L’ONU continue de sonner le tocsin. Jan Egeland, coordonnateur des secours d’urgence, relève amèremente que « le nombre des morts, des blessés, des sans-abri ne cesse d’augmenter ». Les problèmes logistiques sont particulièrement ardus, vus notamment l’altitude, l’état du terrain, l’arrivée de l’hiver... Ainsi, son organisation évalue à 550 millions de dollars le budget dont elle a dans l’immédiat besoin. Après le tsunami, « les Nations unies avaient réuni 80% des fonds requis en dix jours ». Or, aujourd’hui, « au Pakistan, à l’inverse, près d’un mois plus tard, 22% des fonds demandés pour les secours d’urgence ont été réunis. A une époque où le monde n’a jamais été aussi riche (...), il n’y a pas d’excuse pour l’inaction ».
La responsabilité des Etats -dont l’Union européenne- est d’autant plus engagée que nul ne peut pallier à leur déficience. Le Programme alimentaire mondial (PAM) doit louer les hélicoptères dont il a besoin -et ne possède, pour ce faire, que le tiers de la somme requise. L’OTAN pourrait pourtant lui prêter gratuitement ses engins pour une mission civile, ce qui éviterait du même coup l’ambiguïté politique d’une intervention militaire occidentale dans une zone aussi sensible que le Cachemire ; mais tout se monnaye. Les budgets des organismes de l’ONU chargés de la santé (OMS), de l’enfance (Unicef) ou des migrants (OIM) ne sont pas mieux dotés (voir les éditions du Monde datées du 4 et du 5 novembre derniers). Les mesures d’annulation des dettes restent pour l’heure dans les placards.
Il nous faut sans relâche rappeler la responsabilité des Etats, à commencer par celle des nôtres. Mais nous devons aussi soutenir l’action des organisations populaires au Pakistan et au Cachemire. En ce domaine au moins, notre propre responsabilité est elle aussi engagée : il s’agit d’apporter une aide financière à notre échelle. Une aide qui contribue effectivement à soulager des souffrances tout en renforçant la capacité d’auto-organisation des populations concernées —comme la capacité d’action des réseaux militants de terrain, ce qui est un gage de durée. Un soutien, de plus, fournit à des mouvements qui agissent au nom de valeurs solidaires dans une région où la politique des classes dominantes attise les conflits intercommunautaires. Un tel engagement donne contenu et sens politique à cette solidarité internationale dans laquelle nous nous reconnaissons.
Diverses organisations mènent au Pakistan des actions progressistes. Pour notre part, nous envoyons l’aide que nous collectons à la Labour Relief Campaign (que l’on pourrait traduire par « Secours ouvrier » ou « Secours populaire »), initiée notamment par la Fondation d’Education ouvrière (voir les appels mis en ligne sur notre site).
Le « Secours populaire » déploie son action sur plusieurs plans. Il veut contribuer à la coordination des initiatives engagées par les organisations progressistes. Il a formé une équipe féminine qui intervient sur le terrain (soins). Il assure l’envoi de médicaments, nourriture, vêtements et tentes : onze camions ont déjà été affrétés et ont rejoint la région de Balakot. Il a commencé la construction de cent habitations élémentaires (pour des familles de 8 à 10 personnes) dans l’un des villages les plus délaissés, Nakar. Ce choix a été effectué avec le Citizen Relief Committee Kashmir (Comité de secours citoyen, Cachemire). Priorité est donnée sur place aux femmes et aux familles les plus pauvres dont les maisons ont été totalement détruites. La construction devrait être achevée d’ici à la fin novembre pour offrir des abris en dure avant l’arrivée des froids hivernaux contre lesquels les tentes sont de peu d’utilité. Point très important, cette initiative est menée en concertation et avec la participation active de la population concernée. La municipalité offre les terrains, les habitants assurent les travaux et le Secours populaire fournit les matériaux.
Au Pakistan même, la Labour Relief Campaign a levé des fonds (pour des milliers de dollars) et a obtenu un important prêt d’Action Aid pour engager les travaux de construction. Sur le plan international, leur initiative est soutenue par un éventail d’organisations et de particuliers dans divers pays. C’est, par exemple, le cas en Suède de la fondation Olaf Palme et des plusieurs syndicats. C’est aussi le cas d’organisations politiques comme la LCR en France, le Parti socialiste écossais (SSP), le DSP australien... C’est encore vrai de personnalités comme l’écrivain anglo-pakistanais Tariq Ali.
En France, Europe solidaire sans frontières (ESSF) a déjà effectué un premier virement de 7000 dollars (6000 euros). Nous remercions vivement toutes celles et tous ceux qui nous ont envoyé des contributions « Pakistan ».
La campagne d’aide financière se poursuit. Nous préparons un second transfert de fonds.
Dons financiers à envoyer à l’ordre d’ESSF.
Chèques (payables en France) à envoyer à ESSF, 2 rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil.
Virement effectués en France : Banque : 30002, Indicatif : 00525, n° de compte : 0000445757C, Clé : 12
Virements internationaux :
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