
Quatre ans après la tentative de coup d’État de l’armée birmane, nous, le Réseau des femmes pour la paix, nous souvenons des vies perdues au cours de notre résistance nationale et réaffirmons notre engagement en faveur de la liberté, de la justice, de la paix et d’une démocratie fédérale inclusive pour tous au Myanmar.
L’armée birmane continue d’agir en violation du droit et des normes internationales. Elle lance des frappes aériennes et des attaques au sol contre des infrastructures civiles, tuant et blessant des milliers de civils, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées. L’armée a également arrêté et détenu arbitrairementau moins 28 000 personnes en quatre ans ; parmi elles, 21 700 personnes - dont 4 160 femmes - sont toujours emprisonnées dans des conditions sordides. Depuis leur interrogatoire jusqu’à leur emprisonnement, ces civils innocents sont confrontés à la torture et aux traitements cruels ou inhumains de l’armée, ainsi qu’au refus de soins médicaux et d’une assistance juridique complète ; les femmes et les détenus LGBTQ+ sont la cible de viols et d’autres formes de violence sexuelle et sexiste. Plus de 6 200 civils ont été tués depuis la tentative de coup d’État, notamment à la suite des condamnations à mort prononcées par l’armée.
Dans l’État de Rakhine, environ 600 000 Rohingyas restants sont la cible d’ atrocités de la part de l’armée birmane et de l’armée de l’Arakan (AA), tout en étant pris entre les feux croisés de leur conflit armé qui ne cesse de s’exacerber. Les civils rohingyas, y compris les personnes déplacées à l’intérieur du pays, se voient également refuser l’accès à une aide humanitaire vitale ; la famine est de plus en plus imminente. En 2024 seulement, plus de 7 800 Rohingyas - soit une augmentation de 80 % par rapport à 2023 - ont tenté de fuir le Myanmar par bateau.
Cette intensification des atrocités - aggravée par une crise économique deplus en plus grave , une montée en flèche de la pauvreté et le recrutement forcé de l’armée - ne laisse pas d’autre choix aux civils que de fuir vers d’autres zones de conflit armé ou vers les pays voisins. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés fait état de plus de 3,5 millions de civils déplacés à l’intérieur du pays et de 1,4 million de réfugiés du Myanmar, bien que les chiffres réels soient nettement plus élevés selon la société civile locale. Des camps de personnes déplacées dans les États Karenni et Karen aux lieux de refuge en Thaïlande et au Bangladesh, aucun de ces civils ne bénéficie d’un accès adéquat aux moyens de subsistance ou à la protection. Parmi eux, les femmes et les jeunes filles sontparticulièrement exposées
à la traite des êtres humains et aux violences sexuelles et sexistes.
Nous demandons à la communauté internationale de soutenir pleinement le mouvement pro-démocratique du Myanmar, notamment en lui apportant le soutien financier, matériel et politique nécessaire, d’éviter de légitimer les militaires qui tentent d’organiser des élections fictives et de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin au cycle d’impunité qui sévit dans le pays depuis des décennies.
Il est temps que le monde prenne des mesures aussi audacieuses que notre révolution de printemps.
Women’s Peace Network (Réseau des femmes pour la paix)
1er février 2025