Avec une température moyenne de près de +3 °C par rapport au début du 20e siècle, 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée en France, suivie par 2023. Précipitations extrêmes, vagues de chaleur, sécheresse, feux de forêt… Les effets du dérèglement climatique sont déjà visibles, partout sur le territoire, et vont s’amplifier. Pour y faire face, les politiques climatiques s’organisent autour de deux volets indissociables : l’atténuation et l’adaptation.
L’atténuation vise à agir sur les causes du réchauffement climatique en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre (GES). L’adaptation concerne les conséquences du réchauffement climatique. Il s’agit de s’adapter aux conséquences actuelles du changement climatique et d’anticiper celles à venir pour réduire notre vulnérabilité.
La TRACC, le socle de la stratégie d’adaptation de la France au changement climatique
Aujourd’hui, le réchauffement moyen en France hexagonale et en Corse attribué au changement climatique sur la décennie 2013-2022 est de +1,7 °C par rapport à 1900-1930 et de nombreux effets sont déjà visibles.
Malgré l’Accord de Paris, les engagements pris par les États dans le cadre des COP ne permettent pas, à ce stade, de garantir l’atteinte des objectifs visés. Tout en continuant à agir pour réduire les émissions, il est donc nécessaire de se préparer au risque d’un réchauffement climatique mondial au-delà des +2 °C prévus par l’accord. Mais à quelles évolutions supplémentaires du climat faut-il s’adapter et à quel horizon temporel ? Telles sont les deux questions auxquelles la TRACC répond concrètement.
La TRACC fixe ainsi un cadre commun pour fonder les actions d’adaptation à mener partout en France par les acteurs publics et privés dans tous les secteurs d’activité et tous les territoires. Elle sert de socle à la définition des actions du 3e Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3) qui vise à protéger les citoyens et adapter les territoires, l’économie et l’environnement aux conséquences du changement climatique.
+ 4 °C en 2100 en France : la trajectoire de référence retenue
Ainsi, au niveau planétaire, si les politiques existantes se poursuivent sans mesures additionnelles, le GIEC (rapport de synthèse 2023) estime que le réchauffement atteindrait +1,5 °C vers 2030, +2 °C vers 2050 et autour de +3 °C en 2100 par rapport à 1900.
Les continents, et en particulier l’Europe et la France hexagonale et la Corse, se réchauffent plus vite que la moyenne planétaire. Ces niveaux de réchauffement se traduiraient en France hexagonale et en Corse par une hausse des températures moyennes de +2 °C en 2030, +2,7 °C en 2050 et +4 °C en 2100.
Météo-France a participé à l’élaboration de la TRACC en apportant son expertise scientifique pour établir notamment les correspondances entre le réchauffement mondial et national et mettre à disposition les données issues des simulations climatiques et indicateurs décrivant le climat de la France à +4 °C.
Réchauffement climatique : à quoi devra-t-on s’adapter en 2050 ?
La TRACC envisage un réchauffement de +2,7 °C à l’horizon 2050 en France hexagonale. Ce niveau de réchauffement se traduirait notamment par des modifications profondes du cycle de l’eau et une intensification des événements extrêmes : vagues de chaleur, sécheresse, pluies intenses, feux de forêt... Les effets du changement climatique se feront sentir dans tous les secteurs d’activités (gestion de l’eau, bâtiments, agriculture, production d’énergie, industrie, tourisme, sécurité et santé des personnes...) et concerneront aussi de manière très forte les milieux naturels et la biodiversité.
• Augmentation des températures extrêmes : 25 jours par an en vague de chaleur, jusqu’à 100 nuits très chaudes dans le sud
• Modification des précipitations : -10 % en été, +20 % en hiver
• Baisse de disponibilité de la ressource en eau
• Sécheresse des sols : environ 1 mois de sols secs de plus
• Baisse de l’enneigement : 2 fois moins de neige en moyenne montagne
Quels impacts du changement climatique sur les territoires en 2050 ?
• Augmentation des pluies intenses (+10 %) renforçant le risque d’inondations par ruissellement pour lequel 17 millions de Français sont exposés
• Feux de forêt et de végétation : un risque multiplié par 2 en nombre de jours, par 4 en surface
• Dommages par retrait-gonflement des argiles : plus de 4 millions de maisons très exposées
• Submersions marines et érosion côtière : 5 000 logements menacés
• Risques sanitaires liés aux vagues de chaleur : augmentation de la morbidité et de la mortalité
• Risques infectieux et épidémiques en hausse
• Perturbations de la production agricole
• Fragilisation des infrastructures et réseaux (ponts, routes, électricité...)
Évaluer pour mieux s’adapter
Toutes les régions de France ne sont pas exposées ni sensibles de la même façon aux différents risques climatiques. Ainsi la déclinaison de la TRACC par Météo-France fournit aux décideurs locaux des indicateurs climatiques de référence pour 2030, 2050 et 2100 (températures moyennes et cumuls de précipitation au pas de temps annuel et saisonnier, indicateurs sur les extrêmes et les impacts, etc.) afin de déterminer les plans d’adaptation à envisager en fonction du niveau de réchauffement.
Au-delà, l’enjeu est de proposer une véritable aide à la décision en matière d’élaboration des stratégies d’adaptation au changement climatique. Météo-France met ainsi à disposition des acteurs publics et privés des outils et services dédiés comme Climadiag Commune.
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