Un rapport de l’Union européenne estime que plus de 3000 migrants ont péri en Méditerranée, entre 1999 et 2004, en tentant de rejoindre l’Europe forteresse. Lors de sa tournée africaine, Sarkozy a nié le rôle du néocolonialisme, des multinationales françaises, de l’État français. Il a présenté « l’homme africain » comme naturellement incapable de « s’élancer vers l’avenir » et de « s’inventer un destin ». La politique de Sarkozy est la poursuite d’un rapport de domination impérialiste vis-à-vis du Sud.
Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, veut que tout sans-papiers soit « reconduit dans son pays d’origine, de manière volontaire ou, s’il le faut, contrainte ». La politique de l’immigration est l’autre face de l’offensive sociale. Pour détourner la colère populaire, il faut des boucs émissaires. Sarkozy ne se contente pas de reprendre l’électorat de Le Pen, il met en œuvre une partie de son programme.
Sur le terrain, la résistance s’organise : le Réseau éducation sans frontières (RESF), les comités de sans-papiers, parfois les syndicats, mobilisent contre une répression croissante. Florimond Guimard, enseignant et militant du RESF à Marseille, comparaît le 22 octobre devant le tribunal d’Aix pour délit de solidarité. Une condamnation pourrait le faire radier de la fonction publique. Le RESF mobilise pour Florimond, ainsi que pour les autres « délinquants de la solidarité ». Ce sera une des dimensions de la mobilisation du 20 octobre. En riposte à la lettre d’intimidation que les préfets ont envoyé aux maires qui ont parrainé des sans-papiers, le RESF et Patrick Braouezec ont organisé un parrainage de sans-papiers, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, le 2 octobre. Le 3, les employés de l’Ofpra étaient appelés à la grève contre la loi Hortefeux et ses conséquences, par les syndicats CGT et Asile.
Au PS, la confusion est grande. La logique qui y prévaut est fondée, comme celle de Sarkozy, sur le contrôle de l’immigration. Les différences portent sur les « formes ». Nous pensons, au contraire, que la gauche, pour être crédible et utile aux luttes, doit être « décomplexée » et clairement solidaire de tous ceux qui résistent à l’offensive raciste. L’immigration n’est pas un problème. Non seulement nous exigeons l’arrêt des rafles, mais la seule solution est la régularisation des sans-papiers. Il faut établir un droit à l’immigration fondé sur la liberté de circulation et d’installation. Ne ménageons pas nos efforts pour assurer le succès de la journée nationale de mobilisation du 20 octobre, à l’appel de l’Uni(e)s contre une immigration jetable (Ucij), du RESF et des collectifs de sans-papiers, contre le projet Hortefeux et le délit de solidarité. À Paris, la manifestation unitaire partira de Belleville.