Les Sex Pistols remontent sur scène dans une minisérie de Danny Boyle (Trainspotting, Slumdog Millionaire), dont les six épisodes sont disponibles en France à partir du 6 juillet, sur Disney+.
Produit par la chaîne de télévision américaine FX, déjà sorti aux États-Unis et au Royaume-Uni, Pistol est adapté de l’autobiographie du guitariste Steve Jones, Lonely Boy. Ma vie de Sex Pistols (éd. EPA, 2017, pour la traduction française). Avec Paul Cook et Wally Nightingale, le musicien a fondé en 1972 The Strand, un groupe qui donnerait naissance trois ans plus tard aux Sex Pistols.
Steve Jones comme fil rouge
La série reconstitue l’histoire des Sex Pistols, “le groupe le plus déjanté et le plus célèbre de toute l’histoire de la musique”, selon The Sunday Times, de ses débuts jusqu’à son implosion en 1978 (avant quelques brèves reformations), dans un Royaume-Uni ravagé par les manifestations, la pauvreté, l’inflation et confronté aux Troubles en Irlande du Nord.
Lassée des Beatles et de l’establishment anglais, érigeant David Bowie en modèle, la bande va, sous la supervision du producteur Malcolm McLaren, entrer dans l’histoire du punk rock britannique grâce à son côté subversif.
À l’écran, l’acteur Toby Wallace prête ses traits à Steve Jones. Son autobiographie ayant servi de source aux scénaristes, celui-ci est le personnage principal de la série, qui évoque son “enfance malheureuse dans ses aspects les plus claustrophobiques et les plus sordides”, ainsi que son adolescence de délinquant, explique The Guardian.. Pistol donne ainsi une version de l’histoire des Sex Pistols qui diffère de celles, plus connues, livrées par le second bassiste Sid Vicious et le chanteur John Lydon, alias Johnny Rotten.
Le Royaume-Uni des années 1970, sans playback
Le souci d’authenticité est marquant, avec l’utilisation d’“images d’archives d’un royaume désuni frappé par le déclin au milieu des années 1970”, selon The New York Times : des concerts de Bowie à la fameuse interprétation de God Save the Queen des Sex Pistols sur la Tamise en 1977, durant le jubilé d’argent de la reine, ou aux plans sur des sacs-poubelle dans les rues lors des grèves des éboueurs à la fin des années 1970.
La série veut s’inscrire dans l’ambiance désabusée du Royaume-Uni à cette période. Pour encore plus de réalisme, l’équipe n’a pas eu recours au playback lors du tournage, explique la BBC :
“Chaque riff et chaque parole devaient être enregistrés en direct sur scène, devant un public, dans une ambiance survoltée et chaotique, comme les concerts originaux.”
Une série pas assez cradingue
Il ne souffle toutefois pas sur Pistol l’“esprit anarchiste” qui portait les Sex Pistols, regrette The Daily Telegraph. Le quotidien déplore que la série reste très conventionnelle et qu’elle ne parvienne pas à capturer l’ambiance “crasseuse” dans laquelle évoluait le groupe punk.
On y trouve tout de même plus de sexe, de drogue et de décadence que dans les autres séries diffusées sur la plateforme Disney+, concède le Financial Times. Seulement, “l’histoire de ces ‘quatre garçons dans la merde’, pour reprendre leurs mots [référence aux Beatles, les ‘quatre garçons dans le vent’], est bien trop esthétisante et trop flatteuse pour un groupe dont le succès a été bâti plus sur le chaos que sur la musique”.
Mais l’accent a été mis sur autre chose : les créateurs “voulaient recréer un moment historique et non faire une simple commémoration en costumes. Il leur fallait donner à voir le contexte sociopolitique qui a déchaîné la colère incendiaire punk”, selon le New York Times. Et là résidait toute la difficulté. Le quotidien new-yorkais s’interroge :
“Les jeunes d’aujourd’hui peuvent-ils vraiment comprendre tout ce qui se joue ici ?”
Emma Collet
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