Hortefeux a présenté son projet de loi anti-immigrés à l’Assemblée, en procédure d’urgence. Depuis que l’« identité nationale » est présentée comme un enjeu majeur, la droite se lâche. La commission des lois a adopté des amendements introduisant les tests ADN et les statistiques ethniques. Le test génétique, strictement encadré par la loi pour les Français, deviendrait de fait une obligation discriminatoire pour les familles étrangères confontées aux consulats, habitués à considérer « étranger » et « fraudeur » comme synonymes. Financièrement inaccessible pour beaucoup, il constituera une barrière infranchissable supplémentaire, en plus des ressources et de la langue, contre le droit de vivre en famille. Quid des enfants adoptés ou recueillis ? Et de ceux dont la filiation juridique ne correspond pas à la filiation biologique ? Réduire la famille aux liens du sang, cela va avec l’obsession de l’« identité nationale ».
La droite a aussi introduit l’idée d’un recueil « des données faisant directement ou indirectement apparaître les origines raciales et ethniques ». Dans une loi destinée à restreindre l’immigration et le regroupement familial, l’intention réelle de cette disposition a été lucidement dénoncée par les syndicats CGT, CFDT et SUD de l’Insee : « Imposer un référentiel “ethno-racial” visant à distinguer les personnes qui participent de l’“identité nationale” de celles qu’il convient de surveiller, de rejeter, d’expulser. » Il s’agit d’une pierre supplémentaire dans le dispositif répressif comprenant le dépistage de la délinquance dès l’enfance et la généralisation du fichage génétique.
En réduisant à néant le droit de vivre en famille, cette loi nie l’humanité des immigrés, sélectionnés désormais pour leur seule utilité économique. Retrait du projet Hortefeux !