Le déficit de la Sécurité sociale, en 2007, devrait s’élever à 12 milliards d’euros, toutes bran-ches confondues, dépassant les 8 milliards que prévoyait la loi de financement de la Sécu votée fin 2006. N’allez pas demander au gouvernement d’expliquer que le « trou » est une construction comptable, résultant de la baisse continue des exonérations de « char-ges », de la persistance du chômage de masse, de la pression sur les salaires, et des dettes de l’État sur la maladie (5 milliards d’euros). Encore moins d’expliquer que, côté dépenses, aucun contrôle réel n’existe sur les prix des médicaments qui, de fait, restent fixés par les grands groupes pharmaceutiques, dont les profits explosent, et que le tarif de la consultation chez le généraliste, après avoir augmenté d’un euro le 1er juillet 2006, augmente de nouveau d’un euro cet été, soit une hausse de 10 % en un an (20 à 22 euros).
Alors, après les déclarations du « comité d’alerte » mis en place par la contre-réforme Douste-Blazy, le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a proposé des mesures et le gouvernement a adopté le plan Bachelot-Woerth, qui prévoit 417 millions d’euros d’économies en 2007 (1,225 milliard en année pleine). Les malades payeront immédiatement la note : baisse de 10 % du taux de remboursement en cas de consultation hors « parcours de soins » (il passe de 60 à 50 %) et, surtout, la franchise d’un euro par jour passe à un euro... par acte, le plafond quotidien étant fixé à quatre euros et le plafond annuel à 50 euros (par exemple un acte de biologie et un acte de radiologie réalisé suite à une consultation chez le généraliste le même jour laisse trois euros à la charge du malade). En 2007, cela représenterait 350 millions d’euros de remboursements en moins.
Pour favoriser la consommation de médicaments génériques, au lieu de prendre des mesures afin d’inciter les médecins à les prescrire, les patients devront accepter la substitution chez le pharmacien, sinon le tiers payant leur sera refusé. Le reste concerne des baisses tarifaires sur certains actes de radiologie ou de biologie, sans dire si elles se répercuteront sur le malade, car les professionnels de santé pouvant faire des dépassements d’honoraires seront tentés, pour préserver leur recette, de s’y retrouver en augmentant d’autant la part de dépassement.
Ces nouvelles mesures préfigurent la systématisation de la franchise, dans le cadre de la future loi de financement prévue à l’automne. On parle de franchises sur les actes médicaux, sur les boîtes de médicaments... Le gouvernement Sarkozy prépare l’opinion et annonce déjà des mesures structurelles. Une nouvelle étape du démantèlement de la protection sociale se prépare, avec des frais de soins toujours plus à la charge du malade et le renforcement des inégalités d’accès aux soins. Il faut mettre en échec cette contre-réforme.