Anna KERVELLA et Eliane RÖNEL avaient été arrêtées en octobre 1943, lors de la rafle qui avait frappé le groupe des militants finistériens de la IV^e internationale rassemblés autour des bulletins clandestins Front Ouvrier et Zeitung für Soldat und Arbeiter im Westen. Peu de temps auparavant, Marguerite METAYER, se sachant surveillée par la gendarmerie, avait rejoint Paris où elle entama une vie clandestine.

Née à Plougastel-Daoulas le 2 février 1919, Anna KERVELLA avait rencontré les jeunes militants trotskistes dans les Auberges de jeunesse et accepté que son domicile, route de Quimper à Brest, serve de lieu de réunion pour les soldats allemands antinazis du groupe Arbeiter und Soldat.

Elle fut arrêtée par la Gestapo le 6 octobre 1943, le jour même où son camarade Robert Cruau fut abattu par les nazis, et rapidement amenée à la prison Jacques Cartier de Rennes. Le 21 mars 1944, elle fut transférée au camp d’internement allemand du fort de Romainville, puis expédiée au camp de Ravensbrück, matricule 35 383. Elle y restera jusqu’au 1^er mai 1945, où, avec 200 autres femmes déportées, elle fut remise à la Croix Rouge Danoise puis accueillie en Suède à Malmö par la Croix rouge suédoise.

Le 4 juillet 1945, elle est enfin de retour à Paris, hôtel Lutétia, avant de reprendre le train pour Brest.

Anna Kervella est décédée à Daoulas le 2 juin 2011.

Née à Quimper le 21 février 1921, Eliane RÖNEL fut une résistante active dès l’arrivée des troupes du Reich. C’est aussi par le biais des Auberges de jeunesse qu’elle rencontra et rejoignit les militants trotskistes. Son magasin de modiste, rue du Chapeau-Rouge à Quimper, devint rapidement une plaque-tournante pour le matériel clandestin du petit parti internationaliste. C’est là qu’elle fut arrêtée le 7 octobre 1943, puis envoyée à la prison Jacques Cartier de Rennes où elle fut interrogée et battue. Le 18 mars 1944, elle fut transférée au camp d’internement allemand de Romainville puis, quatre jours plus tard, le 22 avril, expédiée au camp de Ravensbrück. A la libération du camp, le 23 avril 1945, elle fut remise à la Croix Rouge suèdoise qui l’accueillit à Göteborg.

Le 7 juillet 1945, elle put enfin retrouver la France, Hôtel Lutetia à Paris, avant de rejoindre Quimper.

Eliane Rönel épousa Henri Berthomé, qui fut lui-même déporté à Dora, le 26 juillet 1947 à Quimper. Tous deux restèrent jusqu’à leurs derniers souffles des militants internationalistes actifs.

Eliane Rönel Berthomé est décédée à Quimper le 17 mai 2002.

A ces deux résistantes internationalistes arrêtées en octobre 1943, s’ajoute leur amie Marguerite METAYER, une brestoise née le 1^er février 1916 et décédée à Niort le 14 février 2005.

Militante actives des Auberges de Jeunesse, Marguerite METAYER fut une des toutes premières brestoises à rejoindre la IV^e internationale. C’est aussi elle qui convainquit Eliane Rönel de s’y engager. Se sachant surveillée par la police, Marguerite Métayer quitta le Finistère pour Paris au début du second semestre 1943, échappant ainsi aux rafles d’octobre.

Elle fut arrêtée le 9 mars 1944 par la police française et emprisonnée à Fresnes, avant d’être remise à la Gestapo et transférée au camp d’internement de Romainville. Le 3 août 1944, elle fut déportée au camp de Neue Bremm, puis, dix jours plus tard, à Ravensbrück. Comme la plupart des déportées de ce convoi, elle a été affectée au kommando de travail de Gartenfeld qui dépendait du camp de concentration de Sachsenhausen. d’où elle ne sortit qu’à la libération du camp fin avril 1945.

Marguerite METAYER fut la compagne de Pierre FRANK, dirigeant de la 4^e internationale, jusqu’à la mort de ce dernier en 1984.

François Préneau

Anna Kervella

Eliane Rönel-Berthomé

Marguerite Métayer

Photo de Marguerite Métayer du 18 mars 1944.