Crédit Photo. Antonio Costa. Wikimedia commons
Le Portugal s’est réveillé le 7 novembre avec la nouvelle que des perquisitions étaient en cours dans 42 endroits, parmi lesquels plusieurs ministères et le cabinet du Premier ministre, António Costa. L’opération visait à clarifier des soupçons de favoritisme envers des particuliers concernant l’installation de deux mines de lithium dans le nord du pays, d’un centre de données informatiques et d’un projet d’hydrogène « vert », tous deux à Sines, dans le sud du pays.
Démission du Premier ministre et nouvelles élections
Au terme d’une matinée ahurissante, cinq personnes, dont le chef de cabinet du Premier ministre et un homme d’affaires considéré comme son « meilleur ami », ont été arrêtées ; le ministre de l’Infrastructure, João Galamba, a été désigné comme accusé. Dans l’après-midi, la police a retrouvé 75 800 euros en espèces cachés dans le bureau du premier secrétaire du Premier ministre. Dans le même temps, le ministère public a annoncé qu’António Costa faisait l’objet d’une enquête indépendante, soupçonné d’avoir agi pour faciliter les procédures liées aux mines de lithium et aux usines d’hydrogène vert.
En début d’après-midi, le Premier ministre a démissionné, ce qu’a accepté le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa.
Cela met fin, de manière inattendue, à un gouvernement qui paraissait solide, puisque le Parti socialiste dispose seul de la majorité des députés à l’Assemblée de la République. António Costa a démissionné après presque huit ans au poste de Premier ministre.
En acceptant sa démission, le président de la République avait deux possibilités : soit il demandait au PS de nommer un autre Premier ministre, soit il dissolvait l’Assemblée de la République et convoquait des élections anticipées. Cette deuxième option a été choisie par Marcelo Rebelo de Sousa, au grand dam du PS, qui avait proposé Mário Centeno, président de la Banque du Portugal et ancien président de l’Eurogroupe, comme successeur de Costa.
Promiscuité dirigeants et affaires
Toutefois, l’enquête du ministère public se distingue par son manque de transparence. Comme c’est malheureusement habituel, la seule source d’information sur le processus est constituée par les articles de presse fondés sur des fuites.
Le Bloc de Gauche, exigeant des éclaircissements du procureur général de la République sur l’étendue et la nature des soupçons qui motivent l’enquête sur António Costa, considère, quelles que soient les conclusions présentées, que les faits révélés jusqu’à présent sont un autre exemple de la facilité et de la rapidité avec laquelle sont satisfaits les intérêts les plus influents — traités comme « intérêt national » — et la lenteur et la retenue de la réponse aux besoins sociaux de la majorité. Cette différence abyssale reflète la promiscuité entre la politique et les affaires.
Le Bloc ne se lasse pas de dénoncer le parcours de personnes comme Lacerda Machado (la « meilleure amie » que Costa a impliquée comme consultante externe dans plusieurs processus gouvernementaux), qui passent volontiers de postes publics à des cabinets de conseil privés qui les embauchent en raison de leurs bonnes relations dans la sphère du gouvernement. Le Bloc n’a donné aucun répit aux éternels adeptes de ces portes tournantes.
« Ce n’est pas ça la gauche », déclare Mariana Mortágua, coordinatrice du Bloc. « Il existe une gauche digne de confiance qui a toujours lutté contre la promiscuité entre la politique et les affaires. » Une gauche qui a également lutté contre les restrictions budgétaires croissantes imposées par le gouvernement qui détruisent le Service national de Santé, contre la politique de prestations privées qui a créé la plus grande crise du logement de mémoire du pays. Cette gauche luttera pour se renforcer lors des élections du 10 mars.
Luis Leiria - Esquerda.net