La température, de 22,0°C en début de soirée (21h 20), s’est abaissée progressivement jusqu’à environ 18,3°C vers 1h 10 le 28 août. Absence de vent et ciel clair.
Nous avons profité des grilles de protection du terrain derrière la mare pour y tendre un des draps. L’autre étant posé au sol.
Nous avons déjà explicité l’intérêt des observations nocturnes des Hétérocères. Le lecteur pourra retrouver ces informations sur les précédents articles parus sur le site de Beaumonts-Nature en Ville (BNeV).
Les observations et photographies ont été réalisées majoritairement sur le drap blanc vertical éclairé par une lampe Lepiled (lampe à diodes électroluminescentes).
Divers insectes appartenant à d’autres ordres que celui des Lépidoptères ont également été attirés par ces radiations lumineuses : des punaises (hétéroptères), quelques diptères, des coléoptères et des hyménoptères.
Nous avons pu déterminer 48 espèces de papillons de nuit dont 4 sont « nouvelles » pour le parc des Beaumonts. La photo prise la nuit permet des distinguer de nombreux insectes posés sur le drap.
Drap éclairé par la LepiLED, Beaumonts, 28 août 2024, cliché André Lantz
LÉPIDOPTÈRES
Pour ne pas être trop fastidieux, ne seront présentés que les lépidoptères nouveaux ou plus ou moins remarquables. Une grande partie des 48 espèces ont déjà fait l’objet de commentaires sur le site de Beaumonts Nature en ville.
Voici le tableau récapitulatif des espèces observées.
A. Géomètres
Au moins 4 imagos de l’Acidalie dégénérée Idaea degeneraria (Hübner, [1799]) ont été attirés comme la fois précédente. Cette espèce présente une assez grande variabilité de coloration.
L’Horisme commun Horisme vitalbata (Denis et Schiffermüller, 1775) n’avait pas encore été répertorié sur le parc, alors que la clématite, plante nourricière de la chenille y est bien présente. 2 générations se succèdent. La première d’avril à mai et la seconde de juillet à août. Espèce assez répandue en banlieue, rarement observée en grand nombre selon Philippe Mothiron.
Horisme commun, Horisme vitalba, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Note : les Boarmies se distinguent assez bien des Horismes par la teinte générale grise voir noirâtre des ailes antérieures et postérieures. Les Horismes ne sont jamais grises mais ocres. Les lignes foncées médianes transverses des ailes antérieures se rejoignent souvent sur la partie interne de l’aile chez les Boarmies, alors qu’elles restent parallèles entre elles chez les Horismes.
La Lobophore verdâtre Acasis viretata (Hübner, 1799) est une espèce qui n’a été observée qu’en 2023 et donc retrouvée cette année. D’une belle couleur verte, des stries noires délimitent une aire médiane grise. Espèce bivoltine, l’adulte se rencontre entre mai et juin puis août-septembre. La chenille consomme les fleurs et fruits du troène, de la viorne et de la bourdaine. Cette espèce se trouve, selon Philippe Mothiron, dans les milieux arbustifs chauds. Largement répandu mais souvent localisé, elle est classée comme espèce vulnérable. C’est donc une bonne nouvelle de la retrouver cette année.
Lobophore verdâtre, Acasis viretata, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
B. Noctuelles
Beaucoup d’espèces différentes de celles de la session du début août.
Quelques espèces observées pour la première fois en 2023 sont revenues lors de cet inventaire.
Certaines se distinguent par leur coloration ou motifs. En particulier la Cythérée Thalpophila matura (Hufnagel, 1766) bien décorée avec ses ailes postérieures jaunes bordées de noirâtre. La chenille consomme les graminées de la famille des Poacées. L’adulte vole les mois de juillet et d’août. Elle se rencontre dans les milieux découverts et les jardins.
La Cythérée, Thalpophila matura, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Le Crochet Laspeyria flexula (Denis & Schiffermüller, 1775) présente des ailes antérieures en forme de faux. Avec ses lignes transversales et ses deux points noirs elle ressemble davantage à un imago de la famille des Drepanidae comme le Hameçon (Watsonalla binaria (Hufnagel, 1767). Espèce bivoltine, sa chenille consomme les lichens dont Xanthoria parietina assez commun aux Beaumonts. C’est la seconde année que nous l’observons au par des Beaumonts.
Le Crochet Laspeyria flexula, Beaumonts, 27-28 mai 2024, cliché André Lantz
La soyeuse, Rivula sericealis (Scopoli, 1763) n’avait jamais fait l’objet d’une observation avant cette année. Nous l’avions vu lors de la séance du début août. Cette espèce n’est pourtant pas rare et souvent on peut la débusquer en journée. Elle aime les milieux ouverts. La chenille consomme des graminées de la famille des Poacées. Elle vole de mai à octobre en plusieurs générations. L’adulte est de petite taille dont l’envergure ne dépasse pas 22mm. L’aile antérieure est jaune d’or avec une macule brune.
