
Grande plage d’Ulcinj
L’investisseur Mohamed Alabbar a jeté son dévolu sur la Grande plage d’Ulcinj et a déjà vu l’Assemblée du Monténégro adopter un accord de coopération avec les Émirats arabes unis, selon lequel le futur acheteur, constructeur et « valorisateur » décide de ce qui est construit et comment les affaires sont menées.
Et cette façon de construire et de faire des affaires avec Alabbar, les Belgradois ont eu l’occasion de la voir, car son Eagle Hills est la même entreprise qui a construit Belgrade sur l’eau et la même société que Milan Bandić voulait faire venir pour construire le Manhattan de Zagreb.
Il est évident qu’une grosse pointure est maintenant arrivée au Monténégro, bien que d’une nature légèrement différente par rapport aux jours de gloire passés. L’ancien gouvernement dirigé par Milo Đukanović a vendu une grande partie du littoral à la pègre russe, l’a louée, s’est enrichi et a généré des merveilles de béton le long de l’Adriatique méridionale, mais a également conclu des affaires avec des investisseurs comme Peter Munk, dont nous pouvons dire à juste titre qu’il était au sommet de la pyramide du monde obscur du capital mondial. Cette fois-ci, on sait moins de choses sur Alabbar, sauf qu’il a trompé en Inde, qu’il est un aimant pour l’argent sale et que ses semblables se réjouissent en Albanie.
La situation au Monténégro est comme avant le big bang – l’argent est plus important que la nation, surtout s’il est sale, donc tous les partis attendent l’investissement en position de départ – Monténégrins, Serbes et Bosniaques, réconciliés dans leurs lobbies et fonds en coulisses, qu’il convient de rincer dans la mer Adriatique. Pour l’instant, seule la municipalité où se trouve la Grande plage proteste, c’est-à-dire la ville d’Ulcinj, à population majoritairement albanaise, traditionnellement tournée vers le tourisme et l’autonomie locale qui respecte ses propres règles, écrites et non écrites.
Le Premier ministre Milojko Spajić est récemment arrivé dans cette ville avec Alabbar, ils ont sorti de leur manche une sorte de rendu, qu’ils ont littéralement téléchargé d’Internet, donc l’histoire des fabuleux 30 milliards d’euros que Spajić a lancés dans ses premières déclarations publiques, s’est construite dès le début comme un château de sable. Les fameux 30 milliards ont bientôt été niés par Alabbar lui-même, qui a donné une interview à chaque télévision monténégrine importante. Il a dit qu’il n’avait pas encore de plan, donc le point de l’accord selon lequel on construit avec les Émirats arabes unis sans débat public est devenu encore plus suspect.
Brano Mandić