Le représentant de la MINUSMA, le Mauritanien El Ghassim Wane, est connu pour être au service de la junte malienne depuis qu’il est arrivé à la tête de la force d’interposition en 2021. Ce proche du ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop a fait le choix de se mettre au service de la junte malienne. Il n’hésite pas à transmettre des informations confidentielles des Nations-Unies aux putschistes maliens qui ne semblent lui accorder aucune considération. Bamako n’a cessé de multiplier les obstacles aux activités des casques bleus obligeant certains pays à retirer leurs troupes avant même l’annonce du départ définitif de la MINUSMA. Son représentant El Ghassim Wane a produit des rapports sur le Mali donnant l’impression que la situation s’améliorait alors qu’elle va de mal en pis.
Le 27 janvier dernier, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, c’est la représentante de la société civile malienne Aminata Dicko, qui a pris la parole après El Ghassim Wane, pour décrire sans complaisance les crimes commis par les forces armées maliennes et les mercenaires russes de Wagner. Le discours de cette militante a suscité la colère des autorités de Bamako. Les forces de sécurité maliennes ont même fait une descente musclée à son domicile. Le déploiement des 150 miliciens russes à l’aéroport de Tessalit achève de convaincre ceux qui doutaient encore du jeu trouble du Mauritanien.
Les soldats tchadiens honnis
Depios deux ans, la situation au Mali s’est révélée intenable, DÈS SA NOMINATION, après l’attaque du camp de la Minusma d’Aguelhok par le JNIM, groupe dirigé par Iyad Ag Ghali, le 2 avril 2021. Ce jour-là, les soldats tchadiens ont repoussé l’assaut et ont infligé de lourdes pertes aux assaillants en tuant plus de 40 djihadistes. De leurs côtés les hommes de feu Idriss Déby ont perdu quatre des leurs et ont dénombré 16 blessés dans leur camp, dont de très graves.
Problème : conformément à leur réputation sulfureuse, les soldats tchadiens de la Minusma ne se sont pas contentés d’infliger une lourde défaite aux terroristes, ils les ont pourchassés jusque dans les maisons alentour, leur base est située à 200 mètres des habitations, et en ont au passage démoli quelques-unes. Pire encore, selon le collectif des ressortissants d’Aguelhok, les casques bleus se sont livrés à des exécutions extrajudiciaires, trois civils, qui se rendaient au centre de santé, ont été arrêtés et tués au sein même de la base de la mission de maintien de la paix ! Un berger a, lui, été assassiné devant son fils alors qu’il accompagnait son troupeau.
La situation s’est encore aggravée le 5 juin lors de la traque par les forces françaises, aidées des Tchadiens, de Baye Ag Bakabo, un des auteurs de l’enlèvement des journalistes de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupond. Trop c’est trop pour les populations et la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA) qui demandent la délocalisation de ce camp et la justice pour les civils exécutés. Elles multiplient les manifestations afin de faire plier la Minusma et permettre aux déplacés de regagner leurs foyers.
El-Gassim Wane dans l’embarras
Dès son arrivée à la tète de la Minusma, El-Gassim Wane, qui a succédé au Tchadien Mahamat Sahel Annadif, a trouvé cet épineux dossier sur son bureau en arrivant. Si le chef de cette mission a consenti du bout des lèvres à ouvrir une enquête sur « les allégations de violation des droits de l’homme formulées contre ses troupes » il ne veut toujours rien entendre sur la délocalisation du camp hors de la ville.
Dans un premier temps, il a proclamé un non ferme, puis a promis d’assouplir sa position en promettant d’étudier le dossier. Finalement, il a refermé la porte entrebâillée en laissant clairement entendre de manière assez peu diplomatique que les habitants d’Aghelhok étaient manipulés par les terroristes « des individus aux desseins inavoués incitent régulièrement les populations de la ville d’Aguelhok, dans la région de Kidal, à quitter leurs domiciles, au prétexte que leur vie serait menacée du fait de la présence d’un camp de la MINUSMA dans la localité. »
Les positions des deux côtés se sont donc radicalisées, « on ne lâche rien » semblent dire les habitants et leurs soutiens. El-Gassim Wane, confronté à ce premier dossier, a choisi de passer un compromis avec les Forces armées maliennes et leurs alliés du groupe Wagner. Et cela, contre les termes même de la mission qui lui est impartie par la communauté internationale.
Nicolas Beau
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