En agissant de manière solidaire, nous réalisons à quel point nos luttes sont imbriquées les unes dans les autres. Le fait de s’inscrire dans quelque chose de plus grand nous permet de sortir de notre isolement. La solidarité nous encourage à partager nos ressources et nos connaissances, ce qui contribue à assurer une plus grande sécurité à nos communautés. Enfin, la solidarité est essentielle pour accroître le poids dont nous avons besoin pour instaurer un monde où tous les peuples - des États-Unis à la Palestine - vivront dans la liberté, la justice, l’égalité et la dignité.
Les partisans du génocide perpétré par Israël savent que c’est lorsque nous unissons nos efforts que nous sommes les plus forts. C’est pourquoi ils sont si déterminés à nous monter les uns contre les autres.

Sortir de l’isolement
La pratique de la solidarité nous aide à nous comprendre mutuellement. Lorsque nous luttons les un.e.s avec les autres et les un.e.s pour les autres, nous découvrons que nous ne sommes pas seul.e.s et nous nous sentons mieux à même d’agir collectivement pour construire l’avenir que nous voulons tou.te.s.
Ainsi par exemple, les groupes pro-Israël ont éludé les critiques relatives à l’oppression des Palestiniens en mettant en avant le bilan d’Israël en matière de droits des LGBTQ, (« pinkwashing »). Les participant.e.s à la Denver Pride ont dénoncé ce discours erroné et dangereux. En affirmant que la lutte des Palestiniens est « notre » lutte, ils ont envoyé un message clair : Vous n’avez pas à choisir entre votre identité de genre ou votre orientation sexuelle et votre soutien à la liberté palestinienne.
L’apartheid est fondamentalement incompatible avec la libération queer. Comme tous les Palestiniens, les Palestiniens homosexuels sont incarcérés, dépossédés de leurs maisons et de leurs terres, et massacrés parce qu’ils sont Palestiniens. Alors qu’Israël est vanté comme un haut lieu de la tolérance, la police israélienne se sert de l’identité des Palestiniens homosexuels pour leur faire du chantage et les piéger.
En effet, la solidarité implique de ne pas faire de faux choix. Si nos luttes sont liées, la liberté des uns ne peut jamais être obtenue au détriment de celle des autres.
Partager les ressources et les connaissances
Quand on travaille ensemble, on peut partager des connaissances et des compétences. C’est particulièrement important en temps de crise. C’est également ainsi que nous donnons un sens à nos luttes communes et que nous construisons un mouvement à même de nous unir.
La pratique de la solidarité nous donne plus de sécurité. Lors du soulèvement de Ferguson en 2014, déclenché par l’assassinat par la police de l’adolescent noir Michael Brown, des Palestiniens vivant à des milliers de kilomètres ont envoyé des messages de soutien aux manifestant.s qui étaient confrontés aux violences policières, notamment des conseils sur la manière de se protéger des gaz lacrymogènes.
En partageant nos expériences, nous découvrons que nous sommes opprimé.e.s par des forces souvent de même nature, et que nous pouvons leur résister ensemble. Nos mouvements s’en trouvent renforcés. En 2015, plus de 1 000 militants noirs, dont Angela Davis et Patrisse Cullors, cofondatrice de Black Lives Matter, ont signé une déclaration de solidarité avec les Palestiniens. Ils y évoquaient les tactiques communes de leurs oppresseurs :
« Le recours généralisé d’Israël à la détention et à l’emprisonnement des Palestiniens évoque l’ incarcération massive des Noirs aux États-Unis. Les soldats, la police et les tribunaux justifient le recours à la violence meurtrière contre nous et nos enfants alors qu’ils ne représentent aucune menace imminente. Et même si les États-Unis et Israël continuaient à nous opprimer sans collaborer ensemble, nous avons bien constaté que des policiers et des soldats des deux pays s’entraînaient main dans la main ».
Entre 2015 et 2022, des militants du mouvement Black Lives Matter se sont rendus à plusieurs reprises en Palestine, où ils ont pu s’informer directement auprès des Palestiniens sur leur lutte pour la libération. Ces militant.e.s se sont appuyé.e.s sur la longue histoire de la solidarité entre Noir.e.s et Palestinien.ne.s, et sur une reconnaissance mutuelle du fait que les forces du colonialisme, qui sont à l’œuvre par l’intermédiaire des gouvernements des États-Unis et d’Israël, oppriment à la fois les communautés noires aux États-Unis et les Palestinien.ne.s en Palestine.
Reconnaître que nos oppresseurs sont les mêmes est le moteur de l’organisation intersectionnelle. C’est dans ce contexte que JVP a lancé la campagne Deadly Exchange (échange meurtrier) en 2017, qui vise à mettre fin à la coopération entre les forces de police américaine et israélienne.
Trouver la force dans l’unité
Nous sommes beaucoup plus puissants lorsque nous agissons ensemble que lorsque nous sommes seuls. Agir en solidarité nous rend plus résilients et nous aide à atteindre nos objectifs communs.
Le changement climatique est le défi le plus grave - et le plus redoutable - auquel nous sommes confrontés. Tous nos mouvements auront besoin de s’unir pour y faire face.
Le mouvement pour une Palestine libre ne peut être dissocié de la lutte pour une planète vivable. Les deux premiers mois de la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza ont produit près de 300 000 tonnes de dioxyde de carbone. C’est plus que ce que vingt pays « climatiquement vulnérables » peuvent produire en une année entière.
En mars 2024, l’armée israélienne avait complètement détruit ou endommagé près de la moitié des arbres de Gaza. Elle a rasé d’immenses étendues de terres agricoles et détruit des vergers et des serres. Les dizaines de milliers de bombes larguées sur Gaza ont contaminé les eaux souterraines et le sol, la pollution de l’air est montée en flèche et, en raison des coupures de carburant délibérées, les eaux usées se déversent dans la mer. Les écosystèmes et la biodiversité de Gaza ont été saccagés.
Le « coût carbone » estimé de la reconstruction de Gaza est stupéfiant : La reconstruction de cette petite enclave produira probablement 30 millionsdetonnesdeCO2 et d’autres gaz « à effet de serre », soit à peu près ce qui est émis annuellement par la totalité de la Nouvelle-Zélande.
La libération par la solidarité
Nos oppresseurs sont les mêmes : l’impérialisme, la suprématie blanche et le capitalisme, qui sont eux-mêmes étroitement liés. Cela signifie que nos luttes de libération sont liées. Cela signifie également que la lutte pour une Palestine libre est une lutte intrinsèquement anti-impérialiste, anticapitaliste et antiraciste.
Les États-Unis fournissent chaque année des milliards en armes et en financement militaire à Israël, de l’argent qui pourrait et devrait être consacré aux soins de santé, à l’éducation et au logement, et non à l’armement d’un État d’apartheid ; les mêmes armes déployées contre les manifestant.e.s partout aux États-Unis sont utilisées - et souvent testées en premier - sur les Palestinien.ne.s dans toute la Palestine historique ; et la guerre génocidaire d’Israël contre Gaza alimente la crise climatique. Aucun d’entre nous ne sera libre tant que les Palestiniens ne le seront pas.
C’est pourquoi nous rejetons l’idée que la sécurité des Juifs puisse se réaliser au détriment de la liberté des Palestiniens. Nous le rejetons non seulement parce que nous pensons que les Palestiniens, comme tous les autres peuples, méritent de vivre dans la dignité et la sécurité, mais aussi parce que la libération pour certain.e.s seulement, ça n’existe pas. La seule voie à suivre est celle de la libération collective.
Jewish Voice for Peace (Voix juive pour la paix)