Deux mois jour pour jour avant les élections du 9 mai, la campagne officielle commence aux Philippines. Une campagne qui ne ressemblera à nulle autre du fait des restrictions liées au Covid-19, souligne le site Rappler. Plus de 65 millions d’électeurs se rendront aux urnes pour choisir non seulement le président du pays, le vice-président, deux postes élus indépendamment l’un de l’autre, mais également les sénateurs et des représentants aux institutions locales.
Cinq tandems se font face pour les deux principaux postes. Parmi les candidats, on trouve notamment l’ancien champion de boxe Manny Pacquaio et un ancien chef de la police, Panfilo Lacson.
Le tandem formé par Ferdinand “Bongbong” Marcos Jr. et Sara Duterte-Carpio, respectivement candidats au poste de président et de vice-président, est “en tête des intentions de vote”, explique le Philippine Daily Inquirer.
“Ils lanceront leur campagne depuis la Philippine Arena, le plus grand stade couvert du monde”, doté d’une capacité de 55 000 places et situé à 30 kilomètres au nord de Manille. Afin de respecter les règles de distanciation sociale dans cette période de Covid-19, l’événement sera ouvert aux seuls détenteurs de billet, a détaillé le porte-parole de la campagne de Marcos.
Éviter les débats
Plus de trente-cinq ans après la fin de la dictature de son père, Ferdinand Marcos, qui régna de manière autoritaire de 1962 à 1986, “Bongbong” Marcos promet aux électeurs d’unifier le pays. En s’associant à la fille du président sortant, Rodrigo Duterte, Sara Duterte-Carpio, réussira-t-il à séduire à la fois les nostalgiques de l’ère de son père et les partisans du président sortant ? Rodrigo Duterte n’a pas caché, durant sa présidence, son admiration pour l’ancien dictateur (1917-1989), plaidant notamment pour le transfert de sa dépouille dans le cimetière des héros, un geste qui avait suscité l’ire des anciennes victimes du dictateur et de leurs proches..
Mais, souligne le quotidien, la commission électorale doit décider si le fait pour le candidat “Bongbong” Marcos Jr. d’avoir été condamné dans un dossier d’évasion fiscale il y a dix ans le disqualifie.
“Confiant dans les sondages, le candidat Marcos évite toujours les principales interviews. Reste à voir combien de temps cela peut durer”, relève Philippine Star. Ainsi, note Rappler, le candidat a refusé de participer à un débat avec les autres candidats qui s’est tenu le 4 février dernier.
Selon le site Internet, en janvier, il avait déjà refusé une invitation à débattre dans le cadre de l’émission de la journaliste Jessica Soho, vue comme étant “biaisée contre la famille Marcos”.
Les fake news au cœur de la campagne
La vice-présidente actuelle, Leni Robredo, se place en deuxième position dans les intentions de vote. Représentante de la classe moyenne, elle est la seule femme dans la course au poste de président. Elle plaide pour un mode de gouvernement sobre et juste. Loin de la nostalgie du passé, des dynasties familiales et des célébrités qui dominent la vie politique aux Philippines.
En 2016, elle l’avait emporté sur Ferdinand “Bongbong” Marcos Jr. au poste de vice-président.
Selon un autre article du Philippine Daily Inquirer, elle souligne que, pour remporter ce nouveau face-à-face, il lui faudra gagner “la bataille de la désinformation”. Car, selon le site de vérification des informations Tsek.ph, Leni Robredo serait la première cible des fausses informations négatives, tandis que “Bongbong” Marcos bénéficierait de messages positifs largement diffusés sur les réseaux sociaux.
Pour Philippine Star, Leni Robredo dispose d’un bon socle de partisans, mais il lui faudra convaincre bien au-delà, en particulier les indécis. Et pour le journal, sa triste prestation lors du débat télévisé du 4 février, réalisé en distanciel, est de mauvais augure. “Elle était mal préparée, même si elle a répondu avec rapidité aux questions. Des problèmes de connexions rendaient inaudibles ses réponses. Son visage était très mal cadré dans l’écran.”
Elle s’est excusée, arguant du fait qu’elle téléphonait depuis l’aéroport, alors qu’elle était en partance pour apporter de l’aide aux victimes du typhon Odette.
Des observateurs étrangers
Pour Rappler, “elle s’est bien sortie de cette mini-crise, prouvant qu’elle sait tenir ses engagements et qu’elle prend ses responsabilités”.
Au vu de “la culture de l’impunité” existant dans le pays, indique dans un autre article le Philippine Star, la Coalition internationale pour les droits de l’homme aux Philippines a annoncé la présence d’observateurs étrangers durant le déroulement du scrutin.
Une décision qui fait suite “à la dégradation alarmante de la situation des droits de l’homme durant la présidence de Rodrigo Duterte ainsi qu’à la persistance de tricherie dans le système électoral”. Une analyse dénoncée par la présidence, qui y voit une campagne de dénigrement contre le gouvernement philippin.
Courrier International
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