Sumar a atteint son objectif à l’issue d’“une course contre la montre”, commente La Vanguardia. Le 9 juin, le mouvement de la ministre communiste du Travail espagnole, Yolanda Díaz, a obtenu l’accord de plusieurs formations politiques, dont le parti de gauche radicale Podemos, pour présenter une candidature conjointe aux élections législatives du 23 juillet (le “23-J”).
Jamais, “en plus de quarante ans de démocratie”, on avait constaté une telle “harmonie” et une telle volonté de concourir ensemble à un scrutin national au sein des partis “à la gauche de la gauche” espagnole, observe le quotidien El País, quotidien proche des socialistes.
Après le triomphe de la droite aux municipales et régionales du 28 mai (le “28-M”), le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sánchez, avait pris de court les observateurs en convoquant des législatives anticipées. La manœuvre a contraint la classe politique à s’adapter au plus vite.
Pour la gauche radicale, “se désunir lors du 23-J équivalait à peu près à accepter la défaite d’avance”, analyse La Vanguardia, classé au centre droit. Le salut passait donc par “l’unité”. Même si celle-ci se fait “à contrecœur”, embraye le site de centre droit El Confidencial.
Remous
Le journal conservateur El Mundo prend le relais en expliquant que l’intégration de Podemos au mouvement Sumar ne s’est pas faite “sans verser une goutte de sang”. Et pour cause, la très médiatique ministre de l’Égalité, Irene Montero, ne devrait figurer sur aucune des listes électorales du 23-J. Au grand regret de la direction de son parti.
Selon El País, cette féministe morada (“violette”, la couleur de Podemos) paie “la gestion des effets indésirables de la loi ‘seul un oui est un oui’’”, un texte qui introduit le consentement sexuel explicite dans le Code pénal espagnol, mais qui a eu comme effet pervers d’alléger les peines des délinquants sexuels. “Le veto à la présence d’Irene Montero serait un triomphe pour la droite et une défaite pour les femmes, regrette le site très à gauche Ctxt. La gauche est obligée de protéger le ministère de l’Égalité et sa ministre, qui s’est consacrée corps et âme aux droits de toutes.”
Plusieurs titres de presse voient également dans sa mise à l’écart une façon d’éloigner l’influence de son conjoint, Pablo Iglesias. L’ancien leader et cofondateur de Podemos, retiré de la vie politique depuis le printemps 2021, ne fait pas l’unanimité au sein de Sumar.
Face aux remous, qu’attendre de “la prétendue unité de la gauche” ? se demande El Confidencial. La Vanguardia enchaîne :
“Yolanda Díaz fait face à un grand défi : réanimer la gauche de l’arc politique, en partie en retrait durant le 28-M, obtenir un bon résultat le 23-J et, sur cette base et avec un PSOE [Parti socialiste ouvrier espagnol, de Pedro Sánchez] consolidé, essayer d’empêcher l’arrivée d’un gouvernement conservateur conditionné par Vox [extrême droite].”
Une transition écologique “juste”
D’après le journal barcelonais, “ce ne sera pas simple. Mais Díaz a fait montre, en tant que ministre et en tant que leader de Sumar, d’un don pour pactiser et d’une capacité de travail et d’une ubiquité extraordinaires”.
Si elle veut convaincre son électorat, la gauche de la gauche espagnole “doit se battre pour imaginer les contours d’un avenir nouveau, plus juste, durable et démocratique. Et pour cela, une seule bannière vaut la peine : celle d’une transition écologique juste”, conclut le site de gauche Público
Valentin Scholz
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