
Pedro Nuno Santos et Carlos César. Photoo de Ana Rocha Nené/Partido Socialista
Les données les plus récentes d’Eurostat montrent comment les prix au Portugal ont augmenté bien au-dessus de la moyenne européenne. Entre 2023 et 2024, les loyers ont augmenté de 3,2% dans l’UE et de 7% au Portugal, et les prix des logements ont augmenté respectivement de 4,9% et 11,6%. Si l’on compare sur le long terme, entre 2010 et 2024, l’écart est tout aussi grave : en moyenne, les prix des logements ont augmenté de 55,4% et les loyers de 26,7%, tandis qu’au Portugal ils ont augmenté respectivement de 120% et 45%.
Le Parti Socialiste a présenté son programme électoral pour les législatives et identifie la crise du logement comme le « plus grand défi national ». Cependant, aucune proposition ne parvient à répondre à la crise de manière immédiate. Lors du débat avec Mariana Mortágua, Pedro Nuno Santos s’est montré opposé à l’application de plafonds aux loyers pour contrôler les prix du marché. Quelles sont les propositions du PS ?
Utiliser les dividendes de la CGD pour que les municipalités construisent des logements publics
Le PS propose d’utiliser une partie des dividendes de la Caixa Geral de Depósitos pour fournir aux municipalités un financement pour investir dans un parc de logements publics plus important. Bien que cela semble être une proposition populaire, elle n’a pas d’impact réel.
D’un point de vue budgétaire, c’est une illusion. Les dividendes de la CGD sont déjà reçus par l’État et sont inscrits dans les recettes prévues dans le Budget de l’État. Ensuite, selon la règle budgétaire de non-affectation des recettes, on ne peut pas affecter des recettes à la couverture de dépenses spécifiques. En simplifiant, ce n’est pas une proposition budgétaire sérieuse ou innovante. Il serait plus intéressant, par exemple, de taxer les bénéfices extraordinaires que l’ensemble du secteur bancaire enregistre.
Ensuite, les municipalités rencontrent de graves difficultés pour exécuter le financement du PRR pour la construction de logements en raison du manque de main-d’œuvre. Le PS avance un ensemble de mesures pour renforcer le secteur de la construction, mais ne dit rien sur cette question. Albano Ribeiro, président du Syndicat de la Construction, estime que 100 000 travailleurs sont nécessaires pour les grands travaux prévus, pas seulement pour le logement. Les limitations à l’immigration et les salaires structurellement bas expliquent cette pénurie.
Enfin, et c’est le plus important, le retard dans la construction ne résout pas le problème immédiatement.
Le PS propose également des règles de passation de marchés publics plus agiles et efficaces, une TVA à 6% pour les projets de logement à coûts contrôlés et une exonération fiscale pour les loyers à prix abordables, la simplification des exigences de construction, et la valorisation des ressources humaines de l’IHRU et de la Construction Publique. Toutes ces mesures sont peu efficaces pour résoudre l’ampleur du problème.
Le Portugal possède l’un des parcs de logements publics les plus petits de l’Union européenne, couvrant seulement environ 2% des logements. En revanche, des pays comme les Pays-Bas ou le Danemark atteignent 30%. C’est une tendance durable qui résulte du sous-investissement public chronique dans ce domaine, que le PS n’a pas renversé lorsqu’il gouvernait avec une majorité absolue.
Mobilisation des biens immobiliers vacants de l’État et acquisition de logements hypothéqués
Le PS promet également de lancer le programme REVIVE Logement pour accélérer la mobilisation des biens immobiliers vacants de l’État pour le logement. Le Bloc de Gauche a insisté sur la nécessité de mobiliser les logements vacants, étendant cette nécessité également aux biens immobiliers privés qui ne sont pas utilisés et qui doivent être disponibles à des prix abordables.
Il inclut également un programme d’acquisition par l’État de logements hypothéqués auprès des banques, avec la garantie d’une location à vie pour les propriétaires du même logement ou l’intégration de ces logements dans des programmes de location abordable. Ce qui contribue à un parc public immédiat, sans attendre la construction, est certainement une avancée.
Simplifier et élargir la base des aides au logement
Le PS reconnaît dans son programme électoral que les aides sociales créées n’atteignent pas ceux qui en ont besoin. De nombreux cas de retards ou de coupures dans les aides, comme l’aide extraordinaire au loyer ou le Porta 65, ont été signalés. Le Bloc de Gauche a suivi ces cas.
