« Ce conflit va tout changer », écrivait le socialiste québécois Pierre Beaudet dans une note adressée à l’organisation de solidarité Alternatives qu’il dirigeait, quelques jours avant sa mort subite le 8 mars. "Comme dans tout débat important, il y a des théories, des enjeux stratégiques, des choix à faire dans notre pratique.
Beaudet a relevé quelques caractéristiques essentielles de la nouvelle situation :
1. La détermination de la Russie à l’emporter, son déni de « la réalité même de l’Ukraine en tant qu’État souverain et territoire d’un peuple ayant le droit à l’autodétermination », risquent d’entraîner une longue guerre dans laquelle « la résistance à l’agression est la seule issue possible ».
2. L’approche de l’autocrate russe Vladimir Poutine « s’est inspirée de la tradition de l’URSS sous Staline en imposant un État centralisateur et répressif tout en tentant de se tailler une place sur la scène mondiale ».
3. L’expansion post-soviétique de l’OTAN et les échecs de Washington dans ses interventions au Moyen-Orient et en Asie centrale, qui ont incité Poutine à penser que le moment était venu de frapper un grand coup en Ukraine, où la Russie avait déjà annexé la Crimée en 2014 et soutenu les séparatistes pro-russes dans l’est du pays.
« Maintenant que la Russie a attaqué, il n’y a plus de retour en arrière possible. Soit Poutine gagne son pari par la soumission de l’Ukraine, ce qui lui permettrait de »confier« à un nouveau gouvernement le soin de »rétablir l’ordre« . Soit la situation s’éternise dans un conflit sans fin - à moins que la Russie ne décide de faire la guerre dans les villes quitte à les détruire, avec leur population, comme cela a été fait en Syrie. »
Il en résultera « un immense réalignement des priorités et des stratégies ».
« L’OTAN, dont la pertinence a diminué ces dernières années, reviendra en force. Les États membres devront augmenter substantiellement leurs dépenses militaires et s’impliquer directement dans la stratégie de contre-attaque et d’affaiblissement de la Russie... »
4. Le gouvernement canadien suivra la ligne américaine, comme toujours. Les dépenses militaires augmenteront, financées par des coupes sombres dans les autres dépenses. Les projets d’exportation de combustibles fossiles - peut-être « le projet de GNL destiné à faire passer le gaz de l’Alberta par le Québec » - seront relancés dans le cadre de « l’effort de guerre ».
5. « Nous sommes solidaires de la résistance ukrainienne qui vise à rétablir une souveraineté inclusive et pacifique sans abus des minorités nationales. Notre solidarité peut s’exercer dans le domaine de l’aide humanitaire » qui « ne doit pas être réduite pour répondre aux besoins de l’Ukraine ».
6. L’invasion de la Russie est une « violation flagrante de la Charte des Nations unies et du droit international ». Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN, y compris le Canada, nous ont plongés de plus en plus dans cette guerre par une avalanche de sanctions et de déclarations scandaleuses". Un processus de paix doit inclure les Nations unies et ne pas être laissé aux seuls grands protagonistes que sont l’Union européenne et l’OTAN.
L’analyse était prémonitoire. Avec le recul, on peut penser à certains éléments qui pourraient aujourd’hui être ajoutés. Cependant, l’argument de Beaudet avait le mérite de centrer notre réponse sur la nécessité de soutenir la défense par l’Ukraine de sa souveraineté territoriale et de son autodétermination.
Au cours des 18 mois qui ont suivi la note de Beaudet, son organisation Alternatives s’est efforcée de promouvoir la solidarité avec la résistance ukrainienne tout en s’opposant à l’agression russe et à l’expansion de l’OTAN. Elle a également rejoint la campagne internationale pour la libération de Boris Kagarlitsky et d’autres prisonniers russes anti-guerre. Son approche contraste avec celle de l’organisation pacifiste Échec à la guerre, qui prétend s’opposer à tous les impérialismes - en particulier à la « domination militaire » des États-Unis - mais qui ne s’est pas mobilisée pour défendre l’Ukraine.
Dans ce qui suit, j’exposerai et commenterai de manière critique certaines des autres réactions à la guerre de la part de la gauche canadienne et québécoise.
