L’Iran durcit encore les sanctions contre les femmes refusant de porter le voile
Le Parlement iranien a approuvé ce mercredi 20 septembre un projet de loi qui prévoit de nouvelles sanctions financières et judiciaires, pouvant aller jusqu’à la prison, pour celles osant braver les règles de la dictature islamiste.
La pression sur les Iraniennes s’accentue encore, quelques jours après la commémoration de la mort de Mahsa Amini. Le Parlement iranien a approuvé ce mercredi 20 septembre un projet de loi qui durcit les sanctions à l’encontre des femmes qui ne portent pas le voile, pouvant aller jusqu’à la prison.
Un total de 152 députés ont donné leur accord au texte intitulé « Soutien à la culture de chasteté et du voile ».
Un total de 152 députés (34 ont voté contre et 7 se sont abstenus) s’est prononcé en faveur du texte, « pour une durée d’essai de trois ans ». Celui-ci prévoit des sanctions financières pour la « promotion de la nudité » ou la « moquerie du hijab » dans les médias et sur les réseaux sociaux, ainsi que des amendes et des interdictions de quitter le pays pour les propriétaires d’entreprises dont les employés ne portent pas de voile.
« Les véhicules dont la conductrice ou la passagère ne porte pas de hijab ou porte des vêtements inappropriés se verra infliger une amende de 5 millions de rials » (environ 10 euros), stipule par ailleurs le texte.
Et ce n’est pas fini. Est considéré comme « inapproprié » un vêtement « serré » ou « qui exhibe une partie du corps ».
Au maximum, toute personne qui commet ce délit « en coopération avec des gouvernements, des médias, des groupes ou des organisations étrangères ou hostiles » à la République islamique, « ou de manière organisée, sera condamnée à une peine d’emprisonnement du quatrième degré », soit entre 5 à 10 ans.
Pour devenir loi, le projet doit encore être approuvé par le Conseil des gardiens de la Constitution. Actuellement, le fait d’apparaître « en public sans le voile musulman » est passible d’une « peine d’emprisonnement de dix jours à deux mois ».
Cette adoption est intervenue quatre jours après le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, qui avait déclenché un vaste mouvement de contestation dans le pays. Cette Kurde iranienne de 22 ans est morte le 16 septembre 2022 après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire imposé aux femmes.
Sa mort a notamment relancé le débat sur cette règle, l’un des piliers idéologiques de la République islamique depuis la chute du chah en 1979.
Ces derniers mois, de plus en plus de femmes osaient sortir tête nue dans les lieux publics, en particulier à Téhéran et dans les grandes villes.
En réaction, les autorités ont pris une série de mesures de rétorsion, allant de la fermeture de commerces, notamment de restaurants, à l’installation de caméras dans les rues, pour traquer celles qui bravent l’interdit.
Majoritaires au sein du pouvoir et au Parlement, les conservateurs défendent ardemment l’obligation du port du voile et estiment que sa disparition lancerait un processus qui modifierait en profondeur les « normes sociales ».
Le 14 septembre, la Mission internationale indépendante mise en place par l’ONU après les troubles de 2022 avait estimé que, si elle était adoptée, la nouvelle loi « exposerait les femmes et les filles à des risques accrus de violence, de harcèlement et de détention arbitraire ».
Depuis le début de l’année, le bien-fondé d’un durcissement a été mis en cause par certains responsables politiques, notamment dans le camp minoritaire des réformateurs. Le Front des réformateurs a ainsi exprimé son inquiétude sur l’impact de mesures coercitives à l’encontre des élèves et des étudiantes.
En août, le président iranien Ebrahim Raïssi avait déclaré que « cette affaire des femmes ne portant pas le hijab » allait « prendre définitivement fin ».
Il avait estimé que cette question avait été instrumentalisée par « l’ennemi » de la République islamique, un terme visant habituellement les pays occidentaux et les opposants iraniens à l’étranger.