis l’enrichissement que d’une poignée de puissants hommes d’affaires au Kazakhstan”, précise le quotidien américain. S’il s’est officiellement retiré du pouvoir en 2019 pour laisser sa place au dirigeant actuel, Kassym-Jomart Tokaïev, il conservait jusque récemment une grande influence sur la vie politique, à la tête notamment du parti au pouvoir, Nour Otan (“Lumière de la patrie”), et du Comité de sécurité du pays. Depuis début janvier, précise le journal, les protestataires kazakhs scandaient “Shal ket !” (“Dehors, le vieux !”) et demandaient son retrait effectif du pouvoir.
“Je ne suis parti nulle part”
Dans sa vidéo, l’ex-dirigeant a assuré que son successeur avait “tous les pouvoirs”. Selon lui, l’idée qu’il y aurait eu une “confrontation au sein de l’élite” relève de “rumeurs sans fondements”. “Je ne suis qu’un retraité, a-t-il affirmé, et je me trouve actuellement en repos bien mérité dans la capitale du Kazakhstan. Je ne suis parti nulle part.”
La vidéo, sous-titrée en anglais par le New York Times :
Dans cette déclaration, l’ancien dirigeant déclare également soutenir les réformes conduites par Kassym-Jomart Tokaïev, qui l’a pourtant destitué de la plupart de ses fonctions pour calmer le mécontentement de la population. Quant aux manifestations, il les décrit comme “des attaques contre le Kazakhstan” dont l’objectif serait de “détruire l’intégrité du pays et les fondements de l’État”.
Il reprend là la ligne officielle du pouvoir kazakh, qui accuse des terroristes islamistes et des combattants étrangers d’avoir instrumentalisé la mobilisation. Aucune preuve n’a cependant été apportée à ce sujet, ce qui fait dire à certains journaux étrangers, tels The Diplomat, aux États-Unis, que le gouvernement tient ce discours pour justifier la mort de plusieurs dizaines de manifestants, abattus par les forces de l’ordre. Plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie lors des émeutes, et des milliers d’autres ont été blessées.
The New York Times
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