Haute-Birmanie.– Adossée contre un mur noirci, une femme d’une soixantaine d’années aux traits fins, portant un chapeau et un pull usé, pleure abondamment. Elle est assise à même le sol, au milieu d’un amas de cendres fumantes, de poteaux métalliques, de morceaux de toit en zinc et de bouts de bois carbonisés. Cette photo virale a suscité l’empathie de nombreuses personnes sur Facebook.
Cette femme pleure la perte de sa maison, dans le village de Bin, qui se trouve dans le canton de Min Kin, dans la région centrale de Sagaing, et a été incendié par une colonne de l’armée birmane, la Sit-tat. Fin janvier 2022, près de 100 maisons y ont été détruites par le feu et les 500 habitant·es ont dû fuir.
Depuis mai 2021, des colonnes militaires ont pris position dans les villages du centre du Myanmar, communément appelés « Ah-Nya-Day-Tha ». Des guérillas locales ont alors essayé de défendre les populations contre les violentes fouilles et les atrocités perpétrées par les soldats, mais elles disposaient de ressources très limitées.
Des maisons brûlées par l’armée birmane dans les régions de Sagaing et Magway, au Myanmar. © Photos SSR104 / Visual Rebellion Myanmar
Le 5 mai 2021, le gouvernement d’unité nationale (NUG), formé en réponse au coup d’État du 1er février 2021 perpétré par le général Min Aung Hlaing, a annoncé la création des Forces de défense du peuple (PDF), préfigurant une armée fédérale qui chercherait à rassembler les organisations armées ethniques (EAO) et les groupes de défense civile sous un commandement central, en vue de coordonner les attaques contre l’armée birmane.
Le NUG comprend des parlementaires élu·es lors des élections de 2020, remportées par la Ligue nationale pour la démocratie de Aung San Suu Kyi, des membres de partis ethniques minoritaires et des figures clés des manifestations antiputsch. Tous et toutes vivent dans la clandestinité ou en exil car la junte militaire a déclaré que le NUG était illégal, pourchasse ses représentant·es et leurs familles, et saisit leurs propriétés.
Peu après l’annonce de la création des Forces de défense du peuple, des milliers de jeunes ont abandonné les manifestations pacifiques dans les rues, devenues trop dangereuses, pour suivre un entraînement dans des territoires contrôlés par les EAO, en lutte contre le gouvernement central depuis des décennies, en premier lieu l’Armée d’indépendance kachin (KIA) et l’Union nationale karen (KNU). Puis ils sont revenus dans leurs régions natales pour former des groupes locaux de PDF et ont commencé à riposter. Le 7 septembre 2021, Duwa Lashi La, président par intérim du NUG, a proclamé le droit à l’autodéfense des civils et lancé une « guerre de résistance du peuple ».
Destructions d’habitations
Il existe au moins une centaine de groupes de PDF dans les régions des plaines centrales de Sagaing et Magway, qui se livrent à un nombre grandissant d’assassinats ciblés de personnes liées à la junte militaire. En représailles, celle-ci envoie davantage de renforts afin de contrôler les deux régions rebelles en attaquant les PDF. Mais les soldats se plaisent aussi à brûler les villages, à tuer les civils, à confisquer leurs biens, et ce de façon répétée depuis des mois.
« Lorsque les soldats ont brûlé notre village, nous étions dans un autre village à un peu plus de deux kilomètres de là. Nous pouvions voir la fumée et les flammes dans le ciel. Nous sommes encore sous le choc. Nous ne pouvions pas imaginer que les choses tourneraient aussi mal. C’était si soudain. Je ne reconnais plus ma ville natale. Je ne veux pas que la même situation arrive à d’autres gens », témoigne U Khin.
Carte de localisation" © Infographie Mediapart
Quinquagénaire, U Khin est originaire de Mway Htone, dans le canton de Pale (région de Sagaing). Le 31 janvier 2022, à 20 heures, une colonne militaire d’environ 150 hommes est entrée dans son village et a détruit 173 des 260 habitations. Les villageois·es n’ont pas eu le temps de rassembler leurs biens avant de fuir pour sauver leur peau. Comme la plupart des habitant·es du canton, U Khin cultivait du riz, du maïs, des haricots et des tournesols, et vivait paisiblement avec sa femme et leurs deux enfants adolescents.