La gauche parlementaire
En ce qui concerne l’adhésion à l’OTAN et son alliance avec l’impérialisme américain - le fondement de la politique étrangère du Canada - le Nouveau Parti démocratique basé sur les syndicats a tendance à marcher au même rythme que le gouvernement en place à Ottawa, quel qu’il soit. La guerre en Ukraine ne fait pas exception. Tout en soutenant la fourniture des armes nécessaires à l’Ukraine - comme il se doit - le NPD a également approuvé les mesures visant à renforcer les dépenses militaires du Canada et sa participation à l’OTAN, ainsi que les sanctions conçues pour nuire aux besoins économiques du peuple russe.
Dans une déclaration publiée à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion russe, le NPD a réaffirmé son soutien « aux Ukrainiens qui défendent leur pays et [...] à ceux et celles qui ont été contraints de fuir ». Mais il a appelé au renforcement du régime de sanctions et n’a pas évoqué la nécessité d’annuler la dette publique de l’Ukraine alors qu’elle cherche à se reconstruire.
L’autre parti de la gauche parlementaire canadienne, le parti souverainiste Québec solidaire, défend bien sûr l’Ukraine. Cependant, il a limité son soutien à une motion à l’Assemblée nationale du Québec, la veille de l’agression russe [1] et à une résolution adoptée par son Conseil national le 28 mai 2022. Cette résolution condamne la Russie, réaffirme le droit de l’Ukraine à l’autodétermination tout en appelant à un cessez-le-feu immédiat et à des négociations pour mettre fin à l’agression, et appelle à un accueil rapide des réfugiés ukrainiens.
La résolution du Conseil national de QS souligne que « ce conflit ne doit pas servir de justification pour permettre l’exploitation des ressources pétrolières et gazières du Québec, ni pour augmenter les exportations de combustibles fossiles du Canada sous prétexte de remplacer le pétrole et le gaz russes ».
Enfin, il a appelé ses membres ainsi que les citoyens et citoyennes à « soutenir les manifestations pacifistes qui s’opposent à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe... »
Cependant, QS n’a pas lui-même initié de telles manifestations bien que son programme [2] déclare que le parti "participera à la construction de mobilisations internationales contre les interventions militaires (des puissances impérialistes) visant à assurer le contrôle des peuples et de leurs richesses et à attaquer leur souveraineté ». Le parti demande également le retrait immédiat du Canada de l’OTAN et de NORAD. [3]
Gauche extraparlementaire
Québec solidaire se définit comme « un parti des urnes et de la rue », et c’est l’aile extraparlementaire du parti qui a pris l’initiative de la défense de l’Ukraine. Le site web populaire Presse-toi à gauche (PTAG) compte parmi ses membres rédacteurs et ses écrivains les militants de gauche les plus éminents de QS. Depuis le début de la guerre, chaque édition hebdomadaire comprend une sélection d’articles sur la guerre, dont la grande majorité est favorable à l’Ukraine.
Pivot, un autre site web progressiste au Québec, a également soutenu l’Ukraine, mais pas avec autant de diligence que PTAG. En avril, il a publié une réplique percutante aux comptes-rendus des médias grand public ainsi que des publications de gauche au Québec qui attribuaient la guerre à une provocation de la Russie par l’OTAN et/ou l’Ukraine.
Dans le reste du Canada, malheureusement, les principales publications et organisations de gauche ont eu tendance à ignorer la résistance ukrainienne ou à la rejeter comme étant une « guerre interposée » pour ce qu’elles décrivent comme une guerre de l’OTAN contre la Russie. [4] People’s Voice, le journal mensuel du parti communiste, soutient la Russie, ce qui n’est pas surprenant. « L’OTAN, les États-Unis, l’UE et le Canada n’ont laissé que peu d’options à la Russie », a déclaré le PC dans un communiqué publié en octobre 2022 qui reprenait certains des arguments du Kremlin.
