Ensemble : à l’Invalidenpark à Berlin Photo : Carlo Mariani
BERLIN/HAMBOURG taz | « Aujourd’hui n’est pas un jour de travail - aujourd’hui est un jour de grève », tel était le mot d’ordre. Le syndicat Verdi et le mouvement climatique Fridays for Future ont manifesté ensemble vendredi dans plus de 100 villes pour de meilleures conditions de travail et une meilleure protection du climat. Attac, Greenpeace ont également participé,
l’Arbeiterwohlfahrt [« bien-être des travailleurs », association qui correspond au Secours populaire en France ndt) et le BUND [l’importante fédération des associations de protection de l’environnement ndt] avaient appelé à protester pour un « changement dans la politique des transports et de la mobilité, socialement équitable et respectueux du climat ». Les trains et les bus étaient à l’arrêt, entre autres à Berlin, dans le Brandebourg, à Brême, à Hambourg, en Hesse, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie et dans le Bade-Wurtemberg.
Des « milliers » de personnes se sont mobilisées dans toute l’Allemagne, selon une déclaration commune publiée dans l’après-midi. Fridays for Future a estimé que cette journée d’action était « un grand succès ». Le « diktat d’austérité du gouvernement tricolore met notre avenir en danger », a déclaré Darya Sotoodeh de Fridays for Future. Aujourd’hui, « nous avons clairement montré que nous ne pouvons plus continuer à accepter que les décisions a politique se prennent au détriment du climat, des travailleurs et des utilisateurs des moyens de transport ».
À l’Invalidenpark de Berlin, les manifestant.e.s ont réclamé , sous le mot dièse #NousCheminonsEnsemble, des temps de retournement plus longs sur toutes les lignes et 500 euros de prime de vacances par an. En outre, ils demandent que les capacités des transports publics soient doublées d’ici 2030.
Manifestement, cette alliance entre les Fridays et les Verdi avait un caractère encore inhabituel dans l’esprit de beaucoup de participant.e.s. Alors qu’au début, les syndicalistes en gilet jaune et les jeunes militant.e.s étaient plutôt séparé.e.s, la foule s’est de plus en plus mélangée au fil des discours. Deux chauffeurs de bus se sont réjouis de la présence de jeunes supporters : « Ensemble, nous sommes plus forts ! » Les actions de collage de « Dernière Génération » les avaient parfois rendus critiques à l’égard du mouvement, mais ils se sont maintenant félicités de l’union avec Fridays for Future.
Une pétition avec plus de 200.000 signatures
« La protection du climat et le conflit social vont de pair, et c’est pourquoi nous descendons ensemble dans la rue », a souligné Mathias Kurreck. Le chauffeur de bus et délégué du personnel à la BVG est certain que la protection du climat ne peut être atteinte que par un « changement de politique des transports socialement juste pour les employés et les passagers ». Les employés du transport urbain transportent 28 millions de passagers par jour et réduisent ainsi lesémissions de CO2 de 9,5 millions de tonnes par an. Alors qu’en Allemagne le nombre de passagers ne cesse d’augmenter, le nombre de personnes qui assurent le fonctionnement des transports publics diminue .
La cheffe du groupe parlementaire des Verts, Katharina Dröge, et le vice-président du groupe parlementaire du SPD, Detlev Müller, se sont vu remettre une pétition pour un développement socialement acceptable des transports en commun, munie de plus de 200 000 signatures. Les autres groupes parlementaires n’avaient pas répondu à l’invitation.
Devant la maison des syndicats à Hambourg aussi, les gilets jaunes et les drapeaux rouges de Verdi se pressent. A 11h30, le cortège se met en marche - un policier compte environ 2.500 participants*. Parmi eux, Frank Johannson, chauffeur de bus, qui porte son jeune fils sur ses épaules. Il a accroché une pancarte avec le message suivant : « Papa a besoin de plus de temps pour moi ».
Selon Johannson, les horaires de travail de son métier gâchent beaucoup de choses dans la vie de famille. Son collègue Thorsten Hukriede est d’accord. Le chauffeur de bus trouve l’association avec Fridays for Future excellente. « Nous espérons que cela permettra à davantage de personnes, y compris les jeunes, de comprendre nos revendications », dit-il.
« Une grève par vagues » depuis lundi
De plus, les objectifs sont complémentaires : « Nous sommes les sauveurs du climat par excellence. Tous ceux qui utilisent les transports en commun ne conduisent pas de voiture ». Le cortège fait une pause devant le bâtiment de la société Hochbahn, les grévistes font du bruit avec des sifflets, des crécelles, des sirènes. Et un représentant de Verdi lance au micro : « Vous pouvez constater notre détermination ! » Déterminée, l’alliance remet une pétition pour de meilleures conditions de travail dans les transports publics au sénateur des finances de Hambourg, Andreas Dressel, devant l’hôtel de ville de Hambourg. Environ 12.500 personnes l’ont signée
Verdi avait appelé les quelque 90.000 employés des transports publics communaux de toute l’Allemagne à une « grève par vagues » depuis lundi. Les 130 entreprises communales de tous les Länder, à l’exception de la Bavière où la convention collective n’a pas encore été dénoncée, étaient concernées.
Kai Schöneberg