Pour être précis, ce qui a surtout marqué les esprits, c’est l’énorme répression mise en place pour empêcher quiconque d’entrer sur la bassine de Sainte-Soline. Darmanin avait annoncé qu’il y aurait des violences… Il avait alors tout prévu pour : des milliers de flics (3 200 annoncés), des hélicoptères, des chevaux, des moto-cross, des canons à eau et même une flopée de quads… Des milliers de grenades lacrymogènes, de grenades de désencerclement et de GM2L (lacrymogènes et assourdissantes classées A2 c’est-à-dire « matériel de guerre ») ont été lancées sur les manifestantEs, y compris sur les éluEs cherchant à protéger et évacuer les blEsséEs.
Ils cherchent à tuer
La question mérite d’être posée : lorsque l’on utilise des armes de guerre, que l’on cherche à blesser gravement, puis que l’on bloque les secours comme le relatent les observateurs de la Ligue des droits de l’Homme, que cherche-t-on à faire concrètement ? 200 blesséEs ont été recensés par le collectif organisateur et nous pouvons penser qu’il y en a eu beaucoup plus car de nombreuses personnes se soignent elles-mêmes ! Le plus dramatique, c’est que des camarades de lutte sont entre la vie et la mort au moment où ces lignes sont écrites. La police tue, le gouvernement tue. Ils tuent pour protéger un monde où une classe sociale se goinfre au détriment de la grande majorité de la population et de la nature.
Une mobilisation réussie
Malgré ces violences policières, ces trois jours ont été un succès pour la mobilisation. Des ateliers, des débats — avec des salles remplies — ont été organisés sur de nombreux thèmes autour de l’eau et avec des points de vue du monde entier (Chili, Italie...). Le nombre de participantEs à la manifestation est quatre fois supérieur à celle d’octobre à Sainte-Soline. Il y avait une proportion de jeunes très importante. La Confédération paysanne était extrêmement bien représentée, avec de nombreux drapeaux et un convoi de tracteurs mettant les paysanEs en lumière le vendredi après-midi entre Lusignan et Vanzay. Le NPA était évidemment de la partie, avec une délégation locale conséquente (Charente, Vienne, Deux-Sèvres), mais aussi des camarades venuEs des quatre coins de la France (Paris, Bordeaux, Nantes, Rennes, Quimper, Toulouse, Lille, Tours…). Nos porte-parole Philippe Poutou et Christine Poupin avaient fait le déplacement. Nous avons pu aller jusqu’aux abords de la bassine où notre cortège a tenu bon pendant très longtemps face au déferlement de grenades en tous genres…
La lutte continue
Comme avec sa contre-réforme des retraites, le gouvernement n’entend pas la contestation et décide de passer en force, en allant jusqu’à une répression hors du commun, pas vue en France depuis très longtemps. Nous qui avons participé, nous vivons et traversons des sentiments divers. Nous sommes choquéEs de ce que nous avons subi et tristes de voir des camarades de lutte dans des états graves. Nous sommes en colère contre ce pouvoir et ce système. Et nous sommes déterminéEs à les faire reculer. Pour cela, il faut reprendre la rue, reprendre les champs, et nous serons là, encore et toujours, « contre les méga-bassines et leur système écocide, même si Macron le veut pas, nous on est là ! »
Alexandre Raguet