1- Donald Trump a porté un coup fatal à l’OTAN. Au-delà de diverses attitudes de mépris envers les partenaires européens, le président nord-américain a déclaré qu’il ne respectera pas l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Devant le public de la planète, il a dit ne pas croire que l’Europe, même la France seule, aiderait les États-Unis en cas d’agression contre la superpuissance américaine. Cela justifierait sa neutralité pour aider l’Europe face aux attaques venant de ses frontières est ou sud. Immédiatement, on a ressenti l’état d’orphelin des élites libérales à la barre de l’Union européenne. Plus grave encore, Trump et son étalage d’affection Elon Musk soutiennent ouvertement l’extrême droite européenne contre les élites libérales. Encore plus grave, Trump fait des affaires politiques et économiques directement avec Poutine, ennemi déclaré de l’Europe libérale, ignorant Londres, Bruxelles, ou toute capitale européenne, sauf Budapest de son ami Orban.
2- Une alliance militaire sans entraide militaire n’existe pas. Nous nous interrogeons donc sur la continuité de l’OTAN en tant qu’organisation. Il est clair que la Maison Blanche veut une séparation sans divorce. L’OTAN est utile aux États-Unis pour la protection de leurs bases militaires stationnées en Europe, pour faire pression sur l’achat d’armements américains via les structures de commandement conjointes, et aussi pour augmenter la mise en imposant aux Européens un protectionnisme technologique face à la Chine. Pour Londres, Paris et Berlin, l’illusion qu’ils disposeraient du parapluie nucléaire américain s’est évanouie. Et maintenant, ils sont entre l’illusion que l’éloignement des États-Unis soit temporaire et la crainte de représailles des États-Unis si l’Europe consommait un divorce de fait. Dans le doute entre les deux attitudes, ils veulent armer l’Europe occidentale comme jamais dans l’histoire.
3- Ce Plan appelé Réarmement Européen est la décision la plus stratégique de l’UE depuis la création de la monnaie unique. Le nom n’est pas innocent, il vise à faire croire que l’Europe est désarmée ou qu’elle n’est qu’un « nain militaire », dans le jargon de Bruxelles. Ce n’est pas vrai, les États européens de l’OTAN dépensent déjà en dépenses militaires 1,5 fois plus que la Russie. Même si dans l’une ou l’autre capacité militaire il peut y avoir un déséquilibre d’équipements qui sont déjà au niveau de la destruction mutuelle, l’arsenal de ces États européens est plus que convaincant pour leur sécurité et pour une certaine forme de coopération entre eux. Ce Plan de 800 milliards d’euros, obtenu à partir de l’endettement des États membres, était précisément le montant nécessaire pour financer la transition énergétique et les emplois et maisons verts.
4- Le Directoire Européen veut faire des dépenses militaires, qui ne comptent pas pour les limites de déficit ni de dette, le levier pour une grande intervention de l’État dans l’économie, attirer les capitaux privés pour bénéficier de l’opération, et tenter de sortir de la stagnation économique. Ils n’ont pas voulu l’économie de la Paix et de l’Environnement mais installent une économie de guerre. Il y a peu de temps, l’amiral Gouveia e Melo disait qu’il fallait mourir pour l’OTAN si nécessaire et qu’« il n’y a pas de beurre sans canons ». C’est là qu’on voit le programme de ces surnuméraires de l’OTAN. La devise est de couper dans l’État social pour acheter des armes. Macron en France et Merz en Allemagne ont clairement assumé qu’ils feront des coupes dans les services publics pour orienter les budgets militaires.
5- Échapper à cette spirale du militarisme exige une position de rupture avec l’OTAN qui est le cancer du bellicisme. Aujourd’hui, il est beaucoup plus clair pour les Européens que l’OTAN ne leur sert pas de protection comme lors de l’invasion russe de l’Ukraine. Les États-Unis qui partagent et pillent l’Ukraine à parts égales avec la Russie. Les États-Unis menacent le Danemark de lui prendre le Groenland. Les États-Unis menacent un autre membre de l’OTAN d’annexion : le Canada.
L’OTAN confirme ce qu’elle a toujours été, maintenant en mode naufrage, une machine de guerre au service des États-Unis. Les peuples ont tout à gagner en imposant un véritable divorce vis-à-vis de l’OTAN. Nous, Portugais, devrons toujours nous rappeler que l’OTAN a soutenu le salazarisme et menacé la démocratie en 1975. Pour nous, Portugais, il ne suffit pas de quitter l’OTAN, nous devrons récupérer la base des Lajes pour la souveraineté nationale. L’OTAN pour quoi faire ?
Luis Fazenda est un membre fondateur du Bloc de gauche portugais et député de 1999 à 2015.
Texte publié à l’origine dans Contradição.
Luís Fazenda
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