Aujourd’hui, il lui est difficile de retourner dans ses champs en raison de l’instabilité qui règne dans la région. Il ne sait pas comment reconstruire sa maison en pleine crise économique et alors que les prix des récoltes s’effondrent.
« Il est impossible de revenir à ce pour quoi j’avais travaillé si dur. Notre maison a été construite par mes ancêtres, et pour en reconstruire une du même type et remplacer tout ce que j’ai perdu, il faudrait 20 ans de labeur », soupire U Khin.
U Khin et sa famille sont revenus dans leur village une semaine après le raid des militaires mais, quatre mois plus tard, ils vivent toujours dans une hutte provisoire faite de murs en bambou et couverte de feuilles de palmier.
15 000 maisons détruites en trois mois
Dix villages de la région, dont Pan, Min, Hlay Kar, Kine Kyun et Chaung Oo, ont été incendiés fin janvier et tous les villageois et villageoises ont dû se réfugier dans la jungle pour leur sécurité. Ceux qui s’y cachent encore veulent rentrer chez eux mais hésitent en raison de la menace que représentent les soldats. Pour leur survie, ils doivent compter sur les denrées fournies par des organisations de secours locales et sur des voisins qui ont encore de quoi partager.
La région de Sagaing compte 5 991 villages dans 34 cantons, dont 26 – parmi lesquels Pale, Ye Oo, Tant-Se, Depayin, Khin Oo, Chaung Oo, Myaung, Myin Mu, Wet Let ou Yin Mar Bin – sont actuellement confrontés à de graves atrocités commises par la junte militaire.
La région de Magway, qui compte 4 788 villages dans 25 cantons, subit le même sort, particulièrement à Myaing, Gangaw, Pauk, Yesagyo, Saw et Pakoku, qui restent les principales cibles d’incendies allumés par les militaires. Le 28 mai 2021, la junte militaire a brûlé trois maisons dans le village de Ye Hla, situé sur la route de Kalay à Gangaw et habité par un millier de personnes, ce qui a marqué le début des raids à Magway. Selon les villageois, les militaires ont été touchés par une attaque de PDF et ont incendié les maisons en représailles lors de leur retraite.
Au 15 septembre 2022, d’après l’Institute for Strategy and Policy, le Myanmar a comptabilisé plus de 36 000 maisons et bâtiments brûlés depuis le coup d’État. 70 % ont été détruits dans la région de Sagaing, selon Data for Myanmar : « La région de Sagaing, la région de Magway et l’État Chin sont les trois endroits les plus touchés puisqu’ils ont perdu respectivement 20 153 maisons, 5 418 maisons et 1 474 maisons au 25 août 2022. La tendance montre qu’en 2022, les mois d’avril, mai et juin ont été les plus intenses [en destructions]. Au total, 15 000 maisons civiles ont été perdues en trois mois. »
Plus d’un million de personnes ont dû fuir
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Unocha) au Myanmar, en octobre 2022, plus de 1,3 million de personnes restent déplacées à l’intérieur du pays dans des camps ou des sites informels, dont un grand nombre de nourrissons et de personnes âgées. Plus d’un million ont fui depuis la prise du pouvoir par les militaires en février 2021, dont 545 000 dans le Sagaing et 102 000 à Magway, où les besoins en aide d’urgence sont absolus.
Les plaines centrales, épargnées par un conflit de grande ampleur au cours des décennies précédentes, sont devenues la cible de l’ire des militaires, en raison des fortes activités de résistance menées dans ces régions depuis le coup d’État.
« Nous donnons autant de nourriture et de médicaments que possible, mais ce n’est pas encore suffisant. Le NUG apporte son aide dans certains domaines, mais l’aide de particulier à particulier reste le système de soutien le plus important », dit un responsable du département administratif du canton de Gangaw, où 680 maisons ont été incendiées dans 18 villages. Le 22 avril 2022, l’administration populaire de Gangaw a annoncé que le NUG lui avait fourni plus de 900 millions de kyats (soit 428 000 euros) pour aider les personnes déplacées par les combats.
