Au fur et à mesure que les campements s’érigent dans tout le pays, les étudiant·es appellent pacifiquement à se désinvestir de l’oppression exercée par Israël sur les Palestinien·nes. En réponse, de nombreuses administrations scolaires invitent la police sur les campus pour réprimer violemment les étudiant·es.
Depuis plus de six mois, des dizaines de milliers de Juifs et de Juives et d’innombrables autres personnes de conscience se sont battu·es pour mettre fin au génocide qu’Israël commet contre les Palestinien·nes de Gaza. Nous continuons à exiger que l’administration Biden mette fin à son soutien à l’armée israélienne.
Le plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam
Alors que le mouvement en faveur d’un cessez-le-feu prend de l’ampleur, des milliers d’étudiant·es à travers le pays se sont organisés pour demander à leurs universités de couper les liens avec le régime d’apartheid israélien. Plus d’une centaine de campements de solidarité avec Gaza ont été établis sur les campus à travers le pays, se réappropriant l’espace en tant que « zones libérées » et universités populaires pour Gaza ». Les sections étudiantes de Jewish Voice for Peace ont participé à l’organisation d’au moins 47 de ces campements.
À l’université de Chicago, les étudiant·es ont créé l’« université populaire pour Gaza » sur la cour principale du campus de l’université de Chicago. Des panneaux peints portant les messages « Disclose, divest, and repair » et « In solidarity with Gaza forever » ont été érigés autour du campement. À l’université du Minnesota, des centaines d’étudiant·es protestataires ont planté des dizaines de tentes lundi, se donnant la main pour protéger le campement après avoir été menacés d’arrestation.
Et ainsi de suite, dans plus d’une centaine de campus à travers le pays.
En réponse à ces manifestations pacifiques d’étudiant·es contre la guerre et le génocide, de nombreuses administrations scolaires ont invité la police à pénétrer sur le campus pour y mener des actions de répression violentes.
Répression violente à l’Université de Columbia et au City College
À l’université de Columbia, les négociations ont échoué et l’université a commencé à prononcer de nouvelles suspensions lundi. En réaction, des centaines d’étudiant·es et de professeur·es de Columbia ont occupé le Hamilton Hall, l’un des bâtiments occupés par les étudiant·es manifestant contre la guerre en 1968. Les professeur·es ont joint leurs armes à celles des étudiant·es pour protéger les manifestants à l’intérieur.
Les étudiant·es ont rebaptisé le bâtiment occupé « Hind’s Hall », en hommage à Hind Rajab, 6 ans, assassinée avec sa famille par l’armée israélienne à Gaza. Pendant des heures, Hind s’est vidée de son sang alors que les forces israéliennes tiraient sur les ambulances qui tentaient de l’atteindre.
Mardi soir, l’administration de Columbia a de nouveau fait appel à la police contre ses propres étudiant·es. Alors que les étudiant·es journalistes étaient confiné·es dans le Pulitzer Hall et qu’on leur disait qu’elles et ils seraient arrêté·es si elles et s’ils le quittaient, des centaines de policiers de la police de New York en tenue anti-émeute ont envahi le campus de Columbia pour disperser par la force le campement et déloger les étudiant·es qui occupaient le Hind’s Hall. Les policiers ont déployé un véhicule blindé pour entrer dans Hind’s Hall et ont brutalisé les dizaines d’étudiant·es protestataires qui ne faisaient rien d’autre qu’occuper pacifiquement un bâtiment sur leur propre campus.
Une vidéo montre un manifestant jeté dans les escaliers ; une autre montre des policiers entrant dans le Hind’s Hall, armes au poing, pour affronter les étudiant·es manifestant·es non armé·es qui se trouvaient à l’intérieur. À quelques kilomètres de là, des dizaines de policiers ont été déployés dans le cadre d’un raid simultané visant à réprimer les manifestant·es à CCNY, où la police a également fait un usage excessif de la force à l’encontre d’étudiants pacifiques, procédant à des dizaines d’arrestations. Dans toute la ville, des centaines de manifestant·es ont été arrêté·es.
À l’antenne, un journaliste étudiant de la station de radio de Columbia a retenu ses larmes en apprenant que le président de Columbia, Minouche Shafik, avait demandé à la police de New York de rester sur le campus jusqu’à la fin de l’année scolaire.
Violente répression à l’UCLA
À l’UCLA, l’organisation pro-apartheid Stand With Us a financé des dizaines de milliers de dollars pour faire venir des agitateurs sionistes sur le campus, où ils ont encerclé des étudiant·es manifestant·es pacifiques et les ont empêchés de partir. Dans une vidéo, on voit une femme brandissant un drapeau israélien crier aux étudiant·es : « Allez en Palestine. J’espère qu’ils vous violeront ».
