Le premier, le plus évident, c’est le clan de kleptocrates criminel·le·s rassemblé autour de Poutine et qui a décidé de mettre l’Ukraine à feu et à sang en poursuivant sa vision du monde fasciste. La lutte armée et civile de l’ensemble de la population ukrainienne contre ce premier adversaire est déjà victorieuse par sa seule existence, et elle commande notre solidarité absolue. Il y a aujourd’hui mille moyens de la lui témoigner, par des dons, par l’accueil d’Ukrainien·ne·s et de Russes en exil, ou par d’autres actions de soutien.
Le deuxième adversaire, ce sont les gouvernements qui, ailleurs dans le monde, ont fait preuve d’une mansuétude coupable à l’égard du pouvoir poutinien ces deux dernières décennies, commerçant avec lui, lui vendant des armes, l’enrichissant — lui et sa clique de ploutocrates qui dépouillent sans vergogne la population depuis leur arrivée au pouvoir — et le confortant dans ses fantasmes de toute-puissance. Si ce régime criminel a pu subsister aussi longtemps, c’est qu’il a existé à son égard au mieux une sorte de laisser-faire, au pire une complicité active. C’est vrai du désastre syrien, dans lequel les puissances occidentales ont laissé faire le boucher de Moscou et son acolyte de Damas, mais ça l’était déjà en Tchétchénie, et à vrai dire ça l’est à l’égard de l’ensemble de la population russe. Dans ce tableau, la Suisse officielle occupe comme à son habitude une place peu reluisante, servant de base arrière complaisante au pouvoir poutinien.
Le troisième adversaire, enfin, ce sont les intellectuel·le·s de salon qui, faisant assaut d’analyses « géopolitiques » foireuses se situant quelque part entre Alain Soral et Georges Marchais, assurent que le vrai responsable de la guerre serait l’OTAN, que la Russie ne ferait que défendre ses intérêts, que d’ailleurs les pays n’auraient que des intérêts, et qu’il est bon qu’un homme fort s’oppose à l’« Empire américain ». Dans ces élucubrations, à nul moment n’apparaissent les acteurs politiques qu’une gauche démocratique tient toujours pour essentiels : les peuples. On se prétend radical·e, mais on fait reposer ses analyses sur les mêmes bases que les publicistes de la droite la plus conservatrice. Ce troisième adversaire est évidemment grotesque, mais il affaiblit la résistance ukrainienne en faisant parfois significativement décroître l’élan de solidarité à son égard, en particulier dans certains secteurs de la gauche.
Ces trois adversaires n’ont ni la même importance, ni bien sûr la même dangerosité, mais il est impératif de les combattre en même temps. Ça tombe bien : chaque action de solidarité en faveur du peuple ukrainien et des opposant·e·s à Poutine les vise tous les trois.
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