À Johannesburg, ce 22 août, ils seront nombreux à se presser pour assister au sommet des Brics. Selon Bloomberg, outre les cinq pays déjà membres, des représentants de 71 pays ont été invités à assister au sommet.
À eux seuls, les cinq membres du bloc représentent plus de 42 % de la population mondiale, 23 % du produit intérieur brut mondial et 18 % du commerce international. Mais à Durban sera aussi discutée l’éventualité d’un élargissement vers d’autres pays. Or, indique le site d’actualité financière, “vingt-deux nations ont officiellement demandé à devenir membres à plein temps du groupe, et plus de vingt autres ont soumis des demandes informelles”.
Parmi ces pays intéressés, Algérie, Argentine, Bangladesh, Bahreïn, Biélorussie, Bolivie, Cuba, Égypte, Éthiopie, Honduras, Indonésie, Iran, Kazakhstan, Koweït, Maroc, Nigeria, État de Palestine, Arabie saoudite, Sénégal, Thaïlande, Émirats arabes unis, Venezuela et Vietnam, indique le Daily Maverick. Le journal sud-africain en annonce vingt-trois : il compte aussi le Maroc, qui n’a ni infirmé ni confirmé cette hypothèse.
Pour Anil Sooklal, professeur de relations internationales, un tel élargissement ferait des Brics un espace géopolitique constitué de “près de 50 % de la population mondiale et plus de 35 % du PIB mondial”. “Et ce chiffre augmentera”, avertit-il dans les colonnes de Bloomberg.
Coopération en matière de sécurité
Un poids démographique et économique que les Brics entendent bien transformer en capacité de peser sur la scène internationale. Car pour celui qui est aussi le sherpa (conseiller) de l’Afrique du Sud sur le sujet, ce sommet pourra constituer “un changement tectonique” dans l’architecture géopolitique mondiale.
“Ce sera le plus grand rassemblement de ces derniers temps de pays du Sud se réunissant pour discuter des défis mondiaux actuels.”
Même analyse du côté chinois. Pour le Global Times, la coopération politique et sécuritaire sera l’un des objectifs principaux du sommet à Durban. Le quotidien de Pékin dénonce ainsi une gouvernance mondiale actuelle dominée par les États-Unis, lesquels “créent une atmosphère de confrontation et de tension dans le monde entier”, notamment dans leur stratégie indo-pacifique et leur utilisation de l’Otan “pour encercler et contenir simultanément la Chine et la Russie”.
À ce monopole américain, le quotidien chinois anglophone, qui dépend du groupe Renmin Ribao (qui publie le « Quotidien du peuple », l’organe du Parti communiste), oppose la coopération en matière de sécurité des Brics, qui mettrait l’accent, selon lui, sur la sécurité commune et multilatérale. Le quotidien estime que le nombre de pays ayant manifesté leur désir de se joindre au bloc est l’indicateur le plus sûr que “le multilatéralisme est nécessaire aux pays émergents et en développement”.
Comment parler d’une même voix ?
Dans une société internationale où les querelles idéologiques et sécuritaires s’intensifient, le Global Times plaide donc pour que les Brics se dotent de mécanismes de sécurité pérennes, mettant notamment en avant l’Initiative de sécurité mondiale préconisée par la Chine.
Présenté comme “une pensée gagnant-gagnant”, ce mécanisme “vise à éliminer les causes profondes des conflits internationaux et à améliorer la gouvernance de la sécurité mondiale”, dans cet “esprit de multilatéralisme et de sécurité commune recherché par les Brics”, affirme encore le quotidien chinois.
Reste à savoir si les Brics parleront bien d’une seule et même voix. En effet, dans un autre article, Bloomberg fait état de diverses dissensions parmi les États membres, affirmant par exemple que l’Inde et le Brésil s’opposeraient à la volonté chinoise d’élargir rapidement le groupe des Brics.
Courrier International
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