La direction de la multinationale France Télécom n’a qu’une seule obsession : verser toujours davantage de dividendes aux actionnaires pour faire remonter le cours de l’action. Et, en conséquence, dégager le maximum de « cash flow », pour reprendre leur jargon, afin d’en verser plus de la moitié aux actionnaires, ce qui représente, pour 2007, la bagatelle de 3,2 milliards d’euros1 ! Cela s’accompagne donc d’une réduction drastique des coûts, à commencer par ceux du personnel. Un emploi disparaît en effet toutes les heures, 22 000 doivent être supprimés en trois ans, le ras-le-bol des salariés est total !
Une politique de licenciements massifs a d’abord été menée hors de France : Pologne, Grande-Bretagne, Irlande, Espagne. La direction a également utilisé à grande échelle la délocalisation des emplois vers les pays à bas salaires (Inde et Égypte en particulier).
La direction s’attaque désormais à la France, avec une annonce de 22 000 suppressions d’emplois en trois ans, qui a déjà provoqué plusieurs grèves dans l’entreprise. Plus de 10 000 empois ont déjà été supprimés en 2006, dernière année du plan de congés de fin de carrière qui permettait des départs anticipés à 55 ans. À lui seul, ce plan a fait disparaître 5 000 emplois par an. Aucun dispositif du même type n’est venu s’y substituer, la nouvelle mode libérale étant à « travailler plus, plus longtemps, pour moins d’argent ».
Les pressions au départ deviennent intolérables : fermetures massives de sites obligeant le personnel à changer d’emploi et de ville, recensement des personnes au poste « pas franchement utile à l’entreprise » (sic), chasse aux prétendus doublons notamment dans l’encadrement, pressions psychologiques nombreuses pour tenter sa chance ailleurs...
L’ensemble des syndicats se sont mis d’accord pour appeler à la grève le 31 mai. SUD proposait au départ une date située avant l’élection présidentielle, mais l’unité a été considérée comme le facteur décisif, et la grève aura finalement lieu le 31 mai.
Elle est précédée de nombreux mouvements de grèves locaux - notamment dans le Sud-Ouest - contre les fermetures de sites, les mobilités forcées, pour le maintien de sites avec plusieurs activités, contre les incessantes restructurations. Dans le même temps, en Allemagne, le syndicat Verdi (la puissante fédération des services dont dépend le secteur des télécommunications) s’engage dans la grève à Deutsche Telekom, après consultation du personnel favorable à 96 %, contre le plan d’externalisation de 50 000 emplois.
Aux télécommunications comme ailleurs, le personnel en a marre de faire les frais des choix spéculatifs, dangereux et ultralibéraux de leurs directions !
Note
1. À titre de comparaison, la masse salariale totale de l’ensemble du personnel du groupe monde, soit environ 200 000 salariés, représente 8,7 milliards d’euros.