Photo : Procès d’Ibtissam Lachgar : la défense alerte sur un risque d’amputation de bras
L’activiste Ibtissam Lachgar, poursuivie pour « atteinte à la religion musulmane », a comparu ce mardi lors de la deuxième audience de son procès. Son « état de santé critique » a poussé la défense à demander une mise en liberté provisoire, alors qu’elle risque une intervention chirurgicale urgente.
Audience sous haute surveillance
Cette deuxième audience s’est tenue dans un climat marqué par un dispositif sécuritaire renforcé et une forte présence médiatique.
Dans la salle d’audience, l’accès était strictement encadré : fouilles systématiques, interdiction d’introduire des sacs, et même séparation physique imposée entre hommes et femmes. Les journalistes ont été dirigés vers la rangée de droite, réservée aux femmes, tandis que la gauche était occupée par les hommes.
Lachgar, figure emblématique du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), est poursuivie pour « atteinte à la religion musulmane », une accusation lourde qui alimente un débat national sur les libertés de conscience et d’expression au Maroc.
L’état de santé préoccupant de Lachgar
Lorsque l’activiste est apparue devant le tribunal, vêtue d’une jellaba et portant un foulard léger, de nombreux observateurs ont été frappés par la présence d’un bandage au niveau de son épaule gauche. Selon ses avocats, Lachgar souffre d’une lésion grave nécessitant une intervention chirurgicale délicate avant la fin du mois. À défaut, le risque est majeur : amputation partielle du bras.
Sa défense, représentée notamment par Me Naïma El Gallaf, a souligné la gravité de la situation : « Notre cliente est atteinte d’un cancer et son état s’aggrave. Elle risque la perte de son membre supérieur si l’opération n’a pas lieu dans les délais », a déclaré l’avocate.
Le collectif de défense a donc formulé une demande de mise en liberté provisoire, arguant que toutes les garanties de représentation sont réunies.
Le représentant du parquet contre la liberté provisoire
C’est là que s’insurgea le représentant du parquet en requérant le refus de la remise en liberté, évoquant le cadre légal et les impératifs judiciaires. De son côté, le collectif de défense a insisté sur l’état de santé critique de Lachgar, soulignant son besoin urgent de soins médicaux pour éviter des complications graves, notamment le risque d’amputation partielle de son bras.
Après des discussions juridiques intenses entre la défense et le ministère public, le jugement sur la libération provisoire a été renvoyé à la prochaine audience, prévue pour la semaine prochaine.
Conditions de détention dénoncées
Au-delà de l’urgence médicale, la défense a également dénoncé les conditions de détention de Lachgar, placée en isolement et privée de promenade collective. Une situation jugée « inhumaine et attentatoire à la dignité » par ses soutiens, qui demandent une meilleure prise en charge médicale derrière les barreaux.
Ce procès dépasse largement le cadre judiciaire. Il ravive le débat sur la criminalisation des opinions et des libertés individuelles dans un pays où la Constitution garantit la liberté d’expression, mais où le Code pénal continue d’inclure des dispositions sur la religion, la morale et l’ordre public…
Alae Sdiqi
Europe Solidaire Sans Frontières


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