La soyeuse, Rivula sericealis, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Déjà observée de jour en 2015 et 2016 la Bryophile du lichen Nyctobrya muralis (Forster, 1771) a été revue lors de cette session. Sa chenille se nourrit de lichens. Alors que Philippe Mothiron notait en 1997 : « Répandu mais assez peu commun, de préférence dans les localités chaudes, semble avoir régressé en proche région parisienne ». Patrice Leraut indique en 2019 son expansion au niveau de Paris. L’adulte vole de juin à septembre. La coloration de l’adulte est très variable. Le fond de l’aile va du vert au blanc et le contraste des lignes courbes plus ou moins marqué.
La Bryophile du lichen, Nyctobrya muralis, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
La photo suivante illustre une autre forme de cette espèces prise dans le même secteur.
La Bryophile du Lichen Nyctobrya muralis, sur un mur le long du parc des Beaumonts, 1er août 2015, cliché André Lantz
La Caradrine ambiguë Hoplodrina ambigua ( Denis & Schiffermülle, 1775) fut observée pour la première fois. Cette espèce est pourtant très commune. Son envergure est d’une trentaine de mm. Les ailes antérieures sont brun clair. Les deux taches (la réniforme et l’orbiculaire) cernées d’un liséré clair. Les ailes postérieures sont blanches. La chenille se trouve sur diverses plantes basses. Cette espèce est aussi migratrice. Vole de mars à novembre en plusieurs générations.
La Caradrine ambiguë Hoplodrina ambigua, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
La Leucanie vitelline, la Délicate Mythimna vitellina ( Hübner, 1808) est pourtant une espèce assez commune qui n’avait pas encore été répertoriée. Sa chenille consomme les graminées à feuilles tendre. 2 générations se succèdent : de mai à juillet puis d’août à novembre.
La Leucanie vitelline, Mythimna vitellina, Beaumonts, 27 août 2024, cliché Axel Dehalleux.
C. Pyrales
Davantage d’espèces par rapport au début du mois avec une surprise. La venue d’un migrateur : La pyrale du jasmin Palpita vitrealis (Rossi, 1794).
La pyrale du jasmin Palpita vitrealis, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Cette très belle et grande espèce présente des ailes au reflet satiné. Seule la côte de l’aile antérieure est ocre. Un petit point discal est présent également sur l’aile antérieure. Comme d’autres espèces du même genre, le mâle porte une touffe de poils. Ils sont blanc et noir pour cette espèce. La femelle n’en possède pas. La chenille prospère sur le jasmin mais aussi sur l’olivier, le frêne, le troène, le Forsythia. P. Leraut indique : Assez commun dans le sud de la France, plus rare au niveau de Paris. Ne semble pas avoir été observée en Seine-Saint-Denis.
Nous avons revu également la pyrale du buis Cydalima perspectalis (Walker, 1859). Elle avait fait son apparition en 2014 dans le parc, puis elle avait un peu disparue pour revenir il y a 4 ans.
2 imagos se sont posés sur le drap.
Une troisième observation dans le parc d’un imago de la famille des Galleriinae : la Fausse-Teigne des Thérésiens, Lamoria anella (Denis et Schiffermüller, 1775).
Nous n’avons compté qu’une phycide de l’espèce Homeosoma sinuella, la Phycide du Plantain , déjà observée de jour et de nuit sur le parc.
Une autre jolie Phycide, la Llythie incarnat Oncocera semirubella ( Scopoli, 1763). Chenille sur trèfles, lotiers, bugrane et autres Astéracées. Vole entre juin et septembre. L’imago observé possède une côte blanche à l’aile antérieure. Il s’agit de la forme sanguinella (Hübner, 1796). Cette forme avait déjà été observée plusieurs fois au parc. Cette espèce s’envole souvent de jour lorsqu’on traverse des prairies. La coloration s’atténue avec le temps et les exemplaires âgés sont plutôt gris.
la Llythie incarnat Oncocera semirubella, forme sanguinella , Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Une espèce assez souvent observée, l’Eudorée pâle, Eudonia pallida (Curtis, 1827) s’est posée sur le drap.
Un autre Botys ferrugineux Udea ferrugalis (Hübner, 1796). L’imago était plus contrasté que celui observé au début août.
Le Botys ferrugineux, Udea ferrugalis , Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
D. Tordeuses
Peu d’espèces lors de cette session.
