Employé au Crédit agricole, il adhéra aux Jeunesses Socialistes à la Libération. Dans la région parisienne, Ils étaient actifs contre les guerres coloniales. En juin 1947, la direction de la SFIO décida de les dissoudre, accusés d’être gagnés au trotskysme. Il rejoignit alors avec d’autres le Parti communiste internationaliste (PCI), section française de la IVe Internationale, à laquelle il est resté fidèle jusqu’à ses derniers jours.
En 1952, le PCI se divisa entre les partisans de l’entrisme dans les organisations de gauche, en particulier le PCF en France, et ceux qui refusaient cette orientation. Il fut de ceux-là, majoritaires, avec Pierre Lambert et Marcel Bleibtreu. Cependant, des divergences et des tensions se firent jour , aboutissant à l’exclusion d’une dizaine de militants, parmi lesquels Marcel Bleibtreu, Michel Lequenne et lui-même. Ils constituèrent le « Groupe Bolchevik Léniniste » qui fut une des composantes de la Nouvelle Gauche à l’automne 1956.
Très actif dans le Mouvement des jeunes contre l’envoi du contingent en Algérie, Albert Roux adhéra à l’Union de la gauche socialiste (UGS) puis au PSU à sa création en 1960. Parallèlement, en 1961 Albert Roux adhérait au PCI minoritaire, très engagé dans le soutien au FLN algérien. Il donna sa signature au Manifeste des 121 pour le droit à l’insoumission. Très actif dans le soutien aux prisonniers algériens incarcérés en métropole, il sortit indemne du plastiquage de son appartement par l’OAS.
Après l’indépendance, il obtint du Crédit Agricole un détachement de coopération en Algérie. Passionné par la réforme agraire, il tenta de mettre ses compétences au service du nouvel État algérien. Après une période d’euphorie sous la direction de Ben Bella, la situation se dégrada très vite pour ceux qu’on allait appeler les Pieds Rouges. Dès son coup d’État, le Colonel Boumédiene prit des mesures très sévères contre Albert Roux, qui animait une cellule clandestine de la IV internationale à Alger, sans aucun lien avec les « pablistes », parmi lesquels Louis Fontaine. Contrairement à lui, il ne put échapper à l’arrestation et fut durement torturé. Une campagne menée en France permit leur libération et leur rapatriement en France.
Au Crédit Agricole, Albert Roux milita activement à la CGT. Mai 68 lui donna une nouvelle impulsion. A la LCR, il était avec son épouse Marie-Louise (professeur d’allemand, syndicaliste) à la cellule de Creil-Chantilly. L’Oise était alors le seul département où la Fédération de l’Education Nationale était dirigée par la tendance « révolutionnaire », l’Ecole Emancipée. Il fut candidat à l’élection législative de 1978 dans la 4e circonscription de l’Oise. Il participa aussi au travail antimilitariste. Il fut ainsi le référent de Pierre Vandevoorde , qui anima un comité de soldats au 58e RCT de Compiègne en 1978-1979. Fidèle compagnon de Michel Lequenne, c’est avec un scepticisme amusé, mais aussi avec beaucoup de sympathie pour leur enthousiasme, qu’il considérait les efforts volontaristes de tournant vers l’industrie de ses jeunes camarades à Louviers.
Il se retira à partir de 1981 en Provence. Il est mort de suites de plusieurs cancers en 2002, avec la satisfaction d’avoir voté contre Jean-Marie Le Pen par procuration.
Sources :
• Notice du Maitron
• Entretiens avec l’auteur