Sarkozy et son gouvernement ont pris leur rythme effréné d’attaques contre les salariés : franchise médicale, attaque contre le CDI, suppressions d’emplois des fonctionnaires et des cheminots, régimes spéciaux, privatisation de GDF, etc. La liste s’allonge chaque semaine. Face à ce déferlement, l’ensemble des confédérations syndicales s’est laissé enfermer dans des cadres de négociations, dont une issue obligatoire est annoncée : avaliser les projets de réformes du gouvernement. Dès lors, la mécanique est redoutable. Ainsi, confronté à l’annonce intempestive par Fillon de la réforme rapide des régimes spéciaux, la plupart des directions syndicales ont protesté... sur la méthode employée, se laissant être ainsi rassurées, quelques jours plus tard, par Sarkozy, qui leur promettait de pouvoir être associé à la signature de l’arrêt de mort des régimes spéciaux, traités évidemment séparément...
Et ainsi, alors que les fédérations de cheminots appellent à la grève le 18 octobre pour défendre leur statut, la quasi-totalité des syndicats de traminots de la RATP a refusé d’appeler à la mobilisation pour cette date, pensant qu’il est urgent d’attendre. Même réaction pusillanime des fédérations de fonctionnaires, refusant eux aussi d’appeler à la mobilisation, alors que les attaques pleuvent et que l’issue des conférences auxquelles ils sont conviés sont totalement prévisibles.
Sans surprise, les dirigeants syndicaux réagissent en entrant dans la nasse tressée par Sarkozy : laisser les cheminots se mobiliser seuls, pour apparaître comme défendant un acquis déjà mis à bas pour les fonctionnaires et les salariés du privé... Pire, laisser les autres secteurs bénéficiant de régimes spéciaux (RATP, EDF, etc.), attendre leur tour de passer à l’échafaud, laisser ensuite les fonctionnaires attendre l’issue des conférences, laisser les salariés du privé subir en silence la remise en cause du CDI, et laisser la franchise médicale frapper tous les assurés. Comment expliquer que seuls la FSU et Solidaires appellent à la journée de mobilisation du 29 septembre contre la franchise, sans appel confédéral de la CGT, de FO, de la CFDT ? La CGC, la CFTC, la CFDT et FO ont déjà fait leurs une partie des arguments patronaux justifiant les attaques. Mais, concernant la CGT, rien ne justifie de laisser chaque secteur agir isolément sans faire de sa bataille celle de tous les travailleurs : c’est le meilleur moyen d’aller à la défaite.
En mai dernier, Sarkozy a remporté une victoire politique. Il cherche désormais à obtenir une victoire sociale, afin de servir ses maîtres du Medef. Cette victoire n’est pas inscrite dans des rapports de force sociaux qui ont su bloquer le CPE il n’y a guère plus d’un an. Mais elle se réalisera à coup sûr, si l’ensemble des salariés ne trouve pas rapidement les moyens de balayer les atermoiements des dirigeants syndicaux et de se mobiliser ensemble : « Tous pour un, un pour tous ! »