Signalons 4 ou 5 Cochylide de la picride, Neocochylis hybridella (Hübner, 1813). Cette espèce avait été observée de jour dans les parties prairiales dans les années 2010. Chenille sur les fleurs et les graines de Picris hieracioides et sur Crepis. Elle préfère les talus, les coteaux sablonneux ou calcaires. Vole de juin à septembre. Cette espèce est commune et facilement déterminable sur des exemplaires frais.
La Cochylide de la picride Neocochylis hybridella , Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Une autre espèce du même genre est nouvelle pour le parc : La Cochylide sicilienne (La localité type est la Sicile) Neocochylis molliculana (Zeller, 1847). Sa taille est voisine de la précédente. Son biotope serait les abords des habitations et des friches selon P. Leraut. 2 générations se succèdent. La première en mai-juin, la seconde en août. Plante nourricière inconnue. En France, on la trouve sur le pourtour du bassin méditerranéen et sur la partie Ouest de la France. Atteint la région parisienne.
Neocochylis molliculana, Beaumonts 27-28 août 2024, cliché Axel Dehalleux.
Un imago de la Notocélie de la ronce, Notocelia uddmanniana (Linnaeus, 1758) a été attiré. Cette espèce a déjà été observée de jour sur les ronces, une de ses plantes hôtes. Avec sa grande macule dorsale brun pourpre, elle ne peut être confondue avec aucune autre espèce. On la rencontre de mai à septembre. Elle est répandue sur tout le territoire de la France.
La Notocélie de la ronce Notocelia uddmanniana, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
L’Épinotie changeante, Epinotia nisella ( Clerck, 1759). La chenille vit sur les saules et peupliers. Vole de juillet à octobre. Cette espèce commune n’avait pourtant été observée qu’une seule de fois de jour en 2010.
L’Épinotie changeante Epinotia nisella , Paris, Bois de Vincennes, 29 août 2011, cliché studio, André Lantz
COLÉOPTÈRES.
Après avoir vu en juin de cette année une femelle du ver luisant, Lampyris noctiluca (Linnaeus, 1758), lors de cette nuit un mâle adulte est resté sur le drap horizontal.
Mâle du ver luisant Lampyris noctiluca, Beaumonts, 27-28 août 2024
Comme l’an passé le Silphe des rivages, nécrophore noir, Necrodes littoralis (Linnaeus, 1758) s’est posé.
Le Silphe des rivages, ou nécrophore noir Necrodes littoralis, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
Des Galéruques de l’Orme, Xanthogaleruca luteola ainsi que plusieurs coccinelles et des Balanins (Charencons) ont également été attirées.
Notons aussi le coléoptère aquatique Berosus affinis (Brullé, 1835) de la famille des Hydrophilidae. (pas de nom commun ). Cette espèce se développe dans les eaux stagnantes ou légèrement courantes, douces ou saumâtres, en milieu découvert et bien végétalisé. Un autre petit coléoptère : Heterocerus fenestratus (Thunberg, 1784) appartenant à la famille des Heteroceridae. Cette petite espèce ne dépasse pas 4 mm et vit dans la boue ou la terre près des mares. Elle est détritiphage et s’observe bien à la lumière des lampes UV la nuit.
HÉTÉROPTÈRES
Punaises
Une punaise diabolique Halyomorpha halys (Stal , 1855) a été observée. ainsi que des punaises d’eau.
DIPTÈRES
Plusieurs tipules dont Tipula oleracea ont partagé le drap.
OPILION
Un opilion est resté la nuit sur le drap vertical. Il s’agit de l’espèce commune le Faucheur des murailles, Phalangium opilio (Linnaeus, 1758). Il n’avait que 6 pattes pour passer pour un insecte (hexapode) ! Les Opilions ne font pas partie des araignées car leur corps et unique et ne subdivise pas en un céphalothorax et un prosome. Ils ne possèdent pas de glandes sérigènes permettant aus araignées de construire une toile ou de recouvris de soie les proies. Cette espèce est nocturne et s’alimente de petites proies.
Le Faucheur des murailles, Phalangium opilio, Beaumonts, 27-28 août 2024, cliché André Lantz
André Lantz, avec l’aide de Pierre Rousset, et d’Axel Dehalleux le 31 août 2024
Littérature consultée :
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France I. Noctuelles 1997, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 19 d’Alexanor.
– Inventaire commenté des Lépidoptères de l’Île-de-France II. Géomètres 2001, Philippe Mothiron : supplément hors-série au tome 21 d’Alexanor.
– Papillons de nuit d’Europe, volume 2 Géomètres ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2009
– Papillons de nuit d’Europe, volume 6 Noctuelles 2 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2019
– Papillons de nuit d’Europe, volume 7 Microlépidoptères 1 ; Patrice Leraut,N.A.P. Éditions, 2023