Crédit Photo. Le Premier ministre Mitsotakis. Wikimedia Commons
À trois semaines d’élections législatives importantes au vu du risque que Mitsotakis puisse poursuivre et aggraver sa politique, les manifestations du 1er Mai ont connu une participation certes correcte, mais sans rapport avec la colère populaire qui avait déferlé dans les rues en mars.
Alors qu’il est clair qu’il faut chasser du pouvoir la droite et l’extrême droite, la gauche a illustré, avec ses trois différents rassemblements athéniens, le « surplace » programmatique et organisationnel qui l’ont empêchée, après l’échec et les désillusions du gouvernement Syriza (2015-2019), de construire des perspectives crédibles face à une droite déchaînée. Il est donc difficile de prévoir quels seront les résultats pour la gauche, avec le risque d’une forte abstention devant la division.
Syriza, le nouveau Pasok ?
Depuis sa défaite de 2019, Syriza assume ce qu’il a toujours été : un parti réformiste, qui se fait inviter aux réunions internationales des « socialistes » et se positionne sur une ligne social-démocrate. Cultivant son image d’« homme d’État », Tsipras propose un « gouvernement progressiste », avec clins d’œil à des courants de la droite « classique » et à ce qui reste du Pasok, le maître d’œuvre avec la droite des politiques de mémorandums, qui ose prétendre que c’est lui qui décidera après les élections qui pourrait être Premier ministre ! Peu présent dans les mobilisations et avec un programme en 11 chapitres sagement réformistes, Syriza n’en constitue pas moins pour de très nombreux électeurEs populaires, que cela plaise ou non, le principal vote à gauche contre Mitsotakis. Pour rappel, ses scores électoraux : janvier 2015 36,3 %, septembre 2015 (après la trahison du « non » au référendum) 35,4 %, 2019 31,5 %.
Feu réformiste sur Syriza !
Le KKE (PC grec) est le plus important autre groupe de la gauche réformiste : ces dernières années, il a usé d’un discours gauche, voire gauchiste, avec une capacité de mobilisation parfois impressionnante, mais en veillant à toujours dénoncer Syriza et à éviter tout acte d’unité, malgré quelques récentes avancées préélectorales. Il n’en reste pas moins parfaitement réformiste, dans son programme et dans sa démarche. Martelant comme slogan de campagne « Seul le peuple sauvera le peuple, voilà pourquoi il faut un KKE fort », le parti précise que « quand le peuple le décidera, le KKE prendra ses responsabilités gouvernementales » : tel est son programme de rupture ! En attendant, il cultive sa responsabilité institutionnelle, par exemple en refusant de réclamer la renationalisation des chemins de fer après la tragédie de Tèmbi.
Mera (Varoufakis) et LAE, deux groupes issus de Syriza, se sont associés pour les élections, sur une ligne floue (nationalisme de l’un, volonté de rester dans l’Union européenne de l’autre…), avec comme seul objectif de faire 3 % pour garder des députéEs et comme seule campagne la dénonciation de Syriza…
Relancer l’espoir avec la gauche anticapitaliste
Disons-le : la relance ne se fera pas avec ces élections. Certes, Antarsya se présente, mais on est loin de la période où elle représentait l’espoir d’une gauche anticapitaliste ouverte, donnant envie de construire un outil dépassant de loin ses groupes fondateurs. Si ses militantEs sont actifs dans de nombreuses luttes, Antarsya s’est de fait repliée en se divisant autour de ses deux pôles, NAR et SEK. Résultat : aux élections locales, deux séries de listes « Antarsya » et depuis, une mise en veilleuse dont l’actuel réveil électoraliste faussement unitaire (le 1er Mai , deux cortèges Antarsya !) risque de ne pas séduire grand monde. L’objectif est d’ailleurs le même que celui du KKE, et la campagne de « renforcement » est faite de critiques des autres groupes de gauche !
D’autres groupes comme Anametrissi portent donc une lourde responsabilité : relancer la perspective d’une gauche anticapitaliste prête à s’élargir au-delà des groupes constituants et surtout à proposer enfin à toute la gauche des perspectives d’action unitaires.
A. Sartzekis