Un blogueur prolifique sur la guerre qui a la réputation bien méritée d’être le plus éminent critique de la politique étrangère canadienne d’un point de vue anti-impérialiste, Yves Engler, est l’auteur de nombreux livres et articles. Il est associé au Canadian Foreign Policy Institute, une ONG qui parraine des séminaires en ligne et des pétitions critiquant l’intervention des entreprises et du gouvernement canadiens à l’étranger. Engler et le CFPI ont fait campagne contre la fourniture d’armes canadiennes à l’Ukraine et ont joint leurs voix au courant international prônant une « paix négociée » en Ukraine qui ne repose pas sur le retrait de la Russie. [5]
Les articles d’Engler ont été republiés par certains sites web « progressistes » en ligne, tels que rabble.ca, qui n’ont par ailleurs pas grand-chose à dire sur la guerre.
Un site Web en ligne largement lu The Maple publie des critiques de la politique étrangère canadienne bien documentées, mais a peu commenté la guerre russe contre l’Ukraine. Son rédacteur en chef Alex Cosh a publié un article dans une autre publication de gauche, Briarpatch qui reprenait une grande partie du discours du Kremlin justifiant son agression. [6] Cependant, The Maple a également organisé un débat en ligne entre le socialiste ukrainien Taras Bilous et le blogueur québécois Dimitri Lascaris sur la question « Les militantes et militants de gauche devraient-ils soutenir l’envoi d’armes en Ukraine ? [7] Lascaris, qui a déjà soumis sa candidature au poste de chef du Parti Vert du Canada, est reconnu pour son soutien à la Russie en tant que force de paix. Un sondage auprès des lecteurs et lectrices réalisé par Le Maple après le débat, a démontré qu’une majorité substantielle soutenait Bilous dans sa défense de la résistance ukrainienne.
Un débat singulier concernant la guerre : Canadian Dimension
Canadian Dimension, magazine mensuel basé à Winnipeg (fondé en 1963, en ligne uniquement depuis 2019), est sans aucun doute la publication la plus en vue de la gauche canadienne-anglaise. Sa vaste couverture de la guerre [8] a été fortement orientée contre la résistance ukrainienne, certains articles étant rédigés par des écrivains comme Yves Engler et Dimitri Lascaris, ainsi que par des sources américaines comme CodePink. Cependant, CD a également publié cette année cinq articles du critique anti-guerre russe Boris Kagarlitsky, et a récemment publié une déclaration éditoriale percutante protestant contre l’arrestation de Kagarlitsky et exhortant ses lecteurs et lectrices à soutenir la campagne de solidarité internationale pour sa libération.
Lorsque Canadian Dimension a présenté un article de Kagarlitsky avec le titre « Un lucide vétéran dissident de la gauche russe offre un point de vue courageux et politiquement indispensable sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine », le socialiste torontois Sam Gindin et le professeur montréalais David Mandel ont réagi agressivement dans leur « réponse à Kagarlitsky » ridiculisant son analyse, la qualifiant de « superficielle » et « simpliste ». Leur article portait en grande partie sur une défense de Poutine, basée sur une analyse sélective du discours visant à démontrer « qu’il n’y a aucune allusion ici, ni d’ailleurs nulle part dans les discours ou les écrits de Poutine, à un déni du droit de l’État ou du peuple ukrainien à exister« – mettant de côté délibérément les nombreuses preuves bien documentées affirmant le contraire [9]. Quant à Gindin et Mandel, ils ont soutenu que l’Ukraine ne pouvait pas aspirer à la souveraineté étant donné sa dépendance à l’égard du soutien des États-Unis. Elle n’était qu’un »outil" de l’impérialisme américain dans sa tentative d’affaiblir la Russie.
Dans un article ultérieur , Mandel a répété bon nombre des arguments désormais familiers (et faux) du Kremlin dans sa vision de la guerre défensive. Canadian Dimension vient de publier une réplique dévastatrice, réfutant un par un bon nombre des « mythes » de Mandel.
