L’annonce, le 23 mai dernier, du transfert d’activité de trois sites internes du service clientèle de SFR à la sous-traitance a été brutale pour les salariés : 1 900 sont concernés, soit 25 % de l’effectif de SFR Service client. Selon la direction, ce transfert d’activité à des entreprises plus expertes dans la relation client faciliterait l’évolution professionnelle des salariés. Cette vente est loin d’être une mesure favorable aux salariés, comme aimerait nous le faire croire la direction de SFR, puisque les nouveaux employeurs, Teleperformance et Arvato, sont des entreprises où règnent précarité, flexibilité et salaires au rabais.
Ce changement d’employeur, pour les salariés de SFR, veut surtout dire changement de convention collective, et donc des droits en moins et une baisse de la rémunération d’environ 40 %. Derrière ce transfert, se cache une politique toujours plus brutale pour les salariés. Celle de la recherche absolue de la baisse des coûts et de l’augmentation des profits. Les actionnaires de SFR ne se contentent plus des 1,7 milliard d’euros qu’ils ont empochés l’année dernière, ils en veulent encore plus. Pour eux, les salariés sont encore trop payés et pas assez malléables. Donc, une seule solution : s’en débarrasser, tout en gardant une image d’entreprise « citoyenne », en n’annonçant aucun licenciement.
Mais les salariés ne sont pas dupes et, dès l’annonce de la cession des sites, ils ont décidé de ne pas se laisser faire. Des grèves ont eu lieu spontanément sur tous les sites de SFR, et même sur ceux qui n’étaient pas concernés par les transferts. La mobilisation est très importante (environ 90 % de grévistes) et les luttes prennent, chaque jour, des formes différentes : une grève, un débrayage, des pauses collectives de vingt minutes par jour, la participation des salariés de SFR aux rassemblements des salariés de France Télécom, le 31 mai dernier... Les salariés veulent se faire entendre, c’est pourquoi leur mobilisation se déplace sur Internet via un blog officiel, « SFR en colère », où tout le monde peut se tenir informé. De plus, une manifestation nationale est prévue le 5 juin, devant le siège de SFR.
SFR n’est pas la seule entreprise de télécommunication à appliquer une telle politique. Les salariés de Deutsche Telekom subissent le même sort, et ils sont en grève depuis le 11 mai. France Télécom, SFR, Deutsche Telekom... les problèmes sont communs : suppressions d’emplois pour augmenter les profits. C’est le résultat de l’ouverture des télécoms à la concurrence. Le besoin d’un service public européen des télécommunications est urgent.