Les salariés de France Télécom souffrent d’un mal bien connu : le stress professionnel. La situation ne cesse de se dégrader depuis des années et elle ne doit rien au hasard. Deux fédérations, SUD-PTT et la CFE-CGC, ont lancé une initiative originale : l’Observatoire du stress et des mobilités forcées à France Télécom.
La privatisation de France Télécom a conduit à une gestion de l’entreprise entièrement soumise aux exigences des marchés financiers. Il suffit que le chiffre d’affaires stagne pour que l’action batte de l’aile et, qu’aussitôt, la direction accentue sa pression sur le personnel : gestion individualisée, restructurations incessantes, réorganisations et cassages des « équipes », mobilités. Les fameuses mobilités sont d’ailleurs de deux ordres : changement de métier et changement de lieu géographique.
Le changement de métier a conduit des milliers de salariés à abandonner leurs carrières techniques pour des postes commerciaux. Une rupture que beaucoup ont mal vécue. Ces mobilités dites « fonctionnelles » se sont accompagnées de mobilités géographiques de plus en plus nombreuses. Les pressions les plus récentes du marché ont conduit à la fameuse annonce des 22 000 suppressions d’emplois, début 2006. Du coup, les pressions individuelles se sont encore accentuées sur les salariés. Déqualifications, isolements, désespoirs, suicides même, tout cela est la conséquence de cette politique.
C’est le constat du stress qui en découle qui a conduit à l’idée de mettre en place cet Observatoire du stress à France Télécom. Il se fixe pour objectif de mener une enquête auprès des salariés, de la rendre publique, et d’organiser la réaction collective pour rompre avec cette politique de la direction. SUD-PTT et la CGC, à l’origine de l’initiative, espèrent bien se voir rejoints par les autres fédérations syndicales le plus rapidement possible : une conférence de presse a eu lieu, le site Internet est en place, de même que le questionnaire en ligne pour les salariés. L’enquête a commencé.