L’article de Gindin-Mandel illustrait clairement comment le fait de considérer la guerre comme une réaction défensive de la Russie face à l’agression américaine tend à se traduire par un soutien à la Russie et à une justification de son action. Les deux auteurs avaient développé cette position dans un groupe de discussion interne du groupe basé à Toronto Socialist Project, au cours des 18 derniers mois. Dans le cas de Gindin, cela semblait refléter l’impact désorientant du déclenchement de la guerre sur une thèse qu’il avait longtemps défendue avec le regretté Leo Panitch, longuement articulée dans leur magnum opus The Making of Global Capitalism. [10] Comme je l’ai résumé :
« La thèse centrale du livre est que les États-Unis ont dominé la planète depuis la Seconde Guerre mondiale, intégrant d’autres puissances (et pays) par voie de subordination à son « empire informel ». Cette représentation se distingue des conditions de rivalité inter-impérialiste que Lénine avait caractérisées comme un élément central du capitalisme d’avant-guerre… Cette nouvelle superpuissance mondiale a intégré « toutes les autres grandes puissances capitalistes dans un système efficace de coordination sous son égide ». [11]
De toute évidence, cette représentation d’un capitalisme mondial harmonisé (bien que compétitif) était très éloignée de la brutale violation impérialiste de le Russie envers la souveraineté de l’Ukraine. Gindin semble incapable d’expliquer cette contradiction, et se replie sur une image plus classique, mais toujours unilatérale, d’un empire américain déterminé à discipliner, voire à vaincre militairement un subalterne récalcitrant dans son ordre mondial.
(Si, comme certains le prétendent, la guerre est fondamentalement un conflit inter-impérialiste, les socialistes révolutionnaires ne soutiendraient aucune des parties, bien qu’ils puissent toujours défendre la souveraineté de l’État ukrainien .)
Gindin est de loin le membre le plus éminent du comité de direction de Socialist Project. Suivant son exemple, SP s’est abstenu de faire campagne pour la défense de la résistance ukrainienne. Au lieu de cela, les quelques articles concernant la guerre publiés dans la page web The Bullet ont mis de l’avant des thèmes pacifistes et en opposition à la fourniture d’armes défensives à l’Ukraine. The Bullet a également publié deux articles de David Mandel qui tentent « d’expliquer » et d’excuser l’invasion russe. Les deux articles proclament que la résistance ukrainienne est futile et doit cesser immédiatement.
Il convient également de noter que Socialist Project, contrairement à de nombreux groupes et individus représentant une diversité de perspectives politiques, n’a même pas approuvé la campagne internationale de protestation contre l’arrestation de Boris Kagarlitsky. [12]
Les ex-trotskystes rejettent la solidarité avec l’Ukraine
Parmi les autres victimes politiques de la guerre figurent certains des petits groupes ayant des racines dans diverses ailes du mouvement trotskyste international. L’International Socialists, basé à Toronto, a publié une déclaration le 24 février 2022 dénonçant « l’expansionnisme russe » et appelant au retrait russe d’Ukraine… et au retrait canadien d’Europe de l’Est, faisant référence à son rôle au sein de l’OTAN « dans la formation de fascistes au sein de l’armée ukrainienne ». Selon eux, l’Ukraine, « paye une fois de plus le prix en tant qu’État coincé entre deux grands rivaux impérialistes », la Russie et l’OTAN. Le journal de IS Socialist Worker a publié plusieurs articles dans le même sens depuis l’invasion, tous produits par leurs co-penseurs en Grande-Bretagne.
Spring, la publication en ligne d’un groupe qui a rompu avec IS il y a quelques années, a reposté de nombreux articles sur la guerre rédigés par Yves Engler et deux ou trois originaux. David Bush dénonce l’agression russe mais insiste sur le fait que « le principal ennemi est chez nous ». Cela signifie qu’il faut s’opposer au « déploiement de troupes et aux livraisons d’armes » à l’Ukraine. James Clark, autrefois chef de file du mouvement canadien contre l’agression américaine au Moyen-Orient et en Afghanistan, a écrit une série d’articles en quatre parties sur le mouvement anti-guerre d’il y a dix ans, mais n’a pas tenté d’établir un lien entre ses enseignements et la guerre en Ukraine.
Fightback (au Québec, La Riposte, un collectif reconnu au sein de Québec solidaire) est le membre canadien de la Tendance marxiste internationale, basée en Grande-Bretagne. Au début de la guerre, ses publications comportaient une longue déclaration de la TMI rejetant la résistance ukrainienne :
« Tous les discours sur la souveraineté ukrainienne sont contredits par le fait que le pays est sous la domination croissante des États-Unis depuis la victoire du mouvement Euromaïdan en 2014. Tous les leviers clés du pouvoir économique et politique sont entre les mains d’une oligarchie corrompue et de son gouvernement, qui, à son tour, est la marionnette de l’impérialisme américain et un pion entre ses mains… En fait, la guerre actuelle est dans une large mesure un conflit américano-russe, qui se déroule sur le territoire de l’Ukraine.
