Frères et sœurs, camarades et chers amis,
Nous vivons aujourd’hui un moment historique. Non seulement ici, au parc Shyamoli, mais partout dans le monde, les peuples font entendre une seule et même voix : « Tracez la limite à ne pas dépasser ! Assez, c’est assez ! »
Nous sommes venus ici pour tracer cette limite.
Pour tracer la limite contre la destruction du climat.
Pour tracer la limite contre l’accaparement des terres agricoles.
Pour dire non à l’empoisonnement de nos rivières, de nos forêts et de notre air.
Pour dire non à la pauvreté, aux inégalités et à l’exploitation.
Pour dire non au génocide et à tous les crimes barbares contre l’humanité.
Le Bangladesh connaît cette réalité dans toute sa profondeur.
Les cyclones Sidr, Aila, Roanu, Mahasen, Mocha, et les récentes inondations et sécheresses ne sont pas seulement des « catastrophes naturelles ». Ce sont les crimes causés par la cupidité des grandes entreprises, le développement irresponsable et le pillage impérialiste.
Nos agriculteur.es perdent leurs terres.
Nos pêcheur.es perdent leurs rivières.
Les populations rurales perdent leurs maisons.
Les femmes et les enfants sont obligés de marcher des kilomètres pour aller chercher de l’eau.
C’est le vrai visage de la catastrophe climatique, celle que nous vivons chaque jour.
Mais la question est : pourquoi en payons-nous le prix ? Qui est responsable ?
Pas nous. Pas les agriculteur.es et les travailleur.es du Bangladesh. Pas les paysans d’Afrique. Pas les insulaires du Pacifique.
Les coupables sont les entreprises et les puissances impérialistes qui pillent la terre depuis des siècles. Elles en tirent profit, tandis que nous souffrons. Elles assombrissent notre ciel, elles déchaînent nos mers, et nous nous retrouvons avec la dévastation.
C’est pourquoi nous déclarons aujourd’hui : Nous tirons un trait !
Nous tirons un trait sur la cupidité des entreprises.
Nous tirons un trait sur les combustibles fossiles et passons à une énergie 100 % renouvelable.
Nous tirons un trait sur un système alimentaire anti-agriculteur.es et contrôlé par les entreprises.
Nous tirons un trait sur les régimes autoritaires qui réduisent au silence la voix du peuple et servent les intérêts des entreprises.
Nous tirons un trait sur le génocide et les guerres.
Mais camarades, tirer un trait ne signifie pas seulement dire « non ». Cela signifie aussi dire « oui ».
Nous disons « oui » à la souveraineté alimentaire, où les gens décident quoi cultiver, comment cultiver et pour qui.
Nous disons « oui » à l’agroécologie et à l’agriculture durable, où le sol, l’eau et la nature sont protégés, et où les agriculteur.s deviennent les gardiens de la vie.
Nous disons « oui » à la terre pour ceux qui n’en ont pas, à l’eau pour ceux qui ont soif et aux semences entre les mains des agriculteur.es.
Nous disons « oui » au leadership des femmes, au courage des jeunes et aux droits des communautés autochtones, montagnardes et dalits.
Nous disons « oui » au contrôle des ressources par les peuples, et non par les entreprises ou les puissances impérialistes.
Mes amis, notre lutte ne s’arrête pas aux frontières.
L’Amazonie brûle. L’Afrique se transforme en désert. Les îles du Pacifique sont en train de sombrer. Les glaciers de l’Himalaya fondent.
Partout dans le monde, les peuples se soulèvent pour défendre leurs forêts, leurs montagnes et leurs rivières. Aujourd’hui, leurs voix se joignent aux nôtres.
Et n’oublions pas que le Bangladesh est une terre de résistance.
Les luttes des paysans de Tebhaga, le sang des martyrs du mouvement pour la langue, les combattants de la libération de 1971 : voilà notre fierté, nos leçons.
Le soulèvement étudiant de 2024 s’inscrit également dans cette même tradition : il nous a montré que lorsque les gens s’unissent, aucun pouvoir ne peut réprimer leurs aspirations.
Camarades, le changement ne viendra pas des conférences d’élite, des salles de réunion des entreprises ou des sommets climatiques creux.
Le changement viendra d’en bas, de l’unité des paysan.nes et des travailleur.es, du pouvoir populaire organisé, du feu de nos mouvements.
Aujourd’hui, depuis le parc Shyamoli, nous faisons donc la promesse suivante :
Nous ne resterons pas silencieux.
Nous ne laisserons pas nos terres être volées.
Nous ne laisserons pas nos rivières être empoisonnées.
Nous ne laisserons pas notre climat être détruit.
Nous réaffirmons notre solidarité avec toutes les victimes innocentes du génocide et de l’oppression.
Nous nous organiserons.
Nous résisterons.
Nous construirons un nouvel avenir – juste, égalitaire et écologique.
Aujourd’hui, nous traçons la limite –
Pour les agriculteur.es, pour les travailleur.es, pour l’avenir de nos enfants.
Pour nos rivières, nos forêts, nos terres, notre climat.
Contre le génocide, pour la justice envers les opprimés.
Pour le Bangladesh et pour le monde.
Que cette journée marque un tournant dans notre lutte.
Que nos voix résonnent à travers le monde.
Engageons-nous ensemble :
Plus jamais ça !
Nos vie avant le profit !
La justice climatique maintenant !
Merci.
Longue vie aux paysan.nes, aux travailleur.es et à tous ceux et celles qui triment !
Shyamoli Park, Dhaka, 19 septembre 2025
Badrul Alam
Président
Fédération des agriculteurs du Bangladesh
Europe Solidaire Sans Frontières


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