“Grave menace sur le processus de paix”, alerte le titre malien Le Wagadu relayé par la plateforme Maliweb. L’accord de paix, ou accord d’Alger, négocié entre d’anciens mouvements rebelles du nord du Mali et le gouvernement en 2015, “s’effrite au profit de la reprise des hostilités” entre les parties signataires, abonde Maliweb dans un autre article.
En toile de fond, la lente et complexe application de ces accords de paix, “qui prévoient la démobilisation, le désarmement et la réintégration des combattants des groupes belligérants dans l’armée nationale”, selon Maliweb. Les ex-rebelles touaregs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) conservant de fait une mainmise sur le nord du pays après la signature de l’accord.
Les hostilités ont culminé le 11 août à Ber, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de la cité malienne de Tombouctou, dans le contexte du retrait de la mission de paix au Mali de l’ONU (Minusma) réclamée par les autorités maliennes. Des incidents ont marqué la progression de l’armée malienne (Fama) pour reprendre la base onusienne de Ber, “sous le contrôle des ex-rebelles, à l’image de la ville de Kidal”, selon Le Wagadu.
“Violation des accords sécuritaires”
“Ce samedi (12 août), la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), dans un communiqué a accusé ‘les Fama et [le groupe russe] Wagner’ d’avoir ouvert le feu sur une de ses positions située près de Ber. ‘La tentative a été farouchement repoussée’, selon la CMA qui ne donne pas de bilan. Pour les ex-rebelles, l’armée malienne veut ‘coûte que coûte occuper les emprises de la Minusma situées dans les zones sous contrôle de la CMA.’ Cela, disent-ils, en violation des arrangements sécuritaires”, résume le site malien Tamani.
“L’armée malienne a farouchement défendu cette position stratégique [l’ancienne base onusienne] avec sa puissance de feu en infligeant une défaite aux groupes armés qui tentaient de l’occuper”, écrit Maliweb.
Cet incident s’ajoute à de nombreux autres observés ces derniers mois, et listés par Le Wagadu : survols d’avions de l’armée malienne dans cette zone, le plus provocateur ayant eu lieu “le 5 avril dernier, veille de la célébration de l’anniversaire de la ‘proclamation de l’indépendance du fantomatique État de l’Azawad’” et ayant été taxé de “violation du cessez-le-feu” par la CMA, ou encore accusation d’attaque, de l’armée malienne, d’une base des ex-rebelles à Foyta, dans la région de Tombouctou, la semaine dernière.
“Avertissement”
“À quel moment la reprise des hostilités tant redoutée va avoir lieu entre les parties signataires de l’accord ?”, se demande, inquiet, le titre malien, qui préconise d’“engager le dialogue avec les mouvements armés impliqués dans le processus de paix plutôt que de travailler à l’escalade à l’issue très incertaine”.
“L’option militaire est en train de prendre le pas sur l’application de l’accord d’Alger”, renchérit Maliweb, selon qui “l’absence de la Minusma et de l’armée française a rendu vulnérables les mouvements rebelles”.
L’usage du feu et des bombes contre les combattants de la CMA “que l’armée a qualifié de ‘terroristes’ semble être un avertissement envers tous ceux qui tenteraient d’entraver la progression des forces armées sur le territoire”, poursuit le média. Le jeudi 10 août, la CMA demandé à ses représentants à Bamako de quitter la capitale.
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