Dix mois après avoir signé un protocole avec son partenaire chinois traditionnel, le groupe d’électricité China Guangdong Nuclear Power Corp (CGNPC) (Le Monde du 2 février), Areva devrait rapidement finaliser cet accord pour la vente de deux EPR (European pressurized water reactor), le réacteur de troisième génération déjà en construction en Finlande et en France, sur le site EDF de Flamanville (Manche). La centrale de Yangjiang sera le plus gros contrat signé par l’entreprise française, numéro un mondial du nucléaire, depuis sa création en 2001.
La finalisation de l’accord, révélée par Le Figaro du 26 juillet, devrait intervenir le 30 juillet, selon une source proche du dossier. La ministre de l’économie et des finances, Christine Lagarde, se rendrait en Chine ce jour-là, où Areva, EDF et CGNPC signeraient une lettre d’intention donnant corps à un contrat dont ni le montant ni les termes n’ont été révélés. Un EPR (bâtiment, îlot nucléaire, turbine conventionnelle…) coûte plus de 3 milliards d’euros. On ignore également l’importance des transferts de technologies. Début février, Areva et EDF étaient déjà « en discussions avancées » avec leurs partenaires chinois. La signature achoppait alors sur le contenu du partenariat industriel, Areva souhaitant fournir des unités clés en main et l’électricien chinois préférant que le groupe français intervienne comme simple fournisseur.
La vente prochaine de deux EPR confirme la bonne position d’Areva et d’EDF en Chine, où ils avaient déjà fourni quatre réacteurs de deuxième génération dans les années 1980 et 1990 pour les centrales de Daya Bay et de LingAo aussi implantées dans cette province du Sud.
C’est une bonne nouvelle pour le groupe dirigé par Anne Lauvergeon, qui a récemment essuyé deux revers importants : le retard de dix-huit mois à deux ans du chantier de construction du réacteur finlandais d’Olkiluoto et la perte d’un contrat de quatre réacteurs de troisième génération en Chine au profit de Toshiba-Westinghouse.
Avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Afrique du Sud, la Chine est l’un des marchés prioritaires pour Areva et EDF. Le pays n’exploite que dix réacteurs. Il prévoit la construction de quarante unités supplémentaires d’ici à 2020 pour répondre à une demande d’électricité qui progressera de 7,6 % par an d’ici à 2015 avant de ralentir ensuite, indique l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Dans quinze ans, le nucléaire ne fournira pourtant que 4% de l’électricité consommée dans le pays (contre 2% actuellement). L’essentiel du courant sera encore fourni par les centrales au charbon, les plus polluantes. Ce qui explique que la Chine soit devenue en 2007 le premier émetteur de CO2 de la planète, devant les Etats-Unis.