Quelques semaines seulement après l’écrasement brutal des manifestations en
Birmanie, c’est au tour de la population du Pakistan d’être confrontée à la
répression militaire. Depuis samedi dernier, ce pays de 160 millions
d’habitants vit sous l’état d’urgence décrété par le président et général
Pervez Musharraf. Celui-ci, parvenu au pouvoir en 1999 grâce à un coup
d’état, venait de se faire confier par le Parlement un nouveau mandat de
cinq ans.
D’après plusieurs sources, la proclamation de l’état d’urgence aurait
empêché la Cour constitutionnelle de déclarer illégale sa réélection. Ainsi,
depuis, samedi passé, plus de 3500 opposants auraient été arrêtés. Depuis
samedi, plusieurs manifestations ont été violemment réprimées par l’armée et
la police, et des rumeurs –hélas crédibles- font état de meurtriers passages
à tabac dans les prisons.
Depuis samedi, les avocats descendent dans la rue. Plus de cinq cent d’entre
eux auraient été arrêtés. Fort du soutien des avocats montés en première
ligne, le juge de la Cour suprême Iftikhar Muhammad Chaudhry a exhorté ses
compatriotes à "porter à travers tout le Pakistan ce message : le temps est
venu de se sacrifier« . »N’ayez pas peur. Dieu nous aidera et le jour viendra
où nous aurons vraiment une Constitution suprême et plus de dictature pour
longtemps", a-t-il assuré.
Jusqu’à très récemment, c’est par le gouvernement des Etats-Unis que
Musharraf était soutenu. En avril, George W. Bush lui rendait visite. C’est
depuis la capitale pakistanaise, Islamabad, et en compagnie du
général-président, qu’il dénonçait la « tentation atomique » de l’Iran,
alors que personne n’ignore que, en dépit du traité sur la non prolifération
des armes atomiques, le Pakistan dispose de la bombe nucléaire. Aujourd’hui,
alors que les protestations contre le coup d’Etat de Mushararf sont
générales, l’administration Bush semble prendre ses distances.
Pièce importante dans la stratégie de Bush au Moyen-Orient -mais aussi son
point faible au vu des appuis limités dont il dispose dans son propre pays-,
Musharraf était l’un des rares invités « extérieurs » du sommet du G8 en
juin à Rostok. Il y était pour discuter de la stratégie des puissances
impérialistes en Asie centrale.
Est-ce en raison de ce rôle clé que le Conseil fédéral a autorisé, en
décembre 2006, l’exportation de canons et de systèmes de surveillance
militaire suisses en direction du Pakistan pour un total de 136 millions de
francs ? En tous les cas, cette autorisation relève d’une complicité avec une
dictature.
La complicité du gouvernement suisse ne saurait être celle de toutes celles
et tous ceux qui habitent dans ce pays.
C’est pourquoi les associations et organisations soussignées vous invitent à
participer à un
Rassemblement public
Pour la levée immédiate de l’état d’urgence au Pakistan
Pour la libération de tous les prisonniers politiques
Pour l’arrêt de la collaboration militaire avec le gouvernement de Musharraf
Pour le blocage immédiat des livraisons de canons et de systèmes de
surveillance suisses au Pakistan
Lundi 12 novembre à 18 heures
à la zone piétonne du Mont Blanc
(sortie de la gare de Cornavin)
ATTAC Genève, Collectif Urgence Palestine, Comité pour l’annulation de la
dette du Tiers Monde, CETIM, Groupe pour une Suisse sans armée, Gauche
anticapitaliste, solidaritéS