Mardi soir, des vigiles sionistes masqués venus de l’extérieur du campus ont tenté de démolir le campement des étudiant·es. Ils ont frappé les étudiant·es avec des battes, jeté des briques, aspergé de gaz lacrymogène et tiré des feux d’artifice sur les manifestants, le tout sous les yeux de la police de Los Angeles. Plus tard dans la nuit, des journalistes étudiant·es de l’UCLA qui marchaient sur le campus ont été suivi·es et agressé·es par des contre-manifestant·es sionistes.
Violente répression dans tout le pays
Alors que des dizaines de campements sont érigés à travers le pays, les étudiants·e qui appellent pacifiquement au désinvestissement de l’oppression des Palestinien·nes par Israël sont confrontés·e à une répression de plus en plus violente de la part de l’État.
Des policiers en tenue anti-émeute ont été appelés pour nettoyer les campements par la force, et plus de 1 000 étudiant·es ont été arrêté·es au total. Des vidéos prises lors de descentes de police ont montré des étudiant·es et des professeur·es jeté·es au sol, menotté·es, bousculé·es, battu·es et traîné·es par des policiers militarisés.
Dans tout le pays, les policiers utilisent des sprays au poivre, des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes contre des étudiant·es, dont beaucoup sont encore adolescent·es, à la demande des administrateurs universitaires qui prétendent se soucier de leur sécurité. À l’université d’État de l’Arizona, des vidéos ont montré des policiers en train d’enlever les hijabs de manifestantes musulmanes. À Tulane, la police montée a traversé le campement des étudiant·es.
Les agitateurs pro-israéliens font également tout ce qui est en leur pouvoir pour salir les manifestant·es et faire fermer les campements par la force. Lorsqu’un homme brandissant un drapeau israélien s’est présenté au campement de solidarité avec Gaza de l’université de Northeastern et a crié « tuez les juifs », l’université a fait arrêter 100 étudiant·es protestataires pro-palestinien·nes en réponse. L’administration de Northeastern a justifié la répression dans une déclaration citant cette menace antisémite – en négligeant de préciser que c’était un provocateur pro-israélien qui avait proféré cette menace.
Il est clair que la seule violence qui se produit sur les campus américains est perpétrée par l’État et les agitateurs sionistes. Pourtant, les médias américains et les politiciens pro-génocide se sont donné beaucoup de mal pour dépeindre les manifestations pacifiques d’étudiant·es contre la guerre comme des foules violentes et antisémites, afin de justifier la répression de plus en plus brutale du droit de manifester.
Nous pouvons gagner – lorsque nous nous organisons.
Les tentatives de dénigrement du plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam ne nous détourneront pas du travail urgent à accomplir : mettre fin au génocide à Gaza. Les Palestinien·nes creusent avec leurs mains pour déterrer les corps de leurs proches enveloppé·es dans du plastique et jeté·es dans des fosses communes à l’extérieur des hôpitaux Nasser et Al-Shifa, certain·es d’entre elleux ayant les mains liées, d’autres étant toujours reliés à des canules. Concentrez-vous.
Nos mouvements continuent d’être inspirés par la fermeté de ces étudiant·e courageuses/ourageux face à la violence de l’État et aux attaques incessantes contre leur personne.
Parce que lorsque nous nous organisons, nous voyons des résultats. Lundi, après cinq jours consécutifs de manifestations, les étudiant·es de Northwestern ont obtenu une série de concessions de la part de leur université, notamment une plus grande transparence sur les investissements de l’école. À New York, plus de 90% des étudiant·es de Barnard ont voté en faveur du désinvestissement de l’apartheid israélien, et à Rhode Island, les étudiant·es ont réussi à faire pression sur les administrateurs de l’université Brown pour qu’ils organisent un vote sur le désinvestissement.
Notre solidarité est plus forte que celles et ceux qui cherchent à nous diviser et à nous dresser les un·es contre les autres. Mais notre travail ne fait que commencer. Près de sept mois après le début du génocide perpétré par le gouvernement israélien, nous continuons à nous battre pour obtenir un cessez-le-feu permanent. Alors que les étudiant·es de tout le pays tiennent bon et intensifient leurs tactiques face à la violence croissante de l’État, il est essentiel que nos mouvements maintiennent l’élan que nous avons créé.
Soutenez les étudiant·es qui protestent contre le génocide.
Les étudiant·es font l’objet d’une répression de plus en plus violente pour avoir manifesté pacifiquement. Voici trois façons de les soutenir :
Suivez les principales organisations étudiantes sur les médias sociaux et diffusez largement leurs alertes et leurs demandes.
Soyez prêt·es à vous rendre sur place lorsque les étudiant·es ont besoin de renforts communautaires et à apporter le matériel demandé.
Soyez attentifs aux demandes de soutien financier émanant de manifestant·es confronté·es à la répression étatique et institutionnelle.
JEWISH VOICE FOR PEACE
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