Cependant, l’aide humanitaire n’a pas encore atteint tout le monde. Daw Nyo, qui a vécu toute sa vie à Yae Kyaw, dans le canton de Pauk de la division de Magway, a été contrainte de fuir le 6 avril 2022. Cette nuit-là, des soldats de la Sit-tat ont envahi et incendié tout son village, à la recherche de trois de leurs camions disparus. Dans l’obscurité totale, tous les villageois et villageoises ont réussi à s’enfuir dans les contreforts voisins, mais ont dû abandonner leurs biens et vivent depuis dans la forêt.
Maison attaquée dans la région de Sagaing. © Photo SSR104 / Visual Rebellion Myanmar
Dans le canton de Pauk, aucune équipe de secours spécifique n’a été formée pour l’heure, et le soutien des communautés locales et des groupes révolutionnaires reste sporadique. Sanitaires, nourriture, eau potable... Daw Nyo explique que tout manque : « Il n’y a pas autant d’eau à boire que nous en avons besoin. C’est tout juste suffisant pour survivre. Les gens peuvent seulement apporter de l’eau dans des seaux depuis les puits des villages voisins. » Les communautés déplacées évitent de boire l’eau des lacs qui, selon elles, contiennent des particules nocives.
Lors du pic de la saison sèche en avril et mai, les habitant·es des plaines de Magway et de Sagaing ont souffert d’une chaleur extrême, avec des températures atteignant régulièrement 43 °C. Daw Myo dit : « Je me sens apathique et je ne sais pas comment survivre, hormis en restant à l’ombre des arbres pendant tout l’après-midi. Certaines personnes souffrent d’incontinence urinaire ou d’hypertension artérielle quand il fait si chaud. »
Dans une situation politique normale, les personnes âgées et les enfants peuvent se mettre à l’abri et obtenir une assistance médicale. Cette année, la chaleur n’a pas empêché la junte militaire de brûler des centaines de villages, et le feu de la colère dans les cœurs s’est ajouté à la fournaise subie par les corps.
« D’un point de vue géographique, cette partie de la Birmanie est une zone chaude et sèche, soumise à une haute température constante et à un soleil brûlant. Pour faire baisser la chaleur, celle imposée par la nature mais aussi celle provoquée par les militaires, les gens attendent simplement que la dictature militaire soit éradiquée », ajoute Ko Chit Win Maung, du comité de grève du peuple de Magway.
À partir du mois de juin, une saison de mousson particulièrement virulente et des inondations aggravées par le changement climatique sont venues remplacer la sécheresse. « Avec l’arrivée de la saison des pluies, nous avons besoin de médicaments, de nourriture et de vestes imperméables. Nous sommes pauvres et n’avons rien », a déclaré un villageois originaire de Nhan Sar, dans le canton de Myaing. Les cas de dengue et de diarrhée ont déjà augmenté de façon exponentielle dans toutes les zones rurales de Birmanie.
« Le NUG devrait coordonner de toute urgence son action avec les comités de villages et les responsables administratifs des PDF locaux (LPDF), des cantons et des districts pour aider les personnes qui fuient les combats », implore un membre du comité de grève du peuple de Pakokku.
Ko Chit Win Maung ajoute que les souffrances des gens et les destructions violentes commises par la junte devraient être documentées systématiquement afin que les tribunaux puissent juger les responsables : « Les militaires perpétuent depuis longtemps des crimes violents contre le peuple. Nous devons rassembler des preuves pour enfin obtenir justice le moment venu. »
« La junte militaire est diabolique. Aucun être humain ne ferait une telle chose », dit une femme du canton de Myaing, où au moins 8 000 habitant·es des dix villages de Let Yet Ma Taung Pine, Padauk Kan, Nyaung Pin Thar, Myauk Se, Naga Pwut, Le Ti, Ma Gyi Kan, Kan Gyi, Oak Po et Nhan Sar Kyin ont dû être relogé·es.
« La vie est plus importante que tout le reste, alors nous nous sommes échappés pour nous sauver. Nous n’avons pas réagi juste après qu’ils nous ont fait des choses aussi terribles et inhumaines. Mais maintenant nous n’avons plus de patience. Je les hais tellement », insiste-t-elle.
