Pourquoi ce silence assourdissant ? La septième vague ne menace pas l’économie et les profits. La vaccination et la vague de Ba.1 du printemps vont limiter la mortalité. Le pouvoir, minoritaire, et qui confond depuis le début santé publique avec coercition et amendes, n’a pas envie d’accroitre son impopularité par de nouvelles mesures coercitives. Il ne lui vient pas à l’idée que la santé publique se construit non par la contrainte, mais d’abord par l’information et la participation pour défendre le port du masque dans les lieux clos.
Pas question non plus de relâcher l’austérité à l’hôpital, pas question d’investir dans un grand plan pour la ventilation des bâtiments publics, des Ehpad ou de forcer les patrons à rogner sur leurs profits pour aérer et filtrer cantines d’entreprises, bureaux ou ateliers.
Des milliers de morts évitables
Non la septième vague menace « juste » la vie de milliers de personnes, notamment les plus âgées ou immunodéprimées, résidentEs en EHPAD, dont le rappel vaccinal est maintenant lointain. Le Portugal a connu cette septième vague avec quelques semaines d’avance et 3000 décès. Ce qui annonce 130 000 décès supplémentaires dans l’UE, dont 20 000 pour la France. Une énorme partie de cette mortalité annoncée est évitable !
Après avoir « emmerdé les non-vaccinés », le gouvernement ne fait rien aujourd’hui pour promouvoir et organiser la deuxième dose de rappel. Elle est laissée à l’initiative individuelle, chacunE doit en déterminer la date, s’organiser pour trouver un créneau auprès de son pharmacien ou des médecins de ville débordés. Pas étonnant qu’elle ne décolle pas ! Seuls 25,5% des 60-79 ans éligibles à la seconde dose l’ont reçue.
Plus grave, entre désintérêt gouvernemental et absence de médecins coordinateurs, en EHPAD, la couverture vaccinale pour le deuxième rappel n’est que de 40,6%. Les plus âgéEs, les plus éloignésE de la vaccination, les plus précaires sont une fois de plus abandonnés ! Rien n’est fait non plus contre la sous-utilisation dramatique du paxlovid, une combinaison d’anti-viraux en comprimés, qui réduit de manière significative les risques d’hospitalisation covid.
Crédit Photo : Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Les brevets, encore et toujours
Alors que cette septième vague démontre que nous allons encore vivre longtemps avec le covid et ses variants, le gouvernement français, à la tête de l’Union européenne, a tout fait pour que la douzième conférence ministérielle de l’OMC, du 12 au 17 juin à Genève, accouche d’un accord honteux refusant la levée des brevets covid. Ce seront toujours les trusts qui décideront de faire, ou pas, de nouveaux vaccins efficaces, et que nous attendons toujours, contre les nouveaux variants, et qui décideront des prix qui les rendront inaccessibles aux pays les plus pauvres.
C’est toujours Lily qui décidera que son bebtélovimab, le seul anti-corps monoclonal qui reste efficace contre les variants Ba.4 et Ba.5, ne sera pas commercialisé hors des USA, où il a réussi à imposer son prix de 1,29 milliard de dollars pour 614 000 doses. Faute de commande des gouvernements européens, Lily a décidé de retirer sa demande d’approbation devant l’Agence européenne du médicament !
Profits et inaction seront responsables des morts évitables et des covid longs de cette septième vague !
Frank Prouhet