Des articles ultérieurs sur la guerre ont reproduit cette approche
Enfin, il convient de noter le sort d’un petit courant né en 2004 de l’expulsion du Socialist Workers Party américain parce qu’ils avaient remis en question le soutien du SWP au renversement par le Pentagone de Saddam Hussein en Irak. John Riddell et Roger Annis, rejoints par Ian Angus, ont fondé un journal en ligne Socialist Voice et ont invité d’autres marxistes (dont moi-même) à participer à sa production. Une archive en ligne des numéros et brochures publiés avant sa disparition en 2011 peut être consultée ici.
Comme il l’explique, Socialist Voice a cessé de paraître parce que ses principaux éditeurs s’étaient fortement engagés dans d’autres entreprises. John Riddell avait repris la publication de ses énormes volumes sur les débats de l’Internationale communiste à l’époque de Lénine. [13] Ian Angus publiait son site web Climate & Capitalism et écrivait des livres sur l’écosocialisme.
Quant à Roger Annis, il s’est rendu en Ukraine avec deux autres Canadiens – Radhika Desai et Alan Freeman – en 2014, à l’invitation de Boris Kagarlitsky, et est apparu comme un partisan de l’annexion de la Crimée par la Russie et de l’intervention dans l’est de l’Ukraine. Il a depuis transformé son blogue A Socialist in Canada en un odieux outil de propagande en faveur du régime de Poutine et ses agressions, occupations et annexions en Ukraine. Indépendamment d’Annis, Desai et Freeman (un ancien trotskiste britannique) ont créé leur propre site Web et rédigé un Manifeste qui fait l’éloge de la Chine contemporaine en tant que « nation indispensable dans la lutte de l’humanité pour le socialisme, offrant aide et inspiration en tant qu’exemple digne d’un pays poursuivant le socialisme conformément à ses conditions nationales ». John Riddell figure parmi les premiers signataires du Manifeste.
Le groupe fait l’éloge de la Chine - et de la Russie - en tant que modèles de la « multipolarité », l’alternative qu’ils mettent de l’avant face à l’hégémonie unilatérale américaine. Ce que cela signifie pour l’Ukraine est décrit par Radhika Desai dans son récent ouvrage : « [C]ette guerre prend la forme d’une guerre de l’OTAN dirigée par les États-Unis contre la Russie au sujet de l’Ukraine. Dans cette guerre, l’Ukraine est le terrain qui sert de pion qui peut être sacrifié, et qui l’est déjà, avec la coopération apparente de ses dirigeants orientés vers l’Occident. »
Conclusion
Comme dans d’autres pays, les réactions de la gauche canadienne à la guerre de la Russie ont eu tendance à se diviser selon deux lignes de fracture conflictuelles. En termes simples, il y a les personnes qui considèrent la guerre comme un assaut impérialiste russe contre l’Ukraine et qui cherchent à mobiliser la solidarité avec la résistance populaire de l’Ukraine, y compris son droit d’acquérir les armes dont elle a besoin pour sa défense. À l’opposé, il y a ceux et celles qui réduisent la guerre à un conflit entre l’OTAN et la Russie, le peuple Ukrainien n’étant qu’un pion du Pentagone et de ses alliés européens. Les premiers réclament le retrait immédiat de la Russie de l’Ukraine, seul moyen de parvenir à une solution pacifique. Les seconds prétendent que la Russie a un intérêt légitime à occuper la totalité ou une partie de l’Ukraine et inventent des récits pour justifier son agression et nier le droit de l’Ukraine à l’autodétermination nationale. Ces différences ne peuvent être réconciliées. Il s’agit d’un fossé fondamental.
Merci à Art Young pour son aide à la révision d’une ébauche de cet article. – RF
Article de Richard Fidler publié sur son site Life on the Left https://lifeonleft.blogspot.com/2023/08/canadian-left-responses-to-war-in.html
Richard Fidler
Traduction par André Frappier
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