La politique de la terreur
Avant de brûler un village, les troupes militaires accusent la population de « coopérer avec les PDF » et martèlent au haut-parleur que « des PDF vivent dans ce village », notamment lorsqu’elles ont été sévèrement battues dans la région.
Suivant la tactique « Si vous ne pouvez pas battre les souris, brûlez la grange », la junte harcèle les civils parce qu’elle ne peut pas vaincre les PDF, selon une membre du comité de grève populaire de Monywa, haut lieu de la contestation antiputsch dans la région de Sagaing : « Leur principal objectif est d’imposer la terreur. Ils brûlent les maisons et tuent les gens pour les effrayer et les forcer à garder le silence. Ils ne connaissent pas la valeur d’une maison car ils n’en ont pas et vivent dans des bases. Alors, ils détruisent sans réfléchir. »
Malgré la violence de la junte contre les civils, les gens ont pris la décision collective de continuer à se révolter pour éradiquer définitivement la dictature militaire, poursuit-elle : « Ils sont tristes parce qu’ils ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance. Mais leur esprit est toujours fort. Ils n’ont pas peur malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Leurs pertes leur donnent la force de résister. Ils souffrent, mais ils n’abandonnent pas la lutte contre la junte brutale. »
Les soldats de l’armée birmane sont confrontés à une crise parce qu’ils ne savent rien, selon Bo Hmain Tayza, membre d’un groupe de PDF dans le canton de Yesagyo : « Ils ne contrôlent aucune zone entièrement et n’ont aucun soutien de la population. Leurs réseaux de renseignement pour recueillir des informations sur le terrain afin de préparer leurs attaques sont trop faibles. Ils n’ont pas la capacité de mener des opérations militaires et ne peuvent donc pas se battre. Comme ils perdent le soutien de la population locale, nécessaire pour pouvoir gagner la guerre, ils horrifient de manière infantile les civils en brûlant tout sur leur passage. »
Symboles du paysage de Haute-Birmanie, les palmiers et rizières incendiés par la junte militaire précipitent une situation d’insécurité alimentaire nationale, les plaines centrales étant considérées comme le grenier du pays.
Malgré le sentiment de vivre un enfer sur Terre, les habitants de Magway et de Sagaing qui ont pu sauver certaines de leurs possessions, et notamment leurs bijoux en or, continuent à en faire don aux groupes de PDF pour les aider à acheter des armes.
Lors d’une conférence, le 21 juin 2022, l’attaché de presse du NUG a annoncé qu’après neuf mois de guerre, les PDF sous la tutelle du NUG auraient pris le contrôle d’environ 90 % des routes principales de Sagaing et de Magway. Si certains villages et routes frontalières sont en grande partie contrôlés par la résistance, il lui est encore difficile de contrôler les villes.
« Dans de nombreuses zones, les groupes PDF sont en position de domination. Dans le canton de Kani, ils tiennent environ 80 % du territoire mais ils n’arrivent pas encore à contrôler la ville de Kani et les alentours du village de Ye Leng Kyun », détaille un responsable du KLGPDF, une force de défense locale de la région de Sagaing.
Dans une interview, Naw Susanna Hla Hla Soe, ministre des affaires des femmes, des jeunes et des enfants du NUG, affirme : « Aujourd’hui, les militaires ne peuvent contrôler que les grandes villes et mitrailler les campagnes avec des avions de combat. Plus de 50 % du pays sont maintenant contrôlés par les alliés du NUG et les EAO, donc si nous obtenons plus de soutien de la part de la communauté internationale, nous pourrons contrôler l’ensemble du territoire et construire une démocratie fédérale qui ne discrimine aucune religion, race ou croyance, et donner la prospérité au peuple. »
Dans les zones qu’ils contrôlent, les groupes PDF gèrent l’éducation, l’administration publique, la santé et les activités de maintien de l’ordre en collaboration avec d’autres organisations.
Le commandant de la Black Panther Guerrilla Force, qui combat la Sit-tat dans la division de Sagaing, résume la situation : « Les soldats de la junte ont une stratégie de destruction totale dans cette région. À leurs yeux, les civils sont considérés comme des ennemis à exterminer. Maintenant, ils bombardent les villages par les airs car ils savent qu’au sol, ils seront attaqués par les PDF. Dans notre canton, les civils ne peuvent pas porter d’arme dans le village et seuls les PDF sont autorisés à se déplacer armés. »
Pour contrer les attaques et arrestations indiscriminées de la junte, le NUG a instauré un code de conduite pour les PDF, qui jouent la carte de la proximité. « Les PDF contrôlent une large partie des villages des districts de Yesagyo, Myaing et Pakokku, car ils travaillent avec le peuple lentement et régulièrement, en utilisant principalement des techniques de guérilla furtives », explique un responsable du Comité de lutte populaire de Pakokku.
Toute une région traumatisée s’accroche désespérément à cet espoir de victoire finale. Terrée dans la forêt depuis près de huit mois, Daw Nyo raconte la tragédie d’une histoire qui se répète : « De gros avions passaient au-dessus de nos têtes quand nous avons dû fuir. Nous avons dû courir toute la nuit, au milieu de la forêt, en évitant les épines et les buissons. »
C’était la première fois qu’elle entendait le bruit des avions et des bombes, une expérience qu’elle ne connaissait que des récits de sa grand-mère sur l’invasion de la Birmanie par l’armée impériale japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Ce que m’a raconté ma grand-mère, qui avait dû vivre dans la jungle afin d’éviter les bombes et les frappes aériennes, c’est ce que nous vivons en ce moment. Aujourd’hui, cette époque est de retour et nous avons l’impression de devoir affronter les pires conditions imaginables. »
Le 16 septembre 2022, deux hélicoptères ont mitraillé une école située dans un monastère bouddhiste du village de Let Yet Kone, fréquentée par 240 élèves de la maternelle au collège et encadrée par une vingtaine d’enseignants bénévoles. Après une heure de bombardements continus, environ 80 soldats ont chargé dans l’enceinte du monastère en tirant avec leurs armes.
Plus d’une dizaine d’enfants sont morts dans l’attaque, une trentaine ont été blessés et une vingtaine ont été kidnappés par les soldats, ainsi que trois enseignants. La junte a aussi détruit près d’une centaine de bâtiments religieux dans le pays, églises, monastères et mosquées.
La ministre Naw Susanna Hla Hla Soe réagit : « Je voudrais que la communauté internationale ne ferme pas ses yeux et sa bouche. Nous devons prendre des mesures contre cette armée barbare, qui perpètre un génocide contre notre peuple, tue des enfants, viole des femmes, attaque des écoles et des hôpitaux. Si la communauté internationale reconnaissait le NUG comme le gouvernement légitime du Myanmar, nous pourrions facilement recevoir des financements, nous pourrions bannir la vente de carburant à la junte pour limiter les attaques aériennes, nous pourrions transformer l’armée en une armée professionnelle. »
Dans la région martyre de Magway, Daw Nyo n’a qu’un souhait, que les soldats quittent son village pour qu’elle puisse y retourner : « Tout cela est dû à la disproportion des armes. Parfois, j’aimerais que nous ayons plus d’équipement juste pour pouvoir aller moi-même sur le champ de bataille. Je suis une femme et je me fais un peu vieille, mais si j’étais encore jeune et forte, j’irais les combattre. »
Laure Siegel et SSR104 (Visual Rebellion Myanmar)
Boîte noire
Cet article a été initialement publié sur le site Visual Rebellion Myanmar. Il a été traduit, adapté et mis à jour par Mediapart. Vous pouvez retrouver ici tous les articles du journaliste SSR104, coauteur de cet article.
Visual Rebellion Myanmar a été créé par et pour des réalisateurs, artistes et journalistes issu·es de toutes les régions de Birmanie et déterminé·es à continuer à informer sur la situation de leur pays pour contrer l’oubli médiatique.
Au lendemain du coup d’État, Mediapart a publié leurs premiers articles et portfolios sous le nom de The Myanmar Project Collective. Cette collaboration se poursuit avec une série d’enquêtes de terrain.