Dans un communiqué commun, les présidents de huit caisses d’assurance maladie de la région Midi-Pyrénées qualifient les franchises d’« illusion » et de « tromperie » Ils considèrent que ces mesures « renforcent le caractère assurantiel et fait disparaître la solidarité des bien portants envers les malades ». Ils insistent sur le fait que « notr système de santé doit avoir pour vocation première de permettre un égal accès de tous à des soins de qualité, quels que soient la situation sociale et le lieu de résidence d l’assuré social »
Le conseil d’administration de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) a émis un avis consultatif défavorable à ces mesures économiquement inefficaces et socialement insupportables. Selon lui, « elles ne correspondent à aucune logique de responsabilisation, les patients n’étant pas les prescripteurs ; à terme, elles provoqueront un renoncement aux soins ». Le collectif Chroniques associés, regroupement d’associations de personnes touchées par une maladie chronique (Sida, mucoviscidose, cancer du sein, sclérose en plaques…) lance un cri d’alarme : « Ce sera un nouveau mur pour les malades que nous ne pourrons pas franchir. » Il ressort d’un récent sondage que 70 % des Français sont contre ces franchises, nouvelles taxes sur la maladie. La Cour des comptes évalue la facture des exonérations de cotisations sociales, dont bénéficient certains revenus, en 2005, à 37 milliards d’euros. Les seules exonérations sur les stock-options coûtent 3 milliards d’euros. Les entreprises publiques doivent également 3 milliards d’euros. En juillet, Sarkozy a fait voter 15 milliards d’exonérations fiscales pour les plus favorisés. À l’heure du scandale d’EADS, ils osent nous parler de la faillite de la France et veulent que les salariés et les retraités paient les pots cassés. De plus, il est évident que, pour chaque problématique de santé nouvelle ou non résolue, Sarkozy et ses amis inventeront une nouvelle franchise !
À quelques jours du débat parlementaire, avec le refus de payer pour les riches et les boursicoteurs, la mobilisation et la résistance populaire nationale s’installent réellement. À la manifestation nationale du 13 octobre, pour la santé au travail, à l’initiative de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath) et de l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva), nous serons, toutes et tous ensemble, dans la rue, pour réclamer le retrait des franchises.
Marie-Pierre Lesur
* Rouge N° 2222, 11/10/2007.
Franchises médicales : premières ripostes
Réel succès national pour la journée du 29 septembre contre les franchises médicales. Ce n’est qu’un début.
Plus de 1 500 personnes à Paris, 1 000 à Toulouse (place du Capitole), 800 à Tarbes (dans la rue), 500 à Marseille, 1 000 à Grenoble, 400 à Guéret (manifestation), 250 à Annecy devant l’hôpital, 200 à Alençon (manifestation) : dans une cinquantaine de villes, le 29 septembre, des initiatives réussies contre les franchises médicales ont marqué cette première mobilisation de la rentrée sociale. Le Collectif national contre les franchises totalise plus de 20 000 personnes, ce qui peut permettre d’élargir l’action, de consolider l’unité et d’affaiblir encore plus cette mesure, rejetée à 70 % dans l’opinion publique. En Midi-Pyrénées, huit présidents de caisses primaires d’assurance maladie (CPAM) expriment leur opposition. Six associations de malades (Aides, Vaincre la mucoviscidose, Jeunes solidarité cancer, Fédération nationale des insuffisants rénaux, des malades atteints de scléroses en plaques, et Europa Donna pour le cancer du sein) dénoncent les conséquences des franchises pour des malades qui en sont déjà largement de « leur poche » (jusqu’à 1 000 euros annuels).
À Paris, au gymnase Japy, ce samedi 29 septembre, badges et drapeaux ont témoigné de la grande diversité de l’assistance, attentive et respectueuse. Le professeur Grimaldi, diabétologue à la Pitié-Salpêtrière, a démonté un à un les arguments favorables aux franchises : la promesse qu’elles n’augmenteraient pas ; qu’elles financeraient le plan Alzheimer ; les prescriptions inutiles ; les « abus » et le fameux « trou de la Sécu ». Pierre Volovitch, économiste (et membre d’Attac), a décrit les inégalités sociales dans la santé. L’espérance de vie d’un cadre supérieur dépasse de sept ans celle d’un ouvrier. Les pathologies touchant les plus pauvres sont plus lourdes et socialement transmissibles : l’obésité frappe dix fois plus les enfants d’ouvriers que les autres. On peut connaître l’appartenance sociale d’un enfant en regardant l’état de sa dentition. D’un département à l’autre, la proportion de médecins spécialisés par habitant varie de un à quatre.
Des messages de soutien émanant de différentes organisations et partis politiques ont été lus (Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet...). Les prises de parole les plus émouvantes sont venues de la salle : tel militant d’AC ! soulignant le rôle vital de la Sécu pour les chômeurs, telle représentante d’une association de malades venant dire les effets immédiats qu’auraient les réformes annoncées. Le collectif national va débattre des suites de la journée. D’ores et déjà, il appelle à assurer le succès de la manifestation nationale du 13 octobre, pour la santé au travail, à l’initiative de la Fédération nationale des accidentés de la vie (Fnath) et de l’Association de défense des victimes de l’amiante (Andeva). La CGT, la FSU, Solidaires participent à cette manifestation et y ajoutent la dénonciation des franchises. Une mobilisation s’imposera aussi lors du débat parlementaire autour du 18 octobre.
Dominique Mezzi
– Toutes les informations sur le site du Collectif national contre les franchises :
http://www.contre-les-franchises.org/
http://www.contre-les-franchises.org/
* Paru dans Rouge n° 2221 du 4 octobre 2007. Avec correspondants.