Le PS propose de simplifier et d’uniformiser l’accès aux aides à la location et d’élargir la base d’incidence des aides actuelles pour atteindre plus de personnes. Dans la même ligne, il propose de créer une porte d’entrée pour les réponses publiques en matière de logement, de promouvoir la gestion intégrée du patrimoine public, et de transférer progressivement la gestion des biens immobiliers de l’IHRU aux municipalités.
La fluidité des aides au loyer est urgente et l’IHRU doit être dûment responsabilisé. Cependant, les prix de location sont si impraticables que de plus en plus de personnes auront besoin de ces aides. Ces mesures servent de pansement rapide et n’arrêtent pas le problème structurel. Les mêmes données d’Eurostat désignent le Portugal comme le cinquième pays de l’UE où le plus de locataires sont en surcharge financière, c’est-à-dire que le loyer représente 40% ou plus de leur salaire. En 2024, plus de 30% des familles étaient dans cette situation. Seul le contrôle des prix pratiqués sur le marché peut être une solution sérieuse.
Remédier à la conception des aides à l’achat du premier logement du gouvernement
Le Bloc de Gauche a critiqué les avantages de soutien à l’achat du premier logement présentés par le gouvernement [de coalition politique de centre-droit « Aliança Democrática » de Luís] Montenegro, en raison de l’effet potentiel d’augmentation des prix sur un marché où la demande est déjà surchauffée. En effet, cette crainte s’est confirmée, la demande ayant considérablement augmenté ainsi que les prix.
Dans son programme, le PS trouve une formulation vague. Il appelle à un suivi rigoureux de l’accès au mécanisme de Garantie Publique afin qu’il remplisse l’objectif pour lequel il a été conçu, sans donner de détails. Il propose également une évaluation, avec la Banque du Portugal, de l’introduction de mécanismes de protection en cas de défaut de paiement du crédit au logement.
En fait, le défaut de paiement bancaire a augmenté tant dans le crédit à la consommation que dans le logement. Avec le taux d’effort ressenti par une partie substantielle de la population, il est normal que cette situation s’aggrave. Le Bloc de Gauche a travaillé constamment pour la défense des familles endettées, ayant récemment présenté une proposition de protection contre les fonds vautours.
Rééquilibrer le marché, sans bien dire comment
Le PS propose de rétablir un ensemble de règles minimales de régulation de l’Hébergement Local et d’encourager le transfert d’une partie de ces biens immobiliers vers la location de logements permanents. Cependant, il ne s’engage sur aucune valeur, et ne mentionne pas s’il s’agit de celles précédemment concrétisées dans le programme Plus de Logement que le gouvernement AD a renversé.
De plus, il propose de créer une exonération de l’imposition des plus-values sur la vente de résidences secondaires dans des zones de pression urbanistique lorsqu’elles sont acquises pour un logement propre et permanent, tout en aggravant les plus-values sur les biens immobiliers acquis et vendus sans avoir été restaurés ou habités. Ce genre de politique fiscale s’est systématiquement avéré inefficace pour corriger le marché.
Enfin, il dit vouloir évaluer le cadre fiscal pour les non-résidents ou les résidents hors de l’espace UE. Là encore, il ne s’engage pas sur une position claire.
Contrôle de la location irrégulière
Pour le marché locatif, il propose de créer une entité de surveillance de la location et un régime exceptionnel de régularisation des contrats informels, renforçant les garanties des propriétaires et des locataires, sans identifier comment cela se matérialise. Il souhaite également créer des projets de médiation entre locataires et propriétaires, gérés par les municipalités, et encourager la création d’assurances dans la location.
L’été dernier, l’audit de l’Inspection Générale des Finances à l’Autorité Fiscale et Douanière (AT) a conclu que 60% des locataires n’avaient pas de contrat de location enregistré. C’est dans ce sens que le Bloc de Gauche a proposé cette législature un mécanisme de dénonciation par les locataires des contrats irréguliers, garantissant, en retour, un contrat de location à terme et à coût contrôlé. Cette protection exige d’être accompagnée d’un contrôle des prix pour qu’il n’y ait pas de représailles des propriétaires.
Madalena Figueira, Économiste