Photo : Nuñez Feijoo et le président de la Generalitat Valenciana, Carlos Mazón en 2023.
L’une des premières mesures prises par le président valencien Carlos Mazón lorsqu’il est arrivé au pouvoir il y a près d’un an a été de suspendre l’Unité d’urgence valencienne (UVE) mise en place par le gouvernement précédent. Le Parti populaire, auquel appartient Mazón, et Vox, son partenaire au sein du gouvernement, se sont félicités d’avoir mis fin à un « chiringuito » (« bar de plage », ndt), d’avoir éliminé « une dépense inutile », ce qui était supposé être, selon le président valencien lui-même, « un premier pas dans la restructuration des entreprises publiques ». L’UVE avait été conçue par Ximo Puig comme un outil « pour améliorer la coordination régionale dans la réponse aux catastrophes naturelles, telles que les incendies de forêt ou les inondations ».
Les citoyen.ne.s valencien.ne.s sont venu.e.s le lui rappeler lorsqu’en février de cette année, un incendie ravageur a détruit en quelques heures un immeuble résidentiel dans le centre de la capitale valencienne. L’incendie de Campanar a fait dix morts, 450 personnes se sont retrouvées sans abri et le gouvernement valencien a dû demander l’aide de l’Unité militaire d’urgence (UME). La situation se reproduit aujourd’hui, alors que des heures se sont écoulées et que de nombreuses localités n’ont toujours pas pu être jointes en raison des inondations provoquées hier après-midi par la Dana, qui a déjà causé des dizaines de morts.
L’Unitat Valenciana d’Emergències (UVE), créé en février 2023 par décret et abrogé par le PP et Vox neuf mois plus tard, était destinée à « répondre aux exigences de l’intervention d’urgence, dans les termes établis dans le cadre du plan de protection civile de la Communauté valencienne ». Il s’agissait d’un système de coordination géré par l’Agence valencienne de sécurité et d’intervention d’urgence (AVSRE). L’idée était que cette unité aide à l’intervention mais aussi qu’elle coordonne les unités locales, provinciales, étatiques et régionales en cas d’urgence.
Ces urgences concernaient des situations « provoquées par des phénomènes naturels tels que les inondations, les tempêtes hivernales, les tremblements de terre ; et des causes anthropiques telles que les incendies de forêt ou de quelque autre nature que ce soit, qui impliquent une opération de protection civile de grande envergure ». Avec cette abrogation, Vox, qui était en charge des urgences dans le cadre du contrat de gouvernement avec le PP, a qualifié l’UVE de « chiringuito » et la conseillère aux finances, Ruth Merino, a assuré que cette unité d’urgence serait remplacée par des moyens « plus efficaces » et avec un budget moins important, mais ce changement ne s’est jamais concrétisé.
Aujourd’hui, l’une des premières déclarations du gouvernement valencien, alors qu’au moins 51 décès ont été dénombrés et qu’un service téléphonique a été mis en place pour les nombreuses personnes disparues, a été de justifier sa décision de mettre fin à l’UVE. Selon le Huffington Post, des sources gouvernementales se sont manifestées pour se défendre, affirmant que l’UVE « n’avait en aucun cas amélioré ni développé un quelconque service d’urgence » et qu’il s’agissait d’un « organisme fictif ». L’opposition rappelle pour sa part que le corps d’urgence avait à peine eu le temps d’être constitué et n’avait donc pas pu être déployé selon les termes du décret en raison du changement de gouvernement et de sa suppression par l’actuel gouvernement.
Sous le mot-dièse #MazonDimision, des voix s’élèvent pour demander au président valencien de quitter son poste, non seulement parce qu’il a supprimé l’UVE, mais aussi pour son manque de prévoyance et l’absence d’avertissements préalables à la mise en place de l’alerte rouge provoquée par la Dana. De nombreuses personnes touchées par les inondations disent avoir été obligées d’aller travailler alors que les services de secours recommandaient déjà de ne plus de se déplacer, et beaucoup ont même été menacées de licenciement si elles quittaient leur travail alors que les premières inondations se produisaient ou que des toitures étaient arrachées par les vents violents de l’après-midi d’hier.
De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux réclament aussi que les responsabilités soient établies pour le fait que le service d’urgence de Valence ait attendu 20h hier pour diffuser un communiqué général à la population, quelques heures après que l’AEMET (agence de météorologie de l’État, ndt) le lui ait réclamé. On connaît la position négationniste de VOX sur le changement climatique, ainsi que son absence de soutien aux alertes précédentes et même sa proposition de fermer les agences météorologiques qui peuvent donner une vision plus concrète de ces alertes de risque d’inondations, de vents violents et autres situations de risque climatique.
Les autorités de l’État nous rappellent que de nombreuses provinces sont encore en alerte jaune et orange en raison des effets persistants de la Dana. L’UME s’est associée aux équipes d’urgence de Valence et de l’État avec des centaines de militaires pour secourir les personnes qui ne peuvent toujours pas sortir de chez elles parce que les rues sont inondées, pour rechercher les centaines de personnes disparues et pour évaluer le montant des millions d’euros de pertes causées par les pluies torrentielles et la violence des vents de l’ouragan.
Laura L. Ruiz
@lauralruiz