Jouant de ses relations personnelles, Nicolas Sarkozy poursuit son interventionnisme dans la sphère industrielle. Après GDF-Suez, il souhaite fusionner Areva et Alstom, afin de constituer un géant du nucléaire en Europe.
La privatisation d’Areva est dans les cartons des gouvernements depuis plusieurs années. Mais celle-ci butait sur un obstacle majeur et de taille : la faible rentabilité de la branche nucléaire de cette multinationale, qui compte de nombreux secteurs d‘activité. Or, depuis, les coups de pouce de l’État en faveur du groupe se succèdent : garanties financière accordées par la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface, spécialisée dans le financement des contrats d’armement, qui a souvent permis à des pays non solvables d’acheter des armes en servant d’interface entre les pays acheteurs et les marchands de canons français) ; puis la commande de l’EPR à Flamanville (Manche), dont nous devons continuer de dénoncer l’inutilité flagrante au regard de la situation de surproduction électrique de notre pays. Mais ces coups de pouce ne suffisent pas à sortir Areva de son marasme, notamment après la perte des marchés chinois et le retard de deux ans dans la construction de l’EPR en Finlande, retard qui coûtera entre 750 millions et 1 milliard d’euros.
Alors pourquoi des groupes tels que Bouygues ou Total manifestent depuis quelque temps des velléités de s’associer à l’industrie nucléaire ? Il s’agit très probablement de participer à des effets d’annonce qui, dans la tête de nos dirigeants, peuvent avoir un impact positif sur les marchés et préparer l’opinion à la privatisation de ce secteur sensible. La menace d’une relance d’un second programme nucléaire existe, et elle suscite évidemment les convoitises de ces investisseurs. Mais l’hostilité de la population au nucléaire, la faible croissance de la demande électrique, la pression de l’opinion pour développer les énergies renouvelables, etc., sont autant d’obstacles qui restent à lever avant de pouvoir véritablement lancer le deuxième programme nucléaire français.
À cet égard, le prétendu Grenelle de l’environnement risque de déboucher sur des mesures qui enfonceront encore la France dans l’ère du nucléaire, grâce notamment à des revendications très complaisantes d’ONG parties à la recherche de subventions. Pour ce faire, Sarkozy proposera certainement un marché de dupes aux associations ; on ferme une ou deux centrales un peu plus tôt, mais vous ne nous mettez pas de bâtons dans les roues pour l’EPR !
On peut douter qu’un tel troc sera du goût de Nicolas Hulot, employé de Bouygues et porte-parole autoproclamé de la mouvance écolo-libérale. Mais elle ne sera pas non plus du nôtre, car nous serons présents aux rassemblements à l’appel du réseau Sortir du nucléaire notamment, pour dénoncer ce Grenelle de dupes, et exiger l’arrêt immédiat de l’EPR.