C’est la crise à AGT ! Après les communistes, le Parti du Travail annonce qu’il se présentera en sous apparentement aux prochaines élections fédérales ; Les Indépendants de Gauche, solidaritéS puis une Assemblée d’AGT ! ont confirmé l’idée d’une liste unique. Qu’y a-t-il d’insupportable ou de raisonnable dans le choix du PdT ?
Dans ces élections il s’agit de garder au minimum un siège « genevois » de la gauche de la gauche et de développer les grands thèmes qui nous unissent : contestation du capitalisme, du « tout-au-marché » et du diktat des profits, refus du démantèlement social et des privatisations, défense des salarié-e-s et des couches les plus défavorisées, lutte pour l’égalité des droits entre toutes et tous, étrangers et Suisses... refus de la politique social-libérale du PSS. Nous devons mobiliser un électorat populaire, lui donner des raisons de ne pas se tourner vers le MCG ou l’UDC. Pour ce faire, une liste unique – conforme aux engagements pris et annoncés solennellement l’automne dernier par toutes les formations d’AGT ! – représente un espoir et a une crédibilité bien supérieure à l’addition des résultats de 4 listes distinctes et concurrentes, liées par un « sous-apparentement », qui relève plus d’un accord « technique », peu compréhensible par le grand public, que d’une manifestation de notre capacité d’engagement commun ! Pour ce qui est des communistes, ils prendront une décision définitive sous peu, rien n’est joué.
GT ! maintenant le cap de la liste unique, nous avons bon espoir que le PdT se rallie à celle-ci, puisque la voie des 4 listes sous-apparentées, privilégiée par son Congrès, a été rejetée par au moins deux des composantes appelées à participer à un hypothétique sous-apparentement.
Pourquoi le sous-apparentement acceptable dans le canton de Vaud ne l’est-il pas à Genève ?
Dans le canton de Vaud le sous-apparentement est à notre avis aussi un pis-aller. solidaritéS-Vaud était favorable jusqu’au bout à une liste commune. Mais les situations vaudoise et genevoise sont très différentes. A Genève, nous avons connu la division en 2005 et l’éviction du Grand Conseil des représentant-e-s de 15% de l’électorat de la gauche de la gauche ! L’engagement pris de se présenter ensemble aux municipales, aux nationales, et enfin au Grand Conseil répond à une attente de la part des gens que nous défendons/représentons. C’est un engagement qu’on ne peut pas rompre à la légère, en affirmant qu’on se remettra ensemble pour le Grand Conseil « parce qu’on est bien obligés ». On a démontré en 2005 que cette « obligation » là, ne résistait pas forcément au choc des contradictions entre nous et des intérêts divergents.
Quels sont les cas de figure qui se présentent désormais ? L’alliance électorale est-elle en question ou doit-elle être renégociée ? La question électorale n’en pose-t-elle pas d’autres : organisation de l’alliance, sa dynamique, ses stratégies ? La vraie question n’est-elle pas que les partenairesau sein d’AGT ! se sont plus préoccupés de ce qui les sépare que de ce qui les unit ?
solidaritéS maintient le cap de la liste commune AGT ! avec celles et ceux qui souhaitent y participer, si des organisations persistaient à vouloir partir séparément, elles devraient assumer leur choix complètement. L’alliance électorale n’est pas à rediscuter maintenant au moment du dépôt des listes. Nous traversons une crise avec les élections nationales, n’oublions pas qu’AGT ! a un groupe municipal en Ville qui va travailler ensemble durant 4 ans. Certes nous devons trouver des réponses nouvelles en matière d’organisation, de stratégie, de dynamique de cette alliance... Nous avons cherché, avec AGT !, à créer un cadre qui permette des débats politiques réels entre militant-e-s de nos organisations, plutôt que d’en rester à un simple cartel d’organisations avec une unité « au sommet » seulement, comme l’a trop été l’ADG, c’est le sens de nos AGs de militant-e-s. Il est dommage qu’elles soient largement monopolisées aujourd’hui par des discussions de tactique électorale, en revenant sur des décisions déjà prises. Il ne faut, en effet, pas oublier que notre adversaire c’est la droite : nous devons nous donner les moyens pour battre celle-ci en 2009 au Grand Conseil en y reprenant pied ensemble, en mettant l’accent sur ce qui nous unit. Cet objectif est central, pour le crédibiliser une liste aux Nationales qui fasse 10 ou 12 % est un atout qu’on ne saurait brader au nom de la volonté de chacun d’agiter son propre drapeau.
Le PdT affirme la nécessité d’une meilleure visibilité politique pour expliquer la stratégie décidée par les délégués de son congrès extraordinaire. Cette absence de visibilité ne pose-t-elle pas problème aux autres composantes ? AGT ! n’est-elle pas une « couverture » trop envahissante pour les partis de la gauche combative ?
En l’état la « couverture » AGT ! est bien moins « envahissante » que celle de l’ex-ADG qui menait un combat permanent au Grand Conseil, avec des élu-e-s, à l’étiquette ADG très marquée. Au contraire, AGT ! ne s’impose pas vraiment suffisamment pour le moment et c’est dommage ! La volonté de « visibilité » du PdT est légitime, même si ce n’est pas forcément au moment des élections – et de ces élections à Genève – qu’il faut prioriser cet aspect. Pour mémoire, il faut rappeler que solidaritéS a plaidé pour que les appartenances soient indiquées sur les bulletins de vote, lors des élections municipales, et pour qu’en plus de la campagne centrale commune d’AGT !, les composantes puissent continuer jusqu’au scrutin à diffuser leur matériel propre, presse, tracts, etc. Les représentant-e-s du PdT s’y étaient opposés à l’époque, et – au nom de l’unité – solidaritéS a accepté cet « effacement »... Des moyens existent donc pour que chaque composante garde sa visibilité et puisse mettre en avant ses spécificités, sans pour autant faire liste à part. AGT ! peut être mise au service de la visibilité de ses organisations affiliées et servir celles-ci plus efficacement que des mini-campagnes séparées, avec un résultat décevant à la clé.