Il s’agit donc du résultat de la compilation de toutes les données disponibles depuis le milieu du XIXe siècle à propos des 253 espèces qui ont été notées, nicheuses ou de passage, régulières ou occasionnelles, de l’Outarde barbue au Vautour fauve, en passant par le Fou de Bassan et le Petitduc scops !
La richesse peut surprendre pour un aussi petit département (236 km2), à l’image tellement associée au milieu urbain (par souci de cohérence de territoire, la zone d’étude déborde un peu de la SeineSaint Denis en intégrant l’ensemble du parc Georges Valbon et de l’aéroport RoissyCharlesdeGaulle). Cela dit, ceux qui ne connaissent ce département que par les chaînes d’informations en continu liront avec profit sa présentation et découvriront une richesse inattendue en milieux naturels… La surprise s’accroîtra probablement encore en apprenant que ce département abrite la seule zone Natura 2000 d’Europe à être définie en zone urbaine !
La partie principale de l’ouvrage est, comme on s’y attend, consacrée aux monographies décrivant le statut de toutes les espèces identifiées en Seine SaintDenis, depuis la Grande Outarde tuée pendant l’hiver 18891890, jusqu’aux dernières observations de l’été 2020 (voire plus récemment pour certaines).
Pour les espèces les mieux connues, les auteurs présentent, en plus de leur statut local, régional, national et européen, leurs principales caractéristiques biologiques, leurs zones de nidification, les dates de passage avec les effectifs les plus importants observés en stationnement ou lors des passages migratoires. Quand des données plus précises existent, elles sont présentées sous forme de graphique.
Pour certaines espèces, des taxons d’ordre inférieur sont étudiés séparément (Bergeronnettes printanières, Bouvreuil trompeteur, Pouillot véloce sibérien, …).
Signalons qu’après les espèces avérées et avec la liste de celles dont la détermination n’est pas totalement assurée, on trouvera une description des espèces pour lesquelles on manque de données précisément localisées mais dont la présence passée est plausible (Corneille mantelée, par exemple).
Tout aussi intéressant est le bilan final qui décrit les grandes lignes de l’évolution récente de l’avifaune séquanodionysienne, rassemblées par grands thèmes (changement climatique) ou par principaux milieux. Le bilan est évidemment inquiétant puisque, en plus des grands problèmes rencontrés par la biodiversité un peu partout, ici la pression de l’urbanisation est particulièrement marquée.
Ce genre d’ouvrage est d’une importance cruciale pour l’étude et la protection de la biodiversité, car il atteste à un niveau très local des conséquences des bouleversements actuels. Merci donc à Stéphane Chambris et Olivier Laporte d’avoir fait ce travail : on formule le vœu qu’il stimulera les énergies pour les départements franciliens qui en sont dépourvus (seuls l’Essonne et Paris ont à l’heure actuelle fait l’objet de travaux équivalents). Avis aux bonnes volontés !
Frédéric Malher
Version numérique de l’ouvrage (téléchargeable gratuitement) :
https://www.lpo-idf.fr/site/_fichiers/pages/oiseaux_de_seine_st_